SCHINDLER'S LIST
Un film de Steven Spielberg, réalisé en 1993.
Avec Liam Neeson, Ben Kingsley, Ralph Fiennes et Caroline Goodall.
Inutile de préciser à quel point le génocide des juifs par les nazis touche Steven Spielberg, lui-même juif. Ainsi, lorsqu'en 1993, celui-ci décide de s'attaquer à ce qui est clairement l'un des films les plus ambitieux qu'il ait fait, il s'attaque à un récit particulièrement intimiste et à un de ses meilleurs films, si ce n'est pas le meilleur : si vous voulez mon avis, La liste de Schindler atomise les doigts dans le nez tous les films que papy Spielberg à pu faire dans sa carrière, évidemment ce n'est qu'un avis personnel et pour cette chronique je tenterai d'être un peu plus objectif. La Liste de Schindler conte, à travers un film de plus de 3h, l'histoire d'Oskar Schindler, brillament interpreté par Liam Neeson qui trouve ici un de ses meilleurs rôles, un industriel membre du Parti Nazi qui parvint à sauver 1100 juifs. Intégralement tourné en noir et blanc, à l'exception de la fin du film et le manteau d'un personnage, La liste de Schindler est une oeuvre violente et dérangeante, maintes et maintes fois copié, notamment dans Le pianiste de Roman Polanski qui ne parvient toutefois pas une seule seconde à égaler le génie de Spielberg, dont les scènes finales font partie des moments les plus émouvants jamais vus sur un écran, rien que ça.
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La première chose remarquable lorsqu'on regarde La Liste de Schindler, c'est que Steven Spielberg prend tout son temps pour poser les bases de son récit : le dernier personnage principal du film, Amon Goeth, un colonel nazi qui est au passage un véritable enculé, joué par Ralph Fiennes, n'arrive qu'a la fin de la première heure du film, pourtant, malgré ses 3h, La liste de Schindler ne s'essoufle pas une seule seconde, au contraire, la tension dramatique va crescendo, un soin méticuleux est accordé à chaque personnage. Le scénario est complexe et pourtant si simple à comprendre et à saisir dans ses moindres détails, le film glisse tout seul et l'immersion demeure, le tout pendant 3 heures, en partie grâce à des acteurs qui récitent leurs répliques comme si leur vie en dépendait et donnent le meilleur d'eux-mêmes, mention spéciale à Liam Neeson qui livre une géniale prestation, très émouvante et Ben Kingsley que l'on ne reverra plus jamais dans un film intéréssant (il a eu un rôle dans Shutter Island mais ne l'ayant pas encore vu difficile pour moi de me prononcer) qui livre une prestation absolument terrible. D'ailleurs, le scénariste ne tombe pas dans l'erreur facile de faire évoluer son personnage principal de manière radicale : Oskar Schindler, à la base un industriel qui n'en a absolument rien à niquer des juifs et qui ne les engage que pour la main d'oeuvre bon marché devient petit à petit une personne attaché à ces derniers et qui utilise ses relations dans la hiérarchie nazie pour en sauver un maximum. Ainsi, en dehors du fait qu'Oskar Schindler ait vraiment existé et que cette histoire soit vraie, il y a pourtant une symbolique importante derrière ce personnage, en effet, il est dit plusieurs fois par ce dernier que "La guerre font sortir les mauvais côtés de l'homme", pourtant la guerre n'a fait ressortir que ses bons côtés : Oskar Schindler représente la rédemption, Liam Neeson prend possession du rôle de manière magistrale et participe en grande partie à faire de La Liste de Schindler un drame historique d'une intensité extrêmement rare.
Heureusement, le film ne repose pas sur les épaules de ses acteurs, aussi géniaux soient-ils, en effet, la réussite de La Liste de Schindler est surtout due à la qualité et à la richesse de son screenplay et à la réalisation terrible de Steven Spielberg : celui-ci livre un récit ultra-violent, certes atténuée par l'utilisation du noir et blanc, cependant la violence n'est pas seulement physique mais aussi psychologique. Il montre en effet avec brio l'horreur du génocide, pour cela, Spielberg est le plus crevard possible, je pense notamment à la scène de la liquidation du ghetto ou le réalisateur prend environ 20 minutes pour montrer la chasse des quelques juifs cachés dans le ghetto par les nazis, ou encore à la surprenante scène des douches à Auschwitz... On note aussi quelques trucs franchement dégueulasses, comme ce gamin, qui lors d'un rassemblent dans un camp de concentration, n'a d'autre choix que se planquer dans les chiottes des prisonniers... La Liste de Schindler ne brosse pas dans le sens du poil et peut donc choquer, pour autant si le film est un monument cinématographique c'est surtout en raison de sa fin... Bien que le film en lui-même soit énorme, qu'il tienne en haleine le spectateur pendant 3 heures, c'est surtout lorsque la tension redescend que le film prend toute son ampleur : ainsi, même les plus insensibles d'entre nous se surprendront à lacher des larmes en même temps qu'Oskar Schindler lorsque celui-ci devra fuir et abandonner ses amis juifs et encore pire lorsque les survivants de l'holocauste, sauvés par ce dernier, défileront un par un, accompagné des acteurs qui les ont incarné, pour poser une pierre sur la tombe de leur sauveur... Le tout accompagné par la musique à chialer de John Williams qui donne à ce film une ambiance pessimiste au possible.
Alors voila moi je vous le dis honnêtement, La liste de Schindler est l'un des rares films ou j'ai du me retenir me pleurer (les trois autres étant 24 heures dans la nuit, Million Dollar Baby et Elephant Man), une oeuvre d'une intensité extrême, servie par des acteurs génialissimes (même si bon ca fait bizarre l'accent british de Ralph Fiennes alors que c'est censé être un gros enfoiré de nazi, on va pas chipoter pour si peu non?)... A voir et à revoir, personnellement je ne m'en lasse pas... Un chef d'oeuvre absolu, un des meilleurs Spielberg... La classe.
-Ze Ring-