VIOLENT COP
RÉALISÉ PAR | TAKESHI KITANO.
SCRIPT ORIGINAL ÉCRIT PAR | HISASHI NOZAWA ET RÉ-ÉCRIT PAR | TAKESHI KITANO.
PRODUIT PAR | SHOZO ICHIYAMA, AKINORI KURODA, TOSHIO NABESHIMA, KAZUYOSHI OKUYAMA ET TAKIO YOSHIDA.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | DAISAKU KUME.
TAKESHI KITANO | Azuma.
HAKURYU | Kiyohiro.
MAIKO KAWAKAMI | Akari.
MAKOTO ASHIKAWA | Kikuchi.
Azuma, un policier violent (Takeshi Kitano) est aux prises à la fois avec sa hiérarchie et un gang dirigé par le truand Kiyohiro (Hakuryu).
Premier film de Takeshi Kitano en tant que réalisateur, qui s'était déja illustré par des performances d'acteurs incroyables dans des films tels que MERRY CHRISTMAS, MR. LAWRENCE (plus connu sous le nom de FURYO en France.) de Nagisa Oshima, VIOLENT COP est une oeuvre importante dans le sens ou, avec le TETSUO de Shinya Tsukamoto, elle a permis a un nouveau cinéma japonais de s'imposer en 1989, époque à laquelle, je le rappelle, le cinéma japonais était sur le déclin, les grands maitres qui en avaient fait la gloire ne tournant plus autant qu'avant voire plus du tout... Un de ces grands maitres, Kinji Fukasaku, qui s'était illustré dans les années 70 en réalisant bon nombre de yakuza eiga et qui à notamment influencé Quentin Tarantino et John Woo, était le premier réalisateur destiné à faire ce VIOLENT COP, polar classique dans lequel Takeshi Kitano devait prendre le premier rôle, seulement voila Fukasaku tombe malade avant le tournage et c'est Takeshi Kitano qui doit réaliser le film à sa place, il reprend le script original de Hisashi Nozawa et fournit un travail important de ré-écriture. D'une histoire policière classique, VIOLENT COP devient un polar sur un flic taciturne, solitaire et à contre-courant mais surtout VIOLENT COP devient le reflet des nombreuses obsessions de Beat Takeshi. VIOLENT COP, A.K.A le premier film d'un des plus grands réalisateurs que le cinéma ait connu.
Seulement voila, même si VIOLENT COP est un film important dans la filmographie de Takeshi Kitano dans le sens ou toutes ses obsessions y sont abordées, la plupart sont à peine survolées. L'enfance, élément central de la plupart des films du maitre, est ici à peine effleurée, à l'opposé, la violence sèche et froide qui à fait en partie le succès de l'oeuvre de Kitano atteint ici un paroxysme incroyable, à ce titre VIOLENT COP est avec ANIKI, MON FRERE et ZATOICHI le film le plus hardcore du cinéaste, se permettant des excès de violence absolument incroyables, VIOLENT COP est le film le plus brutal de Takeshi Kitano, en effet, si les deux autres films du bonhomme cités précédémment sont aussi violents visuellement, ils sont plus faciles à digérer dans le sens ou on n'y trouve beaucoup d'humour et d'émotion, dans VIOLENT COP, il n'y a rien de la sorte, c'est d'ailleurs sans doute un des défauts du film, celui d'être assez impersonnel dans la mesure ou l'émotion et l'humour propre à l'oeuvre de Kitano sont ici absents, à l'exception d'une scène à pisser de rire ou Kitano, qui joue ici un gros crevard, colle un coup de savate intergalactique à un type qui dévale ensuite les escaliers comme un abruti... En dehors de cette scène, la violence du film prend le pas sur le reste, des fois pour le mieux (la fusillade de fin dans l'entrepot, monument de mise en scène et de violence), d'autres fois pour le pire (cette scène ou Kitano baffe un type pendant dix minutes, long, et il faut l'avouer, chiant, en plus de ne pas tellement servir le scénario.). Vous l'aurez compris, VIOLENT COP n'est pas le meilleur film de Kitano, au contraire c'est très certainement son moins bon film en plus d'être certainement le plus vide (même GETTING ANY? qui est pourtant assez pourri peut au moins se targuer de faire mourir de rire.), qui plus est, il est assez inégal, la faute peut-être a la surprise que Kitano à sans doute eu lorsqu'il s'est retrouvé à la caméra, ou la faute peut-être au fait que le scénario contient autant de scènes réécrites par Kitano que d'autres écrites par Nozawa (qui n'a au passage rien fait d'intéréssant à part ce film.), malheureusement, et ça, c'est un peu plus inattendu, cette inégalité se ressent également dans la mise en scène.
En effet, si certains passages de ce film, comme la fin, sont incroyablement mis en scène, d'autres sont ruinés par une réalisation parfois légèrement mollassonne, comme cette très très très longue poursuite ou il ne se passe rien d'intéréssant, bref, si certains moments du film sont incroyables, d'autres auraient largement gagné à bénéficier d'un meilleur traitement, en effet si l'absence d'émotion et d'humour est regrettable, ce défaut aurait pu être largement compensé par une mise en scène plus en accord avec le film, c'est-a-dire plus sèche, plus violente, mais peut-on réellement regretter le fait que Kitano essaye de faire pour la première fois ce qui fera la grace de son cinéma? En un sens oui, puisque ce VIOLENT COP est un semi-échec, en un sens non, il me semble tout de même qu'en tant que premier film d'un homme qui est également loin d'être un cinéphile (Kitano n'a vu que très peu de films dans sa vie, et avant de faire du cinéma il aspirait à être comédien.) VIOLENT COP s'en tire avec les honneurs, en effet, Kitano, si par moments fait légèrement nimporte quoi, d'autres sont purement incroyables et surtout, on retrouve pour la première fois Kitano dans un rôle qui le convient légèrement... A ce titre, Azuma, son personnage, est un véritable crevard, qui tape et qui tire sur tout le monde et qui d'ailleurs n'est pas sans évoquer L'INSPECTEUR HARRY, bref, c'est un badass mother fucker comme on les aime, et Kitano livre une interprétation de qualité. Comme toujours quasi-muet, en retrait, il explose lors de scènes de violence incroyables, et interprète à la perfection cette première esquisse de son personnage fétiche, personnage emblématique que l'on retrouvera dans la majorité de ses autres films...
Seulement voila, si dans HANA-BI ou dans ANIKI, MON FRERE, certains éléments permettaient de s'attacher à ce personnage taciturne et violent, ici ce n'est pas le cas, ainsi lorsque, fidèle à ses habitudes, Kitano s'en va niquer tout le monde, tiraillé entre l'envie de mourir et l'envie de tuer, on ne lache pas la larme qu'on est habitués à lacher devant les films du bonhomme, la faute également à une froideur trop exacerbée et à une lenteur qui nuit gravement au rythme du film, en effet, VIOLENT COP ne commence réellement qu'au bout de 45 minutes et beaucoup, dont moi, auront largement décroché avant cela, le film est beaucoup trop lent pour être divertissant et l'inégalité dans la mise en scène empêche le tout d'être captivant malgré tout, pourtant si le film ne pète pas très haut il n'en est pas pour autant entièrement pénible, on y trouve en effet des merveilles en termes d'écriture et d'interprétation. Kitano, comme d'habitude, brille, et le monolithique Hakuryu (le porte-flingue dans HANA-BI) remplit largement son contrat, à ce titre son personnage est carrément inquiétant. Tueur sans émotion, sans pitié et sans remords, il ne montre aucune émotion et se contente de faire son travail avec la brutalité qui va avec, au même titre que le personnage d'Azuma à vrai dire... Et c'est la que VIOLENT COP fait réellement penser à L'INSPECTEUR HARRY, c'est qu'il s'agit en réalité d'une oeuvre sur l'incompétence et la corruption de la police, tous étant soit incapables de faire le boulot (en témoigne cette scène ou toute une équipe de flics se fait défoncer à coups de savate par un pauvre type.) soit corrompus (en témoigne la toute dernière scène...). Parmi eux, se dresse Azuma, flic violent qui utilise les même moyens violents que les criminels qu'il affronte, un enfoiré en somme, mais qui est sans doute le meilleur de tous... Un portrait inquiétant de la police qui aurait pu être encore plus intéréssant si Fukasaku avait réalisé le film, en effet le message sous-jacent du film est loin d'être la préoccupation centrale de Kitano qui se concentre davantage sur les thèmes qui l'intéressent : l'enfance et l'amour, bien que survolés, la violence de son cinéma et les yakuzas.
Malheureusement, en tentant de faire un film sur les yakuzas, Kitano se perd dans une enquête policière loin d'être intéréssante et perd le rythme de son film... Ainsi lorsque le film commence vraiment, on se surprend à ne toujours pas accrocher à ce VIOLENT COP, enchainement de tueries toutes plus violentes les unes que les autres mais qui n'apportent rien de très intéréssant, à ce titre le rythme du film est tellement monotone que la fin, explosion de violence inattendue, semble sortir de nulle part, la faute à une construction dramatique absente, heureusement, parmi ces erreurs de construction, on retrouve des dialogues finement écrits et une bande-son intéréssante même si ça ne vaut clairement pas Joe Hisaishi... Et comme je le disais avant de partir sur autre chose, des acteurs intéréssants, on retrouve entre autres dans le rôle de Nito le bad guy de ZATOICHI et Makoto Ashikawa, acteur secondaire certes mais qui livre chaque fois des performances intéréssantes, malgré tout on est quand même loin du trio de choc Kitano - Osugi - Terajima et VIOLENT COP décevra donc encore une fois les fans de Kitano...
En somme, VIOLENT COP est un film inégal et légèrement ennuyeux... Malgré tout impossible de tout jeter dans ce film tant on y ouvre des scènes intéréssantes mais également une première esquisse des obsessions de Kitano. Dans VIOLENT COP, même si tout est loin d'être parfait, il y a tout ce qui fera la gloire du cinéma de Kitano, ainsi, même si le film est loin d'être un chef d'oeuvre, VIOLENT COP est une oeuvre indispensable pour tout fan de Kitano... Personnellement, j'ai vu le film deux fois et je suis assez mitigé mais certains moments sont pour moi un pur bonheur, et je sais que rien pour ces moments la je suis prêt à revoir le film une troisième fois. A voir donc, de toutes façons, si vous ne comprenez pas l'anglais ou le japonais, la seule possibilité pour vous de voir ce film est d'acheter le très rare et très cher coffret VIOLENT COP / KIDS RETURN (une tuerie) puisque le film n'existe pas en édition solo.
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