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ZE LORD OF THE RING
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24 juillet 2012

FAMILY PORTRAITS, A TRILOGY OF AMERICA

JAq
RÉALISÉ PAR
|
DOUGLAS BUCK
.
ÉCRIT PAR | DOUGLAS BUCK.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | EDWARD DZUBAK ET DAVID KRISTIAN.

NICA RAY | L'épouse (Cutting Moments)
GARY BETSWORTH | L'époux (Cutting Moments) / L'intégriste (Home)
SALLY CONWAY | La victime (Prologue)

Cutting moments s’intéresse à une famille sans histoire. L’autorité paternelle est forte, et ce dernier ne supporte pas la sexualité, et toise froidement sa femme chaque fois qu’elle tente de briser l’écrasante monotonie du quotidien. Peu de dialogues, mais une frustration latente qui s’accumule jusqu’à un final gorissime et métaphorique.
Home s’intéresse à un homme à l’enfance frustrée, écrasée par un père à l’autorité envahissante. On suit par étape sa vie, son mariage et sa vie de famille, toujours sous le signe de la frustration implicite.
Prologue s’intéresse à un violeur plusieurs années après ses méfaits, ainsi qu’à sa victime, qui revient reprendre sa vie dans le village de son enfance. Peu à peu, ces deux êtres vont à nouveau se rapprocher.

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Douglas Buck a fait une carrière d’ingénieur dans l’électricité. Il a supervisé une grosse installation dans un aéroport de New York, et a commencé là sa carrière de réalisateur. Il tourne en 1997 un moyen métrage, Cutting moments, et tournera l’année suivante Home. Il tournera un troisième moyen métrage, Prologue, en 2003. Ces trois films d’un peu plus d’une demi heure, réunis, ont donné l’œuvre FAMILY PORTRAITS, A TRILOGY OF AMERICA. Un véritable brûlot qui incendie la vie américaine en banlieue pavillonnaire, classique modèle de réussite tranquille où chacun a son confort personnel. Si Prologue s’en écarte, ses deux premiers films vont salement décrire les problèmes psychologiques de différents personnages vivant dans ces zones urbaines.

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Jusqu’auboutistes, sérieuses, sèches… Ces trois œuvres forment une trilogie de moyens métrages en tout point admirable, réussissant sur les plans de la symbolique et de la psychologie de chaque personnage. Si leur état d’esprit est mis en scène de façon outrancière (Cutting moments aura une conclusion pour le moins atroce et exagérée), il reste parfaitement compréhensible, toujours en pertinence avec le message illustré par le film. Résultat : on a vraiment des personnages épais en face de nous, pas des pantins qui accomplissent des actions immorales gratuitement. On distingue alors les thèmes que Douglas veut développer : l’autorité paternelle, toujours de mise dans ce genre de famille américaine, et ici complètement étouffante (la vision du couple américain est passablement sordide, vu qu’aucun sentiment positif ne semble émaner de l’entité paternelle, qui impose sa volonté et qui transforme ses enfants en une copie de lui-même). La frustration est aussi particulièrement bien exposée, représentée chez l’enfant, complètement autiste dans Cutting moments ou masochiste dans Home (et de la même façon chez le violeur en proie aux remords) par la flagellation ou la scarification, et chez les femmes par l’appétit sexuel insatisfait, sans que ce manque soit remplacé par quoi que ce soit (la religion, apparaissant dans Home, ne sert qu'à repousser le problème à plus tard). La famille n’est qu’un mot, elle ne représente en rien l’affection qu’elle sous entendait. Enfin, la destruction familiale (et sa lente reconstruction dans Prologue) est brillamment illustrée, de la façon la plus sournoise possible puisqu'elle se fonde sur les deux premiers thèmes cités (en tout cas pour Cutting moments et Home) pour finir, par accumulation, dans de véritables pétages de câbles. Les deux premiers moyens métrages, très cohérents, aboutissent tous dans une orgie de gore, surréaliste pour Cutting moments (où les parents, ayant ruiné leur existence, passent leurs dernières heures à se mutiler), affreusement plate pour Home (des cadavres dans le flou, du sang sur les murs, on n'a pas vu la violence, il n'en reste que les traces). La destruction est totale, la présence féminine est réduite à néant par le mépris masculin, l'enfant reproduit ce schéma de pensée, la structure familiale semble sans issue. Mais quelques années plus tard, après ces chefs d'oeuvre de destruction, Douglas Buck semble s'intéresser à la reconstruction.

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Il est toutefois nécessaire de souligner que le dernier film, Prologue, de loin le plus soigné au niveau des caractères, est très intéressant dans son approche des deux personnages qui tranche avec la mécanique des autres films. On peut même faire une comparaison grossière avec TERROR FIRMER, et sur la réaction de la victime en face du violeur. Le film passe en effet son temps à illustrer le comportement de 2 personnes. Un vieil homme qui a complètement perdu goût à la vie, qui se scarifie régulièrement et qui attend la mort. On comprendra alors qu'il a violé une gamine de son village avant de lui couper bras et de lui briser la colonne vertébrale. Comment se reconstruire après un traumatisme pareil ? C'est ce à quoi le film va s'intéresser, puisqu'il va filmer le retour de la jeune fille (désormais adulte) auprès de ses proches, et qu'il va, peu à peu, arranger un nouveau face à face. Sans parler de tension, l'anxiété grandit au fur et à mesure que les portraits s'épaississent, et finalement, c'est l'un des dénouements les plus subtils et les plus touchants que j'ai pu voir au cinéma qui nous est offert. La classe moyenne américaine semble aller très mal, et si on se focalise sur les points communs à ces trois moyens métrages, il s'agit probablement du silence. L'écrasement des femmes, l'acceptation passive de l'autorité paternelle et la solitude accablante qui imprègne chaque seconde de l'oeuvre (les repas de famille sont à se frapper la tête tant l'absence de communication les broie...). Que ce soit l'épouse qui se tait quand son mari entretient une relation incestueuse avec leur enfant (en hors champ) dans Cutting moments, un mari qui reste sourd aux demandes de sa femme dans Home ou la femme d'un violeur qui se mure dans le silence et finit par devenir folle dans Prologue, le silence mine tous les personnages de l'intérieur, les isolant des autres, et finissant carrément par les faire souffrir.

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Vraiment, si le ton des films reste lourd, sérieux et focalisé dans son illustration de l’envers de la médaille, il est d’une sincérité qui m’a vraiment bluffé, en plus de la baffe colossale qu’il procure au spectateur non averti. Mention spéciale dès lors à tous les acteurs, qui sont tous d’une justesse sobre alors qu’on a affaire à de parfaits inconnus. Vraiment, FAMILY PORTRAITS est un drame méchant, nihiliste pendant sa majeure partie, mais qui se conclut d’une manière admirable. Vraiment un des meilleurs drames qui ait jamais été tournés, et une démonstration remarquable des talents de Douglas Buck, qui nous offrira par la suite le magnifique remake de SISTERS et le tromatisant TERROR FIRMER.

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SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ AUSSI...

  • Le segment THE ACCIDENT de Douglas Buck dans THE THEATRE BIZARRE.
  • FAUX SEMBLANTS de David Cronenberg.
  • SEUL CONTRE TOUS de Gaspar Noé.

-JAMESLUCTOR-

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14 juillet 2012

THE GREAT DICTATOR

Jaquette
RÉALISÉ PAR
|
CHARLIE CHAPLIN
.
ÉCRIT PAR | CHARLIE CHAPLIN.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | CHARLIE CHAPLIN ET MEREDITH WILSON.

CHARLIE CHAPLIN | Adenoid Hynkel / Le barbier juif.
JACK OAKIE | Benzino Napoléoni.
REGINALD GARDINER | Schultz.

Dans le ghetto juif, vit un petit barbier qui ressemble énormément à Adenoid Hynkel (Charlie Chaplin), le dictateur de Tomania qui a décidé l'extermination du peuple juif. Au cours d'une rafle, le barbier est arrêté en compagnie de Schultz (Reginald Gardiner), un farouche adversaire d'Hynkel.

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 Avant toute chose, il est nécessaire de rappeler le contexte dans lequel a été réalisé THE GREAT DICTATOR, de et avec Charlie Chaplin, et sorti en 1940.
L'acteur-réalisateur produit le film juste avant la Seconde Guerre Mondiale. THE GREAT DICTATOR se veut être une satire du régime nazi.
D'ailleurs, le gouvernement d'Hitler fera pression pour que Charlie Chaplin abandonne la réalisation.
Mais le cinéaste ira jusqu'au bout de ses intentions. Mieux encore, THE GREAT DICTATOR reste le plus gros succès de son auteur.
A l'époque, la Grande-Bretagne résiste encore et toujours aux assauts nazis et lutte au nom de la liberté et de la démocratie.
Avec THE GREAT DICTATOR, Charlie Chaplin dénonce les dangers du nazisme, un régime autoritaire et meurtrier, qui menace non seulement les juifs mais également l'Humanité.
Au niveau du casting, on retrouve évidemment Charlie Chaplin dans un double rôle, celui d'un barbier juif et celui d'Adenoid Hynkel, le dictateur de Tomanie.
Mais Charlie Chaplin joue également la carte de la confusion puisque son personnage du barbier, donc encore une fois, un juif, ressemble à s'y méprendre à Hynkel. Le propos du film est pour le moins engagé et terriblement insolent.
Viennent également s'ajouter Jack Oakie, Paulette Goddard, Reginald Gardiner, Henry Daniell, Billy Gilbert et Grace Hale.
Jack Oakie interprète un certain Benzino Napoléoni, le dictateur de Bactérie. Son nom est la contraction de Benito Mussolini et de Napoléon.
Vous l'avez donc compris. THE GREAT DICTATOR n'est pas qu'une critique des régimes nazis et de sa menace grandissante à travers l'Europe et le monde.
D'une façon générale, le film dénonce les dangers des dictatures et des idéologies prônant la haine, la guerre et la supériorité de la race.
La Croix Gammée, symbole du parti nazi, n'apparaît pas dans le film, mais est remplacée par une double croix.
Pour l'anecdote, THE GREAT DICTATOR est le tout premier film du cinéma à évoquer explicitement le mot "juif". Inutile alors de préciser que THE GREAT DICTATOR sera interdit en Allemagne jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Le long-métrage ne sortira qu'en 1958. Même remarque pour l'Espagne qui projette le film en 1975 dans les salles.

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Autre anecdote : Charlie Chaplin et Adolf Hitler sont nés à quatre jours d'intervalle et deviendront les deux moustachus les plus importants du XXème siècle.
Que retenir de THE GREAT DICTATOR ? Difficile de répondre mais la fin du film, qui se conclut par le discours de Charlie Chaplin, est sans aucun doute le moment le plus important. "Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n'est pas mon affaire. Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne. Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible, juifs, chrétiens, païens, blancs et noirs…"
Vous l'avez donc compris : THE GREAT DICTATOR reste avant tout une oeuvre profondément humaniste. En vérité, Charlie Chaplin avait compris avant tout le monde le danger que representait le nazime pour le monde entier et pour l'Humanité.
Pour son réalisateur, THE GREAT DICTATOR marque également la rupture avec son personnage favori, donc, Charlot.
Il s'agit également du premier film parlant de Charlie Chaplin qui rompt avec le cinéma muet.

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Pourtant, sur la forme, THE GREAT DICTATOR ressemble beaucoup aux films muets de Chaplin. Plus que jamais, le réalisateur reste fidèle à son cinéma.
Charlie Chaplin s'approprie totalement le personnage de Hynkel, non seulement à travers des discours de haine et d'intolérance, mais également à travers une gestuelle travaillée, volontairement exagérée, le but étant de manipuler une foule sous le charme d'un dictateur zélé et moustachu.
Chaplin a donc parfaitement cerné la personnalité perverse, psychopathe et mégalomane de son dictateur. En même temps, le cinéaste s'en prend également à Napoléon et Benito Mussolini. Les dictateurs de notre monde moderne n'ont qu'à bien se tenir ! Mais pour en revenir à la séquence finale, Chaplin n'est plus le barbier juif ni Hynkel.
Chaplin devient juste lui-même le temps de quelques minutes pour signer un discours politiquement engagé. L'un des plus importants du XXème siècle et de toute l'histoire du cinéma. Immense film (et c'est peu de le dire) et une oeuvre magistrale.

SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ...

  • LES TEMPS MODERNES de Charlie Chaplin.
  • LE KID de Charlie Chaplin.
  • LA RUÉE VERS L'OR de Charlie Chaplin.

-ALICE IN OLIVER-

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