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ZE LORD OF THE RING
ZE LORD OF THE RING
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12 octobre 2012

THE LOVERS

Jaquette
RÉALISÉ PAR
|
TSUI HARK
.
ÉCRIT PAR | TSUI HARK, SHARON HUI ET SA-LONG HUI.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | JAMES WONG.

CHARLIE YEUNG | Chuk Ying-Toi.
NICKY WU | Luang Shan-Pak.
CARRIE NG | Mère de Ying-Toi.
ELVIS TSUI | Père de Ying-Toi.
SHUN LAU | Cheung-Kwai.

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Faire une chronique d'un de ses films préférés est toujours un exercice peu aisé. Un exercice que je compte toutefois entreprendre aujourd'hui avec cette chronique de THE LOVERS, qui, au fur et à mesure des revisions, s'impose de plus en plus à mes yeux comme l'un des meilleurs films jamais réalisés... Les lecteurs assidus du blog connaissent sans doute déja mon amour immodéré pour l'oeuvre fascinante du génial Tsui Hark, mais de toutes celles que j'ai pu chroniquer sur le blog, THE LOVERS reste de loin ma favorite. Pourquoi avoir mis tant de temps pour la chroniquer, me direz-vous? Et bien parce que je veux que ce film ait la chronique qu'il mérite, plus que ça, je veux qu'il ait la galerie d'illustrations qu'il mérite, et avant tout, je veux qu'il ait les spectateurs qu'il mérite, et non pas la poignée de visionneurs que touchent actuellement les films de Tsui Hark... C'est d'autant plus étonnant que THE LOVERS, au même tître que les autres comédies du bonhomme, est une oeuvre s'adressant à absolument tous : petits, grands, vieux, femmes, hommes, en soit peu importe, c'est un film dont la portée est universelle et dont le mélange d'éléments cinématographiques qu'il propose rend encore plus accessible. Accessible dans une certaine mesure cependant, en effet, aussi universel soit-il, THE LOVERS attire souvent les foudres d'abrutis n'y voyant qu'un TITANIC du pauvre. Ceux-la n'ont rien compris. Pas besoin d'être un cinéphile particulièrement assidu pour le comprendre, THE LOVERS, derrière ses extérieurs comiques et quelque peu naifs, cache en réalité une profondeur, une noirceur et une subversion incroyable, faisant de ce grand divertissement une oeuvre d'une importance majeure pour le cinéma hong-kongais... Oui vous avez déja lu ça quelque part sur ce blog, mais que voulez-vous, Tsui Hark a encore frappé et c'est pas moins véridique que d'habitude!

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THE LOVERS reprend une légende chinoise célèbre, celle des amants papillons, histoire d'amour impossible mettant en scène une jeune fille qui se travestit en homme pour pouvoir étudier dans une école n'acceuillant que des élèves masculins. Bien évidemment, l'inévitable arrive et celle-ci tombe amoureuse d'un jeune homme la-bas, mais sa famille s'oppose et le tout part sérieusement en vrille... Cette histoire, qui avait déja été reprise au cinéma dans l'introuvable THE LOVE ETERNE est ici une base à la démarche de Tsui Hark, qui n'est ni plus ni moins que de retourner cette histoire sur sa gueule et s'en servir à ses avantages. Cette histoire quelque peu basique, Tsui Hark en fait très rapidement une chronique sociale sur les entraves à la sexualité dans la société hong-kongaise des années 90... En effet, à cette époque, et depuis longtemps avant ça, l'homosexualité était sévèrement punie par la loi. Une fois de plus, le maître ne laisse rien au hasard, et si en 1994 il se lance dans THE LOVERS, un projet qui en apparence dénote complètement avec le reste de son oeuvre, c'est parce qu'il a des choses à dire et d'autres à montrer qui elles s'insèrent parfaitement dans sa filmographie. Dans toute la première partie de son film donc, ce dernier s'acharne à démonter les contraintes sociales hong-kongaise en faisant de cette relation entre ces deux amants et de tout ce jeu de déguisement sexuel un rapport extrêmement proche de l'homosexualité. Subversif? Carrément oui, surtout quand on voit comment étaient traités les films traitant ouvertement du sujet à l'époque à Hong Kong (HAPPY TOGETHER n'a pas trainé avant de finir en Catégorie III), mais le propos du film est d'autant plus subversif que son sujet est traité de manière très subtile : au travers de tout un jeu de gags complètement débiles mais très ingénieux, Hark fait douter son personnage sur sa propre sexualité et leur relation prend un tour d'autant plus ambigu lorsque celle-ci atteint son climax... Si, dans l'oeuvre originale, les deux amants s'embrassaient après que la féminité de Ying-Toi éclate au grand jour, ici, Shan-Pak se jette corps et âme dans cette relation ambigue et ce avec la certitude que son compagnon est un homme... Le propos ne peut être plus clair : l'amour va bien au-dela des contraintes sociales, qui ne sont pour Tsui Hark que des futilités qui bloquent les hommes dans un cadre trop ridige. Il le démontre encore plus clairement dans sa deuxième partie, bien plus sombre et pessimiste, mais en même temps encore plus optimiste dans son propos que le reste du film. Et lors de ce plan final magnifique, lors de la transformation imagée des deux amants en papillons (quelle ironie quand on sait que Tsui Hark avait réalisé THE BUTTERFLY MURDERS 15 ans plus tôt) que Tsui Hark va encore plus loin dans son propos : l'amour n'a aucune limite, rien ne peut l'arrêter et rien ne peut l'entraver... Un message simple voire naïf mais puissant, et traité avec une telle force et une telle subtilité qu'il ne peut qu'être bouleversant.

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Il est souvent reproché à THE LOVERS la prétendue naïveté de son message, renforcée par ailleurs par une première partie dont l'aspect comique omniprésent n'évitera pas de déranger certains (il faut être honnête, l'humour hong-kongais n'est pas fait pour tout le monde), mais en soit, peut-on vraiment qualifier de naïve une idée aussi forte? Peut-être celle-ci ne s'insère pas vraiment dans notre réalité, mais la force de la démarche de Tsui Hark est la : il ne questionne pas, il répond a des problèmes épineux, et la réponse qu'il donne à celui-ci, c'est celle-la : si nous n'étions pas bloqués par des contraintes sociales, familiales, politiques (Hark les démonte une par une dans le film), si nous laissions libre cours à nos désirs, alors il n'y aurait plus de limite a ce que l'homme pourrait accomplir. Un constat très réaliste, bien que rêveur, se cache donc derrière cette idée supposée naïve, d'ailleurs bien illustrée par ces papillons, qui selon la chanson principale du film, peuvent aller au-dela des villes et au-dela des montagnes... Vous l'avez compris, Hark ne laisse strictement rien au hasard, et ceux qui croyaient qu'il n'était bon qu'a foutre le bordel et le chaos à l'écran (comme il le fait magnifiquement dans THE BLADE et TIME AND TIDE) risquent de réviser leur opinion a la vision de ce THE LOVERS, oeuvre révolutionnaire par son audace subversive mais aussi par sa construction irréprochable et ses visuels sublimissimes que même la basse qualité de la copie originale (la conservation des films n'a jamais été la spécialité des hong-kongais.) ne parvient pas à entacher. Tsui Hark laisse en effet ici libre cours à son génie visuel mais l'applique d'une façon très différente de celle a laquelle il nous a habitué... Ici, au lieu de participer au chaos ambiant, les visuels participent à reconstituer l'harmonie et a la grâce naturelle au milieu de laquelle les protagonistes évoluent. A travers des visuels très poétiques, Hark montre l'évolution d'une relation a la base harmonieuse qui évolue pour devenir tumultueuse au fur et a mesure qu'une société bridée (pardon x) ) s'y oppose. Décors majestueux, costumes superbes, magnifiques éclairages colorés... C'est simple, THE LOVERS, malgré les défauts de son support technique (le DVD HK VIDEO est ceci dit impeccable, comme d'habitude) s'impose très vite comme une des oeuvres les plus abouties visuellement jamais réalisées. Hark filme la beauté de la nature et de l'amour aussi bien qu'il met en scène la violence et la crasse et le résultat est tout simplement époustouflant : de la constitution des plans irréprochable au montage sidérant, tout est fait ici d'une main de maître et est soutenu prodigieusement par la bande-son magnifique de James Wong, double musical du maître qui lui permet de revenir directement aux origines cinématographiques de cette légende chinoise : l'opéra. Véritable opéra filmé, THE LOVERS entraine son spectateur dans son rythme grâce à la symbiose parfaite entre les images et la musique, qui retranscrit autant que les visuels les émotions des personnages et l'harmonie ou le chaos des lieux différents dans lesquels ils évoluent.

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Au-dela du tour de force technique et artistique que Tsui Hark construit, ici, ce qu'on retiendra le plus c'est avant tout la puissance émotionnelle du film. Véritable baffe intergalactique, THE LOVERS vous fera chialer comme une petite fille pendant 1 heure et demi et vous laissera K.O. longtemps après. Tsui Hark enchaine les scènes d'une puissance poétique incroyable, et mêle à ses visuels incroyables une histoire poignante qui n'aura de cesse de vous émouvoir jusqu'a son final apocalyptique et bouleversant. Cette force émotionnelle, le film le doit avant tout à la maîtrise incroyable des registres de Tsui Hark, qui en l'espace de deux plans passe d'une tonalité comique a une tonalité profondément tragique. En effet, pendant sa première heure, Hark s'éclate littéralement à mettre en scène divers quiproquos, jeux de déguisement, et gags débiles hautement comiques pour finalement faire revenir ses personnages sur Terre dans une deuxième partie sombre, nihiliste et déprimante... Ce changement brutal de ton étonne, et une fois de plus, on sera surpris de voir à quel point Hark parvient à faire fonctionner au sein d'une même oeuvre deux choses qui peuvent paraître absolument incompatibles. Mais avant tout, ce changement de ton soudain et brutal, ce passage de la poésie de la première heure a la dureté et au tragique de sa deuxième rend le film encore plus bouleversant qu'il ne l'est déja. Un tour de force? Carrément oui, surtout en regard de la limpidité et de la fluidité de la narration, qui n'oublie aucun de ses personnages, les exploite à très bon escient et avance à un rythme régulier et maîtrisé. Cette narration, magnifiée par le traitement poétique qu'Hark y apporte, en plus de témoigner d'une maîtrise cinématographique rarement égalée, s'avère également être très équilibrée dans son jeu avec les différents registres et s'impose, de minute en minute, comme véritablement incroyable. Hark et ses scénaristes évitent sans aucun problème tous les pièges inhérents à ce genre d'histoire : miévrerie et niaiserie ne sont vraiment pas de la partie et le peu de niaiserie que l'on trouve dans ce bijou est très agréable et rafraichissant... Hark dose parfaitement chaque élément de son scénario, cependant, il ne faut pas cacher que THE LOVERS demeure un film quelque peu exigeant par son jusqu'au boutisme. En effet, il va jusqu'au bout dans tout ce qu'il entreprend. Son aspect comique plaira donc, ou ne plaira peut-être pas, mais en soit peu importe, cela relève de l'appréciation personnelle et ceux qui sauront apprécier cet humour particulier se trouveront face à un chef d'oeuvre absolu de grande ampleur. Au milieu de toute cette maîtrise, on trouve également des acteurs talentueux. Nicky Wu et Charlie Yeung, interprétant les amants papillons, trouvent ici leur premier et meilleur rôle. Tout comme le film, ceux-ci passent d'un registre à l'autre en un clin d'oeil et se montrent capables d'être très drôles comme ils se montrent capables d'être émouvants. Ils donnent vie a leurs personnages avec talent et animent le récit entier par leur présence et la qualité de leur interprétation. Admirablement dirigés, ces acteurs, qui en sont a l'époque pourtant à leur premier film, s'en sortent clairement avec les honneurs.

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Vous l'aurez compris, THE LOVERS c'est pas nimporte quoi. C'est une oeuvre audacieuse au propos subversif dans laquelle Tsui Hark fait preuve d'une maîtrise du langage cinématographique tout simplement incroyable. Tout y est magnifique : les acteurs sont excellents, la musique est magnifique, le scénario est superbement écrit et le film est parmi les plus beaux visuellement jamais réalisés... Seuls les trop cyniques pourront passer à côté de ce bijou, véritable révolution artistique d'une inventivité incroyable et d'une puissance inégalable. Si vous croyez que vous ne pleureriez jamais à la vision d'une comédie romantique, alors vous savez ce qu'il vous reste à faire : regardez THE LOVERS, qui se range haut la main parmi les oeuvres les plus bouleversantes jamais réalisées en plus d'être certainement une des meilleures comédies de tous les temps. Un chef d'oeuvre absolu, tout simplement. Mais les images parlent mieux que les mots et pour cette raison, je vous invite à cliquer sur le lien ci-dessous, pour accéder a la galerie complète que j'ai faite pour ce film... Enjoy!

CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER A LA GALERIE COMPLETE DU FILM

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SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ...

  • SHANGHAI BLUES de Tsui Hark.
  • PEKING OPERA BLUES de Tsui Hark.
  • DANS LA NUIT DES TEMPS de Tsui Hark.
  • GREEN SNAKE de Tsui Hark.

-ZE RING-

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Commentaires
B
Merci pour cette très belle critique d'un des meilleurs film de mon réalisateur préféré Tsui Hark
Z
Salut, effectivement ça fait une paye!<br /> <br /> Et oui, toujours dans le cinéma "différent" comme tu dis, et même de plus en plus! Chaque découverte en entraine d'autres, c'est sans fin et j'essaye d'en parler au maximum... Mais bon la je pédale dans la semoule au niveau de mes blogs, je suis en stand by total alors que je comptais faire la rentrée des blogs dernièrement, mais tout a disparu en même temps que ma clé USB malheureusement =/
F
Salut ! Ca fait un bail !<br /> <br /> Je vois que tu parles toujours de cinéma...différent. Ca fait plaisir de voir qu'il y a des choses qui ne changent pas ;)
F
Salut ! Ca fait un bail !<br /> <br /> Je vois que tu parles toujours de cinéma...différent. Ca fait plaisir de voir qu'il y a des choses qui ne changent pas ;)
Z
Merci! Ca a été un sacré boulot cette galerie mais je pense que ça valait le coup, si ça donne envie de voir cette perle filmique!<br /> <br /> Sans doute mon film préféré (ou en tout cas dans mon top 5) et son réalisateur est a ce jour mon réal favori. Si ça peut te conforter dans l'idée de le voir :p
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