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ZE LORD OF THE RING
ZE LORD OF THE RING
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Derniers commentaires
31 mars 2013

SWORDSMAN

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RÉALISÉ PAR

CHING SIU-TUNG
KING HU
TSUI HARK
ANN HUI
RAYMOND LEE
ANDREW KAM

ÉCRIT PAR
MAN-LEUNG KWAN
KEE TO-LAM
KAI-MUK LAU
YIU-MING LEUNG
FU-HAO TAI
YING WONG

MUSIQUE COMPOSÉE PAR
JAMES WONG
ROMEO DIAZ


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Bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, on va parler de ma dernière découverte majeure en date, c'est-à-dire la trilogie SWORDSMAN, et plus particulièrement du magnifique premier volet réalisé en 1990 par... On me dit à l'oreille que j'étais supposé chroniquer LADY SNOWBLOOD, FEMALE YAKUZA TALE et LA BÊTE AVEUGLE ces derniers mois... Ce à quoi je réponds humouristiquement qu'on peut pas tout avoir, et, de manière plus sérieuse, que plutôt que de faire des promesses que je ne tiendrais de toutes façons (ou alors pas dans l'immédiat), je m'orienterais maintenant vers des chroniques à chaud, seulement quand l'envie et la motivation m'en saisissent, comme je le faisais avant, en somme. Dans tout ça, j'en oublie presque ce qui nous intéresse : SWORDSMAN, qu'est-ce que c'est? Et bien, SWORDSMAN, ce n'est ni plus ni moins qu'un des projets cinématographiques les plus ambitieux du cinéma de Hong Kong, avec IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, THE BLADE et SEVEN SWORDS, un projet extrêmement casse gueule dont l'objectif était, comme la fameuse saga IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE justement, de retourner aux bases du Wu Xia Pian pour le révolutionner et le renouveler. Un pari difficile quand on sait que le Wu Xia Pian est le genre de prédilection de la colonie britannique depuis les années 50-60, période durant laquelle le genre connut son âge d'or, notamment avec les productions Shaw Brothers telles que LA RAGE DU TIGRE de Chang Cheh ou le sublime L'HIRONDELLE D'OR de King Hu, deux films avec lesquelles toute la génération Film Workshop (le plus gros studio hong-kongais des années 80-90, dirigé par l'illustre Tsui Hark) ont grandi et/ou affermi leur cinéphilie... Parmi ceux-ci, Tsui Hark, le plus fou et ambitieux d'entre eux, lance le projet SWORDSMAN en le produisant et en proposant à King Hu, considéré comme un des plus grands maîtres du cinéma hong-kongais, de le réaliser. Avec en plus Ching Siu-Tung à la chorégraphie, SWORDSMAN s'impose d'office comme un projet extrêmement alléchant... Imaginez un peu A TOUCH OF ZEN avec l'ambition et la folie furieuse d'un mec comme Tsui Hark pour soutenir le tout.

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Seulement voilà, quelque part en route, le bât blesse, et King Hu doit quitter le tournage au bout de quelques jours à peine. Maladie ou désaccord artistique avec le barbichu le plus mégalo de l'industrie cinématographique hong-kongaise? Allez savoir. Le résultat reste le même : pas moins de cinq réalisateurs, à savoir Tsui Hark, Andrew Kam, Ann Hui, Raymond Lee, et enfin, le plus important sur ce film, Ching Siu-Tung s'attèleront à essayer de sauver le film de la débacle totale. Financièrement, c'est raté, puisque le film sera un échec commercial cuisant. Pour autant, on pourrait plus facilement attribuer le crédit de cet échec à son ambition visionnaire qu'à sa production difficile. En effet, si tourner SWORDSMAN n'a sans doute été une partie de plaisir pour personne (Ann Hui n'a eu de cesse de tenter de réduire sa responsabilité sur le film depuis), une question légitime se pose : si le film avait été tourné par King Hu d'un bout à l'autre, comme cela était prévu, le film aurait-il été mieux acceuilli par le public? J'en doute fort. N'oublions pas que le public hong-kongais est extrêmement conservateur (leurs réactions par rapport à BUTTERFLY MURDERS, HISTOIRES DE CANNIBALESL'ENFER DES ARMES sont assez révélatrices), et que tout ce qui ne s'inscrit pas précisément dans les modes du moment n'échappe là-bas que très rarement à l'échec. Or, SWORDSMAN reflète brillamment l'intégralité de la carrière de Tsui Hark : c'est une tentative de bouleverser les codes du Wu Xia Pian en profondeur, ambitieux au point de tenter de s'imposer comme le nouveau standard de qualité en la matière. Une ambition que le film ne parvient jamais à concrétiser, au contraire d'IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, mais et alors? La qualité artistique du film ne change aucunement, et à bien des égards, SWORDSMAN s'impose comme une oeuvre cinématographique majeure, un grand film plein d'ambitions louables, d'une générosité sans précédent et qui pose les bases pour un des plus grands Wu Xia Pian de tous les temps : le majestueux SWORDSMAN II, sur lequel Tsui Hark n'a pas réalisé les mêmes erreurs, puisque le film sera tourné d'un bout à l'autre par le fou furieux Ching Siu-Tung.

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Celui-ci, déjà responsable à l'époque de l'excellent mais complètement niqué de la tête DUEL TO THE DEATH, semble par ailleurs avoir tenu un rôle prédominant sur ce SWORDSMAN. Outre le fait qu'il ait réalisé seul SWORDSMAN II et qu'il ait co-réalisé SWORDSMAN III : THE EAST IS RED avec Raymond Lee, impossible de ne pas avoir l'impression de regarder DUEL TO THE DEATH par moments, tant le film, dans la manière dont il aborde les combats notamment, évoque le furieux, le sur-découpage, la folie furieuse et cette volonté de repousser les codes du genre (et du cinéma) à l'extrême déjà présente dans DUEL TO THE DEATH. SWORDSMAN, dans sa quasi-intégralité, fait preuve d'un style visuel propre à Ching Siu-Tung et à son foutraque DUEL TO THE DEATH, la seule différence majeure étant que le film pète à mille coudées au-dessus de ce dernier formellement, merci aux grands artistes dont s'entoure Tsui Hark et le Film Workshop à l'époque. Formellement, SWORDSMAN touche au sacré, et se range haut la main parmi les films hong-kongais les plus beaux visuellement... Joyau d'esthétique, sa photographie est magnifique, le travail sur les couleurs (réutilisé par Hark dans SEVEN SWORDS) est déconcertant de beauté et la reconstitution historique est tout simplement à tomber par terre. Seulement voilà, quand se cotoient dans le même film un excellent artisan comme Ching Siu-Tung et des génies visuels sans égaux comme Tsui Hark ou King Hu, il est inévitable que la mise en scène ait des hauts et des bas, et malheureusement, d'un point de vue visuel (et pas que), SWORDSMAN est bel et bien inégal... Le film parvient toutefois à garder une certaine cohérence esthétique, et même les bas du film restent sacrément hauts, les autres réalisateurs ayant travaillé étant tous au moins d'excellents metteurs en scène. Rien de bien dramatique en somme, toutefois, cette inégalité se ressent aussi dans la narration, et c'est là que le film échoue véritablement.

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Au risque de me répéter, ce genre de défauts est inévitable sur un film tel que SWORDSMAN, mais tout de même, il est extrêmement regrettable que la narration soit si inégale. Celle-ci est en effet parfois extrêmement difficile à suivre, certains personnages sortant manifestement de nulle part, et d'autres étant parfois mal caractérisés, et le film est malheureusement trop long, le rythme pêchant sur la fin. Le tout donne au film un air d'inachevé, d'inabouti qui, parfois, peut déranger, d'autant plus que le tout manque, il faut être honnête, un petit peu de cohérence... A ces défauts déjà frustrants se rajoute Sam Hui, qui interprète le personnage principal de manière correcte mais manque singulièrement de charisme, et tous les personnages ne sont pas forcément très bien exploités. Et pourtant, malgré ces défauts évidents, SWORDSMAN, chef d'oeuvre raté s'il en est, s'impose comme un grand film. On tient là un objet cinématographique d'une teneur émotionnelle incroyable et d'une puissance sans précédent, qui amène à plusieurs reprises le spectateur aux larmes, notamment au travers d'une séquence musicale de toute beauté, ou les visuels éclatants des chinois fous derrière le film se marient avec une grâce sans pareille à la composition sublime de l'illustre James Wong. Si vous ne lâchez pas votre petite larme avant la fin de SWORDSMAN, vous n'avez pas de coeur. Le coup de génie, à ce niveau-là, et simple, et réside dans les personnage secondaires mais néanmoins importants du vieux Kuk et de Lau l'ancien, deux personnages touchants et émouvants qui apparaissent en milieu de film pour le quitter brusquement au bout de 20 minutes dans une scène dans une scène d'une importance narrative qui n'a d'égal que son impact émotionnel sur le spectateur démuni face à tant de beauté, de générosité, et de pureté émotionnelle. Chef d'oeuvre en elle-même, toute la séquence mettant au centre du film ces deux personnages excellents est de loin ce qu'il y a de mieux dans SWORDSMAN, et si la suite n'est pas en reste, impossible de ne pas penser, pendant l'heure qui reste, à ces deux bouleversants vieils hommes, qui passent le flambeau aux plus jeunes Lingwu Chung et à Gamin, son sidekick, un peu comme King Hu passe avec ce SWORDSMAN le flambeau du wu xia pian aux deux malades mentaux sans limites que sont Tsui Hark et Ching Siu-Tung.

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A la vue d'un film tel que celui-ci, il est néanmoins évident que ce qui nous intéresse le plus, c'est l'action, et c'est dans ce domaine que SWORDSMAN brille le plus. C'est une oeuvre spectaculaire qui fait preuve d'une générosité dans l'action presque déconcertante, tant celle-ci va constamment en recherche de l'excès le plus total et du chaos visuel le plus fou. Tous les combats du film sont des monuments de spectacle : une fois que ça commence à se battre, ça s'arrête jamais, et ça le fait toujours de la façon la plus portnawakesque et mangaesque possible. Dans SWORDSMAN, les chevaliers se bastonnent en se lançant des serpents ou en balançant des moulins à eau à travers les murs... Et ce ne sont que quelques unes des surprises complètement folles qui vous attendent dans ce film de fou, ou l'apreté des combats se mêle au foutraque et au comique de certaines situations, où tout est prétexte à une baston de folie supplémentaire et ou on passe avec brio de la noirceur à la bonne humeur et à l'humour gras bien propre aux hong-kongais... Des pratiques qui reflètent une fois de plus une volonté évidente de la part des créateurs de SWORDSMAN de transgresser les règles établies et de bouleverser le genre même dans ses codes les plus fondamentaux (le choix du format 1.85 au lieu du traditionnel 2.35 cinémascope est révélateur de cette démarche). La place que le film laisse aux femmes va d'ailleurs dans ce sens, et est la preuve évidente de l'investissement de Tsui Hark au scénario et à la réalisation, celles-ci étant constamment magnifiées, sublimées, mises en avant par la narration. Une place d'ailleurs importante est également laissée aux deux grandes vedettes du film, la magnifique et excellente Fennie Yuen et la superbe Sharla Cheung (qui sera remplacée dans le deuxième opus par l'encore plus magnifique Rosamund Kwan), qui livrent ici deux magnifiques prestations dans des rôles de chevalières héroïques intrépides, une preuve supplémentaire, si on en avait besoin, du féminisme aigu de Tsui Hark et de l'amour que portent les cinéastes de la Film Workshop à des oeuvres comme L'HIRONDELLE D'OR ou A TOUCH OF ZEN.

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Par certains aspects, SWORDSMAN est un film raté. Il ne parvient pas à aller au bout de ses grandes ambitions, et l'ampleur du projet, avec les problèmes de production qui l'ont entouré, en font un chef d'oeuvre raté. Mais malgré tous ses défauts narratifs, SWORDSMAN reste tout de même un excellent film qui mérite un coup d'oeil bien attentif, tant ses défauts s'effacent face à ses grandes qualités. Grand divertissement avant tout, SWORDSMAN est une oeuvre forte qui, malgré ses échecs, est un jalon important dans l'avancée cinématographique du Wu Xia Pian. C'est un grand film d'une beauté formelle et esthétique rarement égalée, aussi ambitieux qu'épique et émouvant, qui, en dépit de tout, assène au spectateur un uppercut cinématographique dans le menton et le laisse KO. Si on peut être déçu du résultat final, impossible de ne pas crier au génie face à la virtuosité de certaines séquences et à l'audace furieuse de ce qui est un des meilleurs films de Ching Siu-Tung, -car c'est bel et bien son film-, qui poussera le tout encore plus loin avec SWORDSMAN II, moins ambitieux certes, mais plus maîtrisé, plus magnifique, et en regard de ses objectifs, tout de même plus réussi que ce premier opus d'une saga magnifique qui se range, avec les IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, dans ce que le cinéma hong-kongais à fait de mieux.

CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER A LA GALERIE COMPLETE DU FILM.

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SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ...

  • SWORDSMAN II DE CHING SIU-TUNG.
  • DUEL TO THE DEATH DE CHING SIU-TUNG.
  • IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE DE TSUI HARK.
  • IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE II DE TSUI HARK.
  • THE BLADE DE TSUI HARK.
  • ZU, LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE DE TSUI HARK.
  • IRON MONKEY DE YUEN WOO-PING.
  • L'HIRONDELLE D'OR DE KING HU.
  • A TOUCH OF ZEN DE KING HU.

-ZE RING-

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