Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ZE LORD OF THE RING
ZE LORD OF THE RING
Publicité
Derniers commentaires
7 avril 2013

L'EXORCISTE CHINOIS

Titre
RÉALISÉ PAR ... SAMMO HUNG.
PRODUIT PAR ... RAYMOND CHOW.
ÉCRIT PAR ... SAMMO HUNG & HUANG YING.

LORSQUE CHEUNG LE BRAVE APPREND QUE SA FEMME LE TROMPE, IL DEVIENT OBSÉDÉ PAR L'IDÉE DE TROUVER AVEC QUI ELLE LE COCUFIE. CE DERNIER, QUI N'EST AUTRE QUE LE PATRON DE CHEUNG, LE CRAINT, ET DÉCIDE D'EMPLOYER UN "FATSI", UN EXORCISTE, POUR L'ÉLIMINER.


perso1 perso2perso3 perso4


Qui ne connait pas Sammo Hung? Encore aujourd'hui, il est une des figures les plus iconiques et les plus représentatives du cinéma hong-kongais. Acteur de grand talent, cascadeur et artiste martial aux capacités aussi incroyables que déconcertantes, personnage charismatique et singulièrement attachant, c'est un homme dont le talent à rayonné à travers le monde, notamment grâce à ses collaborations avec le tout aussi célèbre Jackie Chan... On pense notamment aux mythiques LE MARIN DES MERS DE CHINE 1 & 2, ou encore à DRAGONS FOREVER, tous trois des films renommés et cultes à travers le monde, et dont le rayonnement, encore aujourd'hui, illumine le cinéma. Une chose est sure : toute la troupe à Sammo Hung, Jackie Chan, Yuen Biao, Ricky Lau... ont indéniablement laissé une empreinte bien singulière sur le cinéma contemporain, et dans l'histoire du cinéma hong-kongais, ils sont aussi importants que les artistes de la colonie britannique les plus reconnus, comme les inévitables John Woo et Tsui Hark. Pourtant, malgré cette célébrité, on tend très souvent à oublier que si Sammo est un grand acteur, cascadeur et artiste martial, il est aussi et surtout un grand réalisateur, dont le talent technique et visuel n'a rien à envier à celui d'un Jackie Chan, dont la folie narrative égale largement celle d'un Tsui Hark et dont le talent comique est absolument incroyable. Lorsqu'en 1977, il réalise LE MOINE D'ACIER, son premier film, il aide à fonder un genre hong-kongais très important : la Kung-Fu Comedy. Après diverses expérimentations autour du genre, Sammo se décide, en 1980, à passer à la vitesse supérieure avec L'EXORCISTE CHINOIS.

76
Film fondateur de la Ghost Kung-Fu Comedy, le genre deviendra à Hong Kong très vite extrêmement populaire, notamment grâce à la saga culte des MISTER VAMPIRE, réalisé par Ricky Lau et, sans surprises, produite de bout en bout par le grand Sammo Hung. Si le succès et la popularité du genre est indéniable à Hong Kong, celui-ci ne vivra pas longtemps, puisque L'EXORCISTE CHINOIS 2, réalisé par Ricky Lau en 1990, mettra fin brutalement au rayonnement aussi vif que bref et complètement inattendu du genre. Peu importe finalement, puisqu'au-delà de son succès commercial, L'EXORCISTE CHINOIS est avant tout un succès artistique en tous points indéniable... Petit rappel : en 1979, Tsui Hark lance la nouvelle vague hong-kongaise avec le magnifique THE BUTTERFLY MURDERS. Les ambitions du mouvement sont très simples : révolutionner le cinéma hong-kongais, y apporter du neuf et ressusciter des genres depuis longtemps essoufflés par une industrie cinématographique trop rigide. Si L'EXORCISTE CHINOIS ne fait pas à proprement parler partie du mouvement, c'est bien étonnant, puisque leurs démarches se rejoignent complètement : Sammo, en créant à partir de rien un genre authentiquement nouveau, livre une oeuvre originale, innovante et unique dans lesquels s'oeuvre un dynamitage en règle de tous les codes cinématographiques imaginables. Les règles établies, L'EXORCISTE CHINOIS les bouleverse complètement et avec une telle audace qu'il apparait immédiatement comme une oeuvre absolument unique, qui ne ressemble à aucune autre et qui révolutionne en profondeur la place et l'usage du fantastique et de l'irréél dans le cinéma hong-kongais, jusqu'alors peu exploité, le public hong-kongais étant à l'époque aussi conservateur que superstitieux... C'est donc une chose étrange que le succès éclair de L'EXORCISTE CHINOIS, qui est d'autant plus étrange que le film est maintenant presque complètement oublié, et pourtant... Quel chef d'oeuvre.

64
Autant être clair d'entrée de jeu : L'EXORCISTE CHINOIS est un grand film qui regorge de qualités diverses, à commencer, justement, par la manière dont il détourne et bouscule les codes établis du cinéma pour acquérir sa propre identité cinématographique... Outre la folie totale du mélange entre la comédie, le fantastique, et le film de kung-fu, le parti pris par Sammo Hung est d'autant plus intéréssant et fascinant qu'il parvient réellement à donner forme à son film de sorte à ce que les genres cohabitent sans jamais se heurter, et sans jamais causer des problèmes de cohérence narratives ou visuelles... En ce sens, L'EXORCISTE CHINOIS préfigure largement le chef d'oeuvre absolu du maître, le magnifique PEDICAB DRIVER, puisqu'il se montre facilement capable de passer d'un genre à un autre, d'une tonalité dramatique à un ton plus comique en l'espace d'un plan ou deux sans jamais entacher la cohérence du film... Un prodige quand on sait que même les plus grands se sont heurtés parfois à la difficulté de mélanger les genres et de jouer avec les codes. Il parait évident à la vision du film que plutôt que d'essayer d'adapter son sujet à son dynamitage des codes, Sammo dynamite les codes uniquement parce que son sujet le lui permet. Ainsi, à plusieurs reprises, L'EXORCISTE CHINOIS enchaine une scène tétanisante et effrayante avec une scène hilarante, burlesque et cocasse, et y mêle parfois même du kung-fu et de l'action... Mais à la différence de beaucoup, Sammo sait sur quel pied danser, et son film devient donc très vite une mine de sensations pour son spectateur qui est, par contre, complètement déconcerté par le spectacle inoui et unique qui se développe sous ses yeux. Sa maîtrise des codes ne serait toutefois rien si Sammo n'avait pas de quoi suivre derrière, et s'il fait preuve d'une capacité incroyable pour détourner et s'affranchir des règles du cinéma, il se montre également capable d'appliquer sa maîtrise de ces dernières... L'intérêt ici est donc moins le fait que Sammo parvienne à enchainer une scène d'horreur avec une scène burlesque, mais plutôt qu'il arrive à faire marcher l'ensemble sans que la scène burlesque ne prenne le pas sur la tension nerveuse de la précédente ou inversement. Un peu comme Tsui Hark, me direz-vous?

38
Certes, sauf que même Tsui Hark n'a réussi que rarement à atteindre une alchimie aussi parfaite entre les genres et les registres que Sammo Hung avec son PEDICAB DRIVER ou L'EXORCISTE CHINOIS, et en l'occurence, la formule marche d'autant plus que ce dernier brise constamment les attentes du spectateur... Ainsi, si L'EXORCISTE CHINOIS est bel et bien un film de kung-fu, celui-ci n'arrive véritablement qu'assez tard dans l'intrigue, qui laisse davantage de place au fantastique et au burlesque des situations présentées par la narration qu'aux combats spectaculaires qu'on a l'habitude de voir chez un artiste comme Sammo Hung. Pari risqué, puisque procéder ainsi, c'est prendre le risque de larguer la moitié du public, et s'il y a toujours quelques exceptions, force est de constater que c'était un risque qui valait le coup d'être pris, puisque cela permet au film de pousser encore plus loin son délire narratif novateur et foutraque. Le résultat, c'est que lorsque les combats auxquels on s'attend face à un tel film arrivent enfin au sein de l'intrigue, la surprise est de taille puisqu'ils ne ressemblent à rien à ce qui a été fait avant (ou après, à part L'EXORCISTE CHINOIS 2, bien évidemment). Sans trop en dire, les combats ont constamment lieu sur plusieurs dimensions différentes, et Sammo promène pendant ses bastons virtuoses le spectateur dans des espaces et des situations aussi diverses que multiples... Le tout, au fur et à mesure que le film avance, devient inévitablement de plus en plus foutraque, de plus en plus inventif et de plus en plus fou, mais chaque combat, chaque situation reste d'une lisibilité et d'une limpidité incroyable. Le mérite de cela revient indéniablement à la mise en scène de Sammo Hung, qui trouve ici des aboutissements absolument incroyables et renvoie aux plus grands : longues prises, gestions de l'espace complètement virtuose, et esthétique naturaliste sublime constituent la mise en forme de L'EXORCISTE CHINOIS... Cela paraîtra surprenant à bien des gens, mais oui, Sammo Hung, tout comme son ami Jackie Chan, est bel et bien un grand metteur en scène, et L'EXORCISTE CHINOIS en est la preuve absolue et indéniable.

79
Il n'y a qu'a voir les quelques scènes d'action du film pour s'en convaincre : celles-ci sont chorégraphiées de manière complexe et l'action est rendue d'autant plus difficile à capturer qu'elle se passe toujours sur au moins deux dimensions spatiales complètement différentes et distinctes, mais Sammo Hung, grâce à sa caméra, la rend toujours lisible. Mieux encore : il la transcende et la magnifie... Chaque coup, chaque sort du "fatsi" est rendu encore plus brutal par la mise en scène de Sammo, et leurs impacts sur le spectateur s'en voient multipliés... Mais si la mise en scène est excellente, les chorégraphies, elles, sont à tomber par terre, et certaines des scènes d'action de L'EXORCISTE CHINOIS figurent parmi les mieux chorégraphiées du cinéma hong-kongais... Inventives, celles-ci sont puissamment rythmées et font preuve d'une folie visuelle constante. A travers celles-ci, Sammo Hung fait preuve et étalage de ses talents martiaux avec brio, et comme si cela ne suffisait pas, il livre également ici une grande performance d'acteur, composant avec consistance et intensité son personnage, donnant du rythme et de l'impact aux scènes les plus humouristiques du film et servant constamment, par son charisme polyvalent, la tonalité complètement lunatique du film. Les autres acteurs ne sont néanmoins pas en reste, et on retrouve ici une figure iconique et inévitable du cinéma hong-kongais. Je parle bien évidemment du grand Lam Ching-Ying, acteur décédé trop tôt, mais qui livra de grandes performances dans plusieurs films majeurs de la colonie britannique et s'imposa comme un grand acteur très vite... Comme à son habitude, il est, dans L'EXORCISTE CHINOIS, absolument excellent. Derrière ces deux géants, on retrouve toute une galerie de seconds couteaux tous aussi intéréssants les uns que les autres, et au final, la seule ombre au prestigieux tableau de L'EXORCISTE CHINOIS reste ce choix douteux d'avoir piqué quelques morceaux de la bande-son de THE SHINING pour illustrer un film tellement réussi esthétiquement qu'il n'en avait pas forcément besoin.

88
Vous m'aurez compris : L'EXORCISTE CHINOIS est un indispensable. Véritable chef d'oeuvre, c'est un film qui bouleverse complètement les règles établies de la production cinématographique hong-kongaise et s'extirpe du format pré-établi par cette dernière au travers d'idées visuelles et narratives dont la folie furieuse n'a d'égal que la virtuosité de leur application. Sammo Hung est un aussi brillant acteur, artiste martial, et cascadeur qu'il est un talentueux scénariste et réalisateur, et par conséquent, au travers de sa mise en scène, il se montre ici capable pendant une heure et demi, de produire une alchimie des genres et des registres parfaite à bien des égards, constamment efficace et cohérente en regard du film... Oeuvre transgressive et subversive, L'EXORCISTE CHINOIS s'impose surtout en tant que divertissement de grande qualité : drôle, généreux, mais aussi effrayant et perturbant, c'est un film complètement lunatique et audacieux qui s'impose dès les premières images comme un très grand film, mais aussi comme une oeuvre d'une importance cruciale. A découvrir d'urgence!

CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER A LA GALERIE COMPLETE DU FILM.

52

SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ AUSSI...

  • L'EXORCISTE CHINOIS 2 DE RICKY LAU.
  • PEDICAB DRIVER DE SAMMO HUNG.
  • HISTOIRES DE CANNIBALES DE TSUI HARK.
  • THE SWORD DE PATRICK TAM.

-ZE RING-

35

Publicité
Publicité
6 avril 2013

INDEX DES FILMS CHRONIQUÉS

123
1900
, BERNARDO BERTOLUCCI, 1976.

A
A BITTERSWEET LIFE
, KIM JEE-WOON, 2005.

ANIKI, MON FRERE, TAKESHI KITANO, 2000.

APOCALYPSE NOW, FRANCIS FORD COPPOLA, 1979.

A SCENE AT THE SEA, TAKESHI KITANO, 1991.

RÉÉCRITE! A TOUTE ÉPREUVE, JOHN WOO, 1992 + GALERIE.

B
BAD LIEUTENANT, ABEL FERRARA, 1992.

BEATRICE CENCI - LIENS D'AMOUR ET DE SANG, LUCIO FULCI, 1969.

BRING ME THE HEAD OF ALFREDO GARCIA, SAM PECKINPAH, 1974.

BULLET BALLET, SHINYA TSUKAMOTO, 1997 + GALERIE.

C
CANNIBAL HOLOCAUST
, RUGGERO DEODATO, 1979.

CASINO, MARTIN SCORSESE, 1995.

COMPANEROS, SERGIO CORBUCCI, 1970.

CROSS OF IRON, SAM PECKINPAH, 1977.

D
DARK WATER
, HIDEO NAKATA, 2002.

DEAD MAN'S SHOES, SHANE MEADOWS, 2004.

DIRTY HARRY, DON SIEGEL, 1971.

DOLLS, TAKESHI KITANO, 2002.

E
ENTER THE VOID
, GASPAR NOÉ, 2009.

...ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS, SERGIO LEONE, 1965.

F
FAMILY PORTRAITS, A TRILOGY OF AMERICA
, DOUGLAS BUCK, 2003.

FEMALE YAKUZA TALE, TERUO ISHII, 1973 + GALERIE.

FIGHT CLUB, DAVID FINCHER, 1999.

FULL CONTACT, RINGO LAM, 1993.

G
GRINDHOUSE
, QUENTIN TARANTINO & ROBERT RODRIGUEZ, 2007.

GRIZZLY MAN, WERNER HERZOG, 2005.

H
HANA-BI, TAKESHI KITANO, 1997.

HARRY BROWN, DANIEL BARBER, 2009.

HEAT, MICHAEL MANN, 1995.

HISTOIRES DE CANNIBALES, TSUI HARK, 1980.

I
IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L'OUEST
, SERGIO LEONE, 1968.

IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION, SERGIO LEONE, 1971.

IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE, SERGIO LEONE, 1982.

INFERNO, DARIO ARGENTO, 1980.

INGLORIOUS BASTERDS, QUENTIN TARANTINO, 2009.

IRON MONKEY, YUEN WOO-PING, 1993 + GALERIE.

IRRÉVERSIBLE, GASPAR NOÉ, 2002 + ANALYSE.

J
JU-ON
, TAKASHI SHIMIZU, 2002.

K
...

L
LA COLLINE A DES YEUX 2
, MARTIN WEISZ, 2007.

LADY SNOWBLOOD, TOSHIYA FUJITA, 1973 + GALERIE.

LA MONTAGNE SACRÉE, ALEJANDRO JODOROWSKY, 1973.

LA TRILOGIE DE LA VENGEANCE, PARK CHAN-WOOK, 2002-2004.

L'AU-DELA, LUCIO FULCI, 1981.

LE CHOIX DES ARMES, ALAIN CORNEAU, 1980.

L'ÉCHELLE DE JACOB, ADRIAN LYNE, 1990.

L'ENFER DES ARMES, TSUI HARK, 1980 + GALERIE.

L'EXORCISTE CHINOIS, SAMMO HUNG, 1980 + GALERIE.

LES FRISSONS DE L'ANGOISSE, DARIO ARGENTO, 1975.

LE SYNDICAT DU CRIME 1, 2 & 3, JOHN WOO & TSUI HARK, 1986-1989.

L'ÉVENTREUR DE NEW YORK, LUCIO FULCI, 1982.

M
MEAN STREETS
, MARTIN SCORSESE, 1973.

N
...

O
...

P
PEKING OPERA BLUES
, TSUI HARK, 1986 + GALERIE.

PLAN 9 FROM OUTER SPACE, ED WOOD, 1959.

POSSESSION, ANDRZEJ ZULAWSKI, 1981.

POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS, SERGIO LEONE, 1964.

Q
...

R
REC, JAUME BALAGUERO & PACO PLAZA, 2007.

RESERVOIR DOGS, QUENTIN TARANTINO, 1992.

RING, HIDEO NAKATA, 1998.

ROBOCOP, PAUL VERHOEVEN, 1987.

S
SCHINDLER'S LIST
, STEVEN SPIELBERG, 1993.

SEUL CONTRE TOUS, GASPAR NOÉ, 1998.

SEX AND FURY, NORIFUMI SUZUKI, 1973 + GALERIE.

SHANGHAI BLUES, TSUI HARK, 1984 + GALERIE.

SPL, WILSON YIP, 2005.

STRAW DOGS, SAM PECKINPAH, 1971.

SUSPIRIA, DARIO ARGENTO, 1977 + GALERIE.

SWORDSMAN, CHING SIU-TUNG, TSUI HARK, KING HU, RAYMOND LEE, ANDREW KAM, ANN HUI, 1990 + GALERIE.

SWORDSMAN II, CHING SIU-TUNG, 1992 + GALERIE.

T
TAXI DRIVER
, MARTIN SCORSESE, 1976.

TETSUO, SHINYA TSUKAMOTO, 1989 + GALERIE.

THE BLADE
, TSUI HARK, 1995 + GALERIE.

THE BUTTERFLY MURDERS, TSUI HARK, 1979.

THE GREAT DICTATOR
, CHARLIE CHAPLIN, 1940.

THE GREY, JOE CARNAHAN, 2012.

THE KILLER, JOHN WOO, 1989 + GALERIE.

THE KING OF NEW YORK, ABEL FERRARA, 1990.

THE LOVERS, TSUI HARK, 1994 + GALERIE.

THE WILD BUNCH, SAM PECKINPAH, 1969.

TIME AND TIDE, TSUI HARK, 2000 + GALERIE.

TURKISH STAR WARS, CETIN INANC, 1982.

U
RÉÉCRITE!
UNE BALLE DANS LA TÊTE
, JOHN WOO, 1990 + GALERIE.

UNSTOPPABLE, TONY SCOTT, 2010.

V
VIOLENT COP, TAKESHI KITANO, 1989.

W
...

X
...

Y
...

Z
ZOMBI 2
, LUCIO FULCI, 1979.

autres
MA VIDÉOTHEQUE

3 avril 2013

IRON MONKEY

titre
RÉALISÉ PAR ... YUEN WOO-PING.
PRODUIT PAR ... TSUI HARK.
ÉCRIT PAR ... TSUI HARK, ELSA TANG, TAI-MUK LAU, ET TAN CHEUNG.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR ... WAI WAP LU ET JOHNNY NJO, CHOW GAM-WING.

DANS UNE PROVINCE CHINOISE DÉVASTÉE PAR LES INONDATIONS, LA FAMINE ET LA PAUVRETÉ, UN VOLEUR NOMMÉ IRON MONKEY SÉVIT ET VOLE AUX MANDARINS CUPIDES POUR DONNER AUX PAUVRES. UN DE CES MANDARINS, EFFRAYÉ DE PERDRE SON POSTE A L'IDÉE QUE LE LÉGAT IMPÉRIAL DÉCOUVRE L'EXISTENCE D'IRON MONKEY AVANT QUE CELUI-CI NE SOIT ARRÊTÉ, FORCE WONG KEI-YING, UN ARTISTE MARTIAL RÉPUTÉ, A ARRÊTER LUI-MÊME IRON MONKEY. POUR CELA, IL EMPRISONNE SON FILS : WONG FEI-HUNG.


perso1 perso2
perso3 perso4
perso5


Wong Fei-Hung a quasiment toujours été le personnage cinématographique le plus important du cinéma hong-kongais. Petite leçon d'histoire : Wong Fei-Hung était un artiste martial et un médecin extrêmement réputé, qui aurait, selon certains mythes et légendes, combattu l'armée japonaise pendant l'invasion de Taïwan de 1895. Il est très rapidement devenu le personnage le plus populaire de toute la culture cinématographique hong-kongaise, grâce, notamment, aux succès monstrueux des 89 films dont il est le personnage principal. Pour la culture générale, le premier acteur à l'avoir interprété fut Kwan Tak-Hing, qui n'a joué presque que ce rôle, et ce, dans des films comme STORY OF WONG FEI-HUNG (1949), le moyen THE SKYHAWK (1976) ou encore le culte LE HÉROS MAGNIFIQUE (1979). Parmi ces 89 films, on en trouve de très connus, comme par exemple DRUNKEN MASTER de Yuen Woo-Ping, le chef d'oeuvre DRUNKEN MASTER II de Liu-Chia Liang, et bien évidemment la saga IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE de Tsui Hark. C'est après le succès de celle-ci que ce dernier se décide à explorer un aspect jamais vu auparavant de la vie de ce personnage mythique : son enfance, et sa relation avec son père, Wong Kei-Ying, un autre héros important de la culture populaire chinoise et hong-kongaise. Le résultat est l'une des plus grandes réussites du Kung Fu Pian et un indispensable du cinéma hong-kongais : IRON MONKEY de Yuen Woo-Ping.

32
Véritable succès international à sa sortie en 1993, IRON MONKEY est un film extrêmement important dans le sens ou il aborde avec un regard nouveau une facette jamais explorée auparavant d'un des personnages les plus majeurs de toute une culture. Pour ceux qui connaissent Tsui Hark, impossible de ne pas comprendre immédiatement dans quelle optique celui-ci se lance dans la production d'IRON MONKEY : une fois de plus, c'est un film dont l'ambition première est de renouveler le genre, et par la même occasion, le cinéma, en proposant quelque chose de constamment nouveau et inattendu, et donc de profondément novateur. Au-delà du fait que placer IRON MONKEY durant l'enfance de Wong Fei-Hung renouvelle un personnage qui, à l'époque, s'embourbe d'ores et déjà dans ses nouveaux standards de qualité que sont les IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, soit un manifeste évident de la démarche subversive et transgressive de Tsui Hark et de Yuen Woo-Ping, avoir fait de Wong Fei-Hung un personnage secondaire en regard de Wong Kei-Ying et Iron Monkey est une prise de risque d'une audace sans qualification possible à Hong Kong. En effet, le cinéma y a longtemps été littéralement monopolisé par Wong Fei-Hung (Kwan Tak-Hing en a sorti plus d'un par an pendant 20 ans), et placer ce dernier en second plan dans un film, c'est prendre le risque de larguer la moitié du public... Mais c'est aussi un autre manifeste évident de la volonté novatrice des créateurs du film, qui, d'un bout à l'autre du métrage, tentent de renouveler le genre par tous les moyens possibles. Wong Fei-Hung n'est en cela qu'une excuse dans le film, puisqu'il est de toutes façons évident que ce qui intéresse le plus Tsui Hark et son co-équipier Yuen Woo-Ping, c'est le dilemne moral auquel se confronte Wong Kei-Ying et aux relations que tissent les personnages du film avec Iron Monkey. Véritable Robin des bois chinois, c'est un personnage que Woo-Ping et Hark utilisent, une fois de plus, pour briser complètement les attentes : son identité est révélée au bout de cinq minutes, et bien que la quête de Wong Kei-Ying pour le retrouver et l'arrêter soient le point de départ et le moteur du film, en réalité, cette intrigue est abandonnée très rapidement au profit d'une histoire de combat épique contre un gouvernement corrompu à la dimension ouvertement populaire.

51
La narration d'IRON MONKEY s'acharne donc à briser constamment les attentes et les conventions. Mieux encore, la narration d'IRON MONKEY s'acharne constamment à briser les attentes et les conventions amenées à Hong Kong par les productions Film Workshop telles qu'IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE et SWORDSMAN II... Au-delà d'une volonté évidente de renouveler le cinéma hong-kongais et les films d'arts martiaux, IRON MONKEY, comme à peu près tous les films produits/écrits/réalisés par Tsui Hark, témoignent de la volonté évidente de celui-ci de se renouveler lui-même avant toute chose... En ce sens, et si vous ne l'aviez pas encore compris (ce dont je doute très fortement), IRON MONKEY est une chance de plus de vous rendre compte que pendant près de 20 ans, Tsui Hark à été le moteur de toute l'industrie cinématographique hong-kongaise, un véritable fou furieux capables d'influencer par son génie créateur les modes et les tendances cinématographiques et de remettre au gout du jour des légendes, des personnages, des mythes populaires oubliés ou délaissés par le cinéma HK. Wong Kei-Ying ne fait pas exception, et si Hark et Yuen Woo-Ping laissent Wong Fei-Hung un peu de côté dans IRON MONKEY, c'est seulement pour rétablir la popularité du père de ce dernier... Ce n'est pas un hasard si, des quelques oeuvres sur Wong Kei-Ying, IRON MONKEY soit la seule à nous être parvenue en Occident, et encore une fois, ce n'est sans doute pas un hasard non plus si, la même année, Tsui Hark réalisait IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 3, ou Wong Kei-Ying apparait... dans un rôle extrêmement secondaire. Impossible de ne pas voir les parallèles, et on pourrait continuer longtemps sur cette lancée. Reste qu'en ce qui concerne IRON MONKEY, il témoigne à chaque seconde d'une volonté de proposer un regard frais et neuf sur des sujets usés et rendus banals par une industrie qui les a trop longtemps et trop fréquemment exploité. Quoi de mieux, dans le cas de Hong Kong, que Wong Fei-Hung? C'est un choix d'autant plus judicieux qu'il permet à Tsui Hark et à Yuen Woo-Ping de faire usage de leurs compétences la ou elles brillent le plus : le cinéma d'arts martiaux.

72
S'il me parait extrêmement important d'analyser et de disséquer les ambitions narratives de toutes les productions Film Workshop (et des grands films hong-kongais en général) dans la mesure ou elles regorgent d'innovations, de transgressions passionnantes et d'avancées artistiques importantes, avant tout, il me semble que la raison principale pour laquelle le nouveau cinéma hong-kongais amené par la bande à Tsui Hark est si populaire, c'est parce qu'avant il propose de sacrés morceaux de divertissement et à permis au cinéma d'arts martiaux de trouver ses plus grands aboutissements artistiques. Soyons clairs, IRON MONKEY est l'un d'eux, et si sa narration est intéréssante, ses visuels et ses scènes d'action relèvent, quand à eux, du tout bonnement monumental. On tient ici une des oeuvres les plus spectaculaires livrées par le cinéma hong-kongais, un film qui, une fois de plus, repoussent toutes les limites en apportant à ses chorégraphies déjà monumentales (toutes orchestrées par Dieu Yuen Woo-Ping) des éléments spectaculaires complètement surréalistes tous droits tirés de mangas... L'exubérance des combats n'a d'égal que leur inventivité, et si les deux fous furieux derrière le film permettent à leurs personnages de se tuer à coups de raisins ou de se balancer des cheminées à grands coups de savate, c'est autant pour en balancer un maximum dans la gueule des spectateurs que pour tenter d'apporter au genre une espèce de facette surréaliste et mangaesque afin de trancher avec d'autres oeuvres plus réalistes (dans une certaine mesure) réalisées à la même époque comme FIST OF LEGEND ou PEDICAB DRIVER de Sammo Hung. Ainsi, dans ses ambitions, IRON MONKEY rejoint les deux premiers SWORDSMAN, qui revisitaient le Wu Xia Pian, retournaient à ses sources et y apportaient des éléments complètement fous et excessifs... IRON MONKEY fait de même avec le Kung Fu Pian : c'est un retour aux sources fondatrices du genre (Wong Fei-Hung et Wong Kei-Ying), et un dynamitage en règle de tous les codes qui y sont inhérents. Inutile de chercher du réalisme dans l'oeuvre de Yuen Woo-Ping : il n'y en a pas, et c'est justement ça qui en fait un monument cinématographique complètement jouissif. Comme il était de coutume à l'époque dans les productions de la Film Workshop, plusieurs "fantasmes cinéphiles" sont aboutis avec brio ici, et la seule limite à laquelle se heurte le film est celle de l'imagination de ses créateurs, particulièrement connus pour être deux des cinéastes hong-kongais les plus imaginatifs et les plus créatifs de leur époque... Dois-je en rajouter?

83
Finalement, la seule limite à laquelle se heurte IRON MONKEY et qui l'empêche de se hisser au niveau des plus grands Kung Fu Pian (IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 2, indéniablement), c'est la mise en scène de Yuen Woo-Ping, ingénieuse, mais à des lieues d'atteindre le génie d'un Tsui Hark voire d'un Sammo Hung... Mais franchement : et alors? Difficile d'égaler le niveau de deux tels génies, et la mise en scène de Yuen Woo-Ping est déjà magnifique telle qu'elle est. Outre le fait qu'il parvienne à rendre lisible et limpide des combats d'une intensité, d'une rapidité et d'une frénésie presque inimaginable, il réussit aussi à styliser, par l'usage de sa caméra, ces grands moments de folie, et gère l'espace avec virtuosité. Au-delà de ça, on sent derrière la caméra le talent d'un homme qui a passé sa vie à magnifier ses artistes martiaux, et ici, ils sont de taille : Rongguang Yu est absolument excellent, Shi Kwan-Yen, comme à son habitude, est terrible, mais c'est surtout Donnie Yen qui est impressionnant ici... C'est simple, ce bonhomme est un des plus grands artistes martiaux de tous les temps, et chaque scène ou il apparait est rendue d'autant plus intense par son talent martial absolument magnifique. Mais le film réserve d'autres surprises, à savoir la petite Tsang Sze-Man, qui interprète brillamment le jeune Wong Fei-Hung, et s'illustre avec brio lors de scènes de combat brillament chorégraphiées par le maître Yuen Woo-Ping, dont l'inventivité, l'absence totale de limites et la gestion magnifique du rythme de l'action font d'IRON MONKEY une très grande réussite formelle et un divertissement de la plus grande qualité, par ailleurs enrichie par la beauté esthétique indéniable du film. Mais ce n'est pas tout, car IRON MONKEY, c'est aussi une galerie de personnages profondément attachants et charismatiques... Outre les géniaux Wong Kei-Ying, Wong Fei-Hung et Iron Monkey, qui sont, sans surprise, attachants et touchants, c'est surtout le personnage d'Orchidée qui réserve des surprises. Personnage touchant, voire bouleversant, elle est magnifiquement animée par Jean Wang, et ensuite par la caméra de Yuen Woo-Ping, qui sublime sa beauté et son charisme et en fait constamment un personnage surprenant et attachant. Impossible également de ne pas voir l'obsession de Tsui Hark pour les femmes derrière ce personnage, mais ce serait me répéter que de le dire encore une fois, non?

87
IRON MONKEY s'impose comme un indispensable pour quiconque apprécie le cinéma d'arts martiaux : outre ses qualités évidentes en tant que Kung Fu Pian excessivement spectaculaire, c'est un film d'une grande importance qui renouvelle à chaque instant les figures iconiques et populaires qu'il aborde et qui donne une dimension nouvelle au personnage fétiche de toute l'industrie cinématographique hong-kongaise : l'excellent Wong Fei-Hung, ici représenté dans un des meilleurs films l'ayant abordé, de près ou de loin... IRON MONKEY est assurémment un grand film, qui renverse les codes du Kung Fu Pian, s'impose comme un divertissement sans égal mais aussi comme une oeuvre touchante mettant constamment ses personnages en avant et faisant preuve d'une grande maîtrise de ces derniers... IRON MONKEY, c'est tout ça. C'est drôle, c'est beau, c'est spectaculaire, ça envoie du lourd et ça s'arrête jamais. Un chef d'oeuvre? Oui. Un indispensable? Deux fois oui. Un des plus grand Kung Fu Pian? Mille fois oui, oui, oui.

CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER A LA GALERIE COMPLETE DU FILM.

71
SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ AUSSI...

  • SWORDSMAN DE CHING SIU-TUNG, TSUI HARK, KING HU, RAYMOND LEE, ANDREW KAM ET ANN HUI.
  • SWORDSMAN II DE CHING SIU-TUNG.
  • TAI-CHI MASTER DE YUEN WOO-PING.
  • DRUNKEN MASTER DE YUEN WOO-PING.
  • DRUNKEN MASTER II DE LIU-CHIA LIANG.
  • IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE DE TSUI HARK.
  • IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 2 DE TSUI HARK.
  • IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 3 DE TSUI HARK.
  • ZU, LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE DE TSUI HARK.

-ZE RING-

 

66

2 avril 2013

SWORDSMAN II

titre
RÉALISÉ PAR ... CHING SIU-TUNG.
PRODUIT PAR ... TSUI HARK.
ÉCRIT PAR ... TSUI HARK, ELSA TANG ET TIN-SUEN CHAN.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR ... JAMES WONG ET ROMEO DIAZ.

LINGWU CHUNG REPOUSSE SA DÉCISION DE RENONCER AUX ARTS MARTIAUX QUAND LA PRINCESSE YING-YING EST ENLEVÉE PAR L'INVINCIBLE ASIA. PARTI A SA RECHERCHE, CHUNG EST SÉDUIT PAR UNE VILLAGEOISE, SANS SAVOIR QU'IL S'AGIT DE ASIA, EN PASSE DE CHANGER DE SEXE POUR ATTEINDRE LA TOUTE PUISSANCE ENSEIGNÉE PAR LE "CANON DU TOURNESOL".


perso1 perso2
perso3 perso4
perso5 perso6


SWORDSMAN voulait tout être à la fois : c'était là sa plus grande force, et son plus grand problème. Hark souhaitait faire de ce film, superbe mais raté, un retour aux sources du Wu Xia Pian, mais il voulait aussi, avec ce film, reconstruire en profondeur le genre. Le choix de King Hu comme réalisateur attitré allait autant dans le sens de sa première ambition que contre sa deuxième, et, inévitablement, le film devait s'écrouler sous ses ambitions. En résulte un semi-échec artistique et un bide commercial cuisant pour Tsui Hark, grand mégalomaniaque égocentrique, mais pas suffisamment centré sur lui-même pour ne pas apprendre de ses erreurs. Outre le fait qu'il ait tiré des leçons enseignées par les erreurs qu'il a fait sur SWORDSMAN pour réaliser un de ses plus grands chefs d'oeuvres et succès commerciaux, à savoir IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, il a aussi utilisé cet apprentissage pour, en 1992, sortir du Film Workshop une de ses meilleures productions : SWORDSMAN II. Tsui Hark ne prend aucun risque, et donne à son homme à tout faire, Ching Siu-Tung, le contrôle total du navire. Pas de co-réalisateurs multiples et pas de réécritures multiples du script cette fois-ci. Juste un pur produit filmique qui s'impose très vite comme un chef d'oeuvre définitif et révolutionnaire.

28
Si SWORDSMAN II est effectivement moins ambitieux que son prédécesseur, deux choses devraient toutefois être mises au clair. La première, c'est que quand des fous furieux comme Tsui Hark et Ching Siu-Tung se mettent à revoir leurs ambitions à la baisse, celles-ci restent tout de même très hautes. La deuxième chose, et pas des moindres, c'est que c'est justement parce que SWORDSMAN II est ambitieux qu'il réussit à mener ses objectifs à terme. Soyons clairs : à sa sortie, c'est un succès monumental, et, d'un point de vue artistique, c'est une révolution en profondeur d'un genre qui est alors d'ores et déjà en déclin. Avec THE BLADE et la saga IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE de Tsui Hark, SWORDSMAN II est encore à ce jour la dernière oeuvre à avoir été radicalement révolutionnaire pour le Wu Xia Pian, un film majeur qui enrichit constamment le genre d'innovations et de dimensions nouvelles, devenant par la même une oeuvre d'une importance capitale pour quiconque aime ou admire le cinéma hong-kongais. On ne reprochera donc jamais à ce SWORDSMAN II d'être moins ambitieux que son prédécésseur bancal : il tient ses promesses, et en soi, c'est largement suffisant, surtout au vu des promesses. Tsui Hark et Ching Siu-Tung, en 1992, promettent avec SWORDSMAN II un chef d'oeuvre, et avec SWORDSMAN II, ils livrent un chef d'oeuvre absolu qui relève à l'époque purement et simplement du jamais vu. Si le premier film de la saga allait déjà loin dans son délire comic-book, mangaesque et portnawakesque spectaculaire et jouissif, son successeur va encore plus loin et repousse complètement toutes les limites du genre. Spectaculaire, SWORDSMAN II l'est assurémment, et se range même facilement dans la liste des oeuvres les plus spectaculaires jamais réalisées, tant à chaque minute supplémentaire, le film devient plus fou, plus innovant et plus over the top (sans jamais être ridicule, ce qui, en soi, relève du tour de force). SWORDSMAN II met l'accent sur le fantastique et le surnaturel, et en faisant de ses artistes martiaux des combattants capables de faire appel à leur kung-fu pour procéder à des actions physiquement irréalisables. Ainsi, dans la logique du film, il est tout à fait acceptable de combattre en volant sur des étoiles ninjas de deux mètres, de soulever le sol pour le jeter sur ses adversaires ou encore de tuer avec une goutte d'eau.

38
Le tout peut paraître absurde voire ridicule, et à bien des égards, SWORDSMAN II pourrait faire passer tous les IRON MONKEY du monde pour des films extrêmement réalistes, mais avec Ching Siu-Tung à la barre et Tsui Hark derrière lui pour lui filer un bon coup de pouce, impossible de trouver du ridicule dans ce joyeux bordel méticuleusement organisé qu'est SWORDSMAN II. Ching Siu-Tung, s'il n'est pas un aussi grand metteur en scène que Tsui Hark, à tout de même une compréhension de l'action que tout le monde n'a pas, et dans la mesure ou celui-ci parvient, au travers sa mise en scène, à donner du sens et à justifier tout ce qui peut paraître absurde dans son film, rien ne l'est au final. Au contraire, on ne peut qu'être stupéfaits face aux combats excessifs, éxubérants, (trop) inventifs et complètement foutraques de ce SWORDSMAN II. Au-delà de la générosité du spectacle proposé (le film concrétise bien plus d'un fantasme cinéphile, croyez-moi), c'est surtout un spectacle extrêmement maîtrisé qu'impose Ching Siu-Tung à son spectateur : le découpage, s'il est frénétique, est avant tout un modèle de maîtrise, et ce dernier parvient à capturer avec brio la grâce martiale de ses combattants tout en réussissant à exacerber la violence de l'action et à la styliser. Mais le spectacle est surtout aussi lisible qu'il est spectaculaire, et si le tout foisonne d'idées toutes plus niquées de la tête les unes que les autres, un constat simple découle de chaque scène d'action : la frénésie de ces dernières n'a d'égal que leur limpidité. Chaque scène d'action est donc un plaisir, et tant mieux, car il y en a beaucoup. Une fois de plus dans le cinéma hong-kongais, c'est le spectacle et le divertissement qui prime, et tous les prétextes sont bons à faire voler Jet Li et ses comparses dans les airs en tapant tout le monde et en faisant exploser l'intégralité du décor avec un enthousiasme que l'on ne retrouve vraiment que chez ces artistes là.

62
Mais SWORDSMAN II est loin d'être un simple divertissement. En effet, entre chaque scène d'action viennent se caler des moments de poésie et de lyrisme d'une grande beauté, portés par la magnifique mise en scène de Ching Siu-Tung et la beauté esthétique et formelle stupéfiante du film. Si SWORDSMAN était déjà magnifique visuellement, sa suite le surpasse très largement de ce point de vue. Chaque plan est de toute beauté, et ce, à tous les niveaux. La photographie est sublime, les décors et les costumes sont à tomber par terre, et cette beauté esthétique est encore une fois soutenue par la partition virtuose et le bontempi épique du grand James Wong. Le tout donne lieu à de grands moments d'émotion, et SWORDSMAN II vous fera sans doute pleurer de grosses larmes avant sa magnifique conclusion. Comme d'habitude avec Tsui Hark, c'est le ressenti qui est privilégié, manifeste évident d'une volonté toute aussi évidente de faire avant tout un cinéma populaire, ce qui n'exclut pas les avancées artistiques toutefois, dont SWORDSMAN II foisonne. Une preuve supplémentaire, s'il était nécessaire d'en trouver d'autres, que, non, les grands films ne sont pas le propre du "cinéma d'auteur" (une notion qui ne veut par ailleurs rien dire)... L'équipe Film Workshop n'a que faire de telles préocuppations et livre avant tout un joyau cinématographique pur, brut, qui divertit autant qu'il bouleverse et qui plaira aux non-cinéphiles autant qu'aux cinéphiles. Une démarche que je ne peux qu'encenser en somme, surtout quand le résultat parvient au niveau d'un film comme SWORDSMAN II, Wu Xia Pian qui bouleverse autant les conventions cinématographiques du genre que les émotions de son spectateur.

18
Mais cela ne serait pas possible sans une maîtrise sans précédent des personnages. Ching Siu-Tung et Tsui Hark dressent donc ensemble un portrait précis, détaillé et riche de ceux-ci, ce qui leur permet aisément de passer par toute une gamme d'émotions : on passe de scènes d'humour hilarantes au lyrisme le plus pur, et les scènes d'action les plus audacieuses et les plus spectaculaires laissent souvent place à de grands moments d'émotion viscérale. Une fois de plus, ceci n'est que le résultat du traitement magnifique qu'apporte les deux créateurs du film à leurs personnages et aux relations qu'ils tissent entre eux... En faisant de SWORDSMAN II une terrible histoire de vengeance, mais aussi une sublime et déchirante histoire d'amour, ceux-ci impliquent le spectateur émotionnellement dans ce spectacle de grande qualité, une implication par ailleurs solidement renforcée par les personnages eux-mêmes. Tous sont attachants d'une façon ou d'une autre, et en ne jugeant jamais ces derniers, Hark et Siu-Tung parviennent à les rendre d'autant plus attachants qu'ils ne sont à la base. Que ce soit Lingwu Chung, le personnage principal certes un peu abruti mais drôle et sincère, Gamin, son sidekick débile mais attachant(e) ou encore Yam Ping-Ping, la magnifique princesse dont il est amoureux, tous ont leur moment de gloire dans le film et parviennent à toucher le spectateur à un moment donné ou un autre. Mais avant tout, le coup de génie ultime du film, c'est ce personnage unique qu'est l'Invincible Asia... Étrange, ambigu, profondément insolite (surtout pour un public occidental), mais profond et touchant, tant les enjeux qu'il (elle) fait évoluer et autour desquels il évolue sont puissants et forts, c'est la réelle vedette du film : un personnage extrêmement charismatique, interprétée par la magnifique Lin Ching-Hsia (Brigitte Lin), dont chaque apparition est un plaisir viscéral et qui constitue à lui seul le coeur émotionnel de cette oeuvre bouleversante qu'est SWORDSMAN II. Mais avant tout, le personnage de l'Invincible Asia préfigure largement les oeuvres les plus abouties de Tsui Hark, notamment THE LOVERS, tant les deux films partagent une obsession évidente pour le travestissement et l'homosexualité, faisant de SWORDSMAN II un film plus fin qu'il n'y parait, qui devient dès lors une véritable chronique sociale (n'oublions pas qu'a l'époque, l'homosexualité est à Hong Kong très violemment punie.).

20
Ceci dit, encore une fois, les personnages, seuls, ne seraient rien, et le film doit également beaucoup aux acteurs qui les interprète, d'autant plus que leur travail sur ce film en particulier est véritablement incroyable. Jet Li brille ici autant par ses capacités martiales que par son talent d'acteur, bien plus étendu que d'habitude. Il donne vie avec brio à son personnage, pas forcément facile à interpréter par ailleurs, et n'a donc pas à rougir face aux performances impériales de l'uber-charismatique Shi Kwan-Yen ou des sublimes Rosamund Kwan et Fennie Yuen... Mais encore une fois, c'est bien Lin ching-Hsia et son personnage de l'Invincible Asia qui vole la vedette. Celle-ci tient ici ce qui est sans conteste le rôle de sa vie et livre une performance d'une subtilité qui n'a d'égal que la tension qu'elle implique. Filmés avec virtuosité par la caméra de Ching Siu-Tung, les personnages sont constamment magnifiés par le cadre visuel du film, notamment les femmes (et c'est là qu'on ressent l'influence de notre barbichu favori), qui sont constamment au coeur et au coeur de l'image, et qui sont tellement magnifiées par le réalisateur et le producteur qu'on ressent parfois que, bien qu'elles puissent sortir du cadre à tout moment, elles en font partie intégrante, tout comme elles semblent ne faire qu'une avec l'esthétique sublime du film. C'est à quel point le film met ses personnages féminins en avant, et on en arrive parfois au point ou les autres personnages semblent s'éclipser par rapport à elles. Pour autant, il ne faudrait pas croire que les personnages masculins sont ici délaissés : ils ont leur importance, et Jet Li ainsi que Shi Kwan-Yen sont véritablement monstrueux par leur présence et leur charisme.

48
SWORDSMAN II est un chef d'oeuvre absolu. Au final, c'est à ce constat simple que peut se résumer ce film. Toutes les faiblesses du premier sont effacées, pour laisser place à un monument cinématographique, d'une beauté cinématographique sans précédent, d'une générosité incroyable et d'une forte portée émotionnelle. Mais au-delà de ça, c'est une oeuvre importante historiquement pour le cinéma. C'est le début de la meilleure période qu'a connu le Wu Xia Pian : c'est le temps des IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE et de THE BLADE... Mais c'est aussi le temps du déclin et de l'essoufflement du genre qui gouverne depuis toujours le cinéma hong-kongais. SWORDSMAN II, en marquant le début d'une véritable révolution artistique, marque aussi le début de la fin d'un cinéma unique, passionnant, constamment innovant et généreux. Qu'a cela ne tienne, SWORDSMAN II est un film chef d'oeuvresque et radicalement révolutionnaire, dont la puissance n'a d'égal que son influence et son impact sur le cinéma contemporain. Un film à voir et à revoir, et qui fit la gloire de la magnifique saga SWORDSMAN, en dépit du troisième volet, déçevant et dispensable.

CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER A LA GALERIE COMPLETE DU FILM.

71
SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ AUSSI...

  • THE BLADE DE TSUI HARK.
  • IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE DE TSUI HARK.
  • IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 2 DE TSUI HARK.
  • THE FLYING SWORDS OF DRAGON GATE DE TSUI HARK.
  • ZU, LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE DE TSUI HARK.
  • IRON MONKEY DE YUEN WOO-PING.

-ZE RING-

88

Publicité
Publicité
Publicité