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ZE LORD OF THE RING
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3 février 2012

DIRTY HARRY

DH JAQ

RÉALISÉ PAR | DON SIEGEL.
ÉCRIT PAR | HARRY JULIAN FINK, RITA M. FINK, DEAN REISNER, JOHN MILIUS ET JO HEIMS.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | LALO SCHIFRIN.

CLINT EASTWOOD | Harry Callahan.
ANDY ROBINSON | Le Scorpion.
JOHN VERNON | Le Maire.
RENI SANTONI | Chico Gonzalez.
HARRY GUARDINO | Lt. Al Bressler.
JOHN LARCH | Le chef de la police.

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Entre cinéphiles, on en vient souvent à parler du Nouvel Hollywood et des grands noms qui en ont fait la gloire : Sam Peckinpah, Clint Eastwood, Martin Scorsese, William Friedkin... Toutefois, l'un d'eux est trop souvent oublié, Don Siegel, et à tort. En effet, il s'agit très certainement du pilier principal du Nouvel Hollywood, en effet, non content d'être le mentor de Sam Peckinpah (rien que ça), il a également donné ses premiers grands rôles américains à Clint Eastwood et a influencé ce dernier dans ses propres réalisations, et ce que ce soit du point de vue de la mise en scène que du point de vue purement thématique. Des 5 collaborations entre ces deux grands hommes, une ressort plus que toutes les autres, DIRTY HARRY. En effet, il s'agit ni plus ni moins d'une des oeuvres les plus importantes de l'histoire du cinéma, ayant provoqué un scandale incroyable à sa sortie (j'y reviendrai, c'est en grande partie pour ça que j'écris cet article) mais surtout clairement représentatif de la démarche de Siegel et d'Eastwood. Siegel, lui, avait déja oeuvré dans un genre similaire et avec un personnage plus ou moins similaire à DIRTY HARRY avec COOGAN'S BLUFF (enfin disons que Coogan annonçait avec brio ce qu'allait être Harry Callahan), Eastwood, quand à lui, à soutenu Siegel a chaque fois et s'est par la suite attaqué de manière corrosive à la justice actuelle avec des oeuvres telles que L'HOMME DES HAUTES PLAINES, L'ÉCHANGE, ce qui lui a valu d'être taxé de fasciste à l'époque de la sortie de ce fameux DIRTY HARRY.

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Pourtant, pas besoin de porter de lunettes pour savoir qu'Harry Callahan est loin d'être un facho. Un flic aux méthodes peu orthodoxes certes, mais c'est également et surtout un flic qui a compris que le seul moyen d'obtenir des résultats dans un système judiciaire incompétent et régi par la politique, était de répondre au mal par le mal. En l'occurence, Callahan n'hésite pas une seconde à utiliser la violence contre ceux qui la pratiquent, toutefois c'est également une personne raisonnable et capable de discernement (en témoigne le braqueur au début, a qui il laisse le choix entre la vie et la mort de manière implicite) et faisant preuve d'une justice dans ses actes dont il est le seul dans cette oeuvre à posséder le secret. Ses méthodes sont violentes, certes, mais quel est le plus noir finalement? Les méthodes d'Harry Callahan ou bien les méthodes du Maire et de ses associés, étant davantage préocuppés par l'opinion publique à leur égard (cet aspect est d'ailleurs encore plus poussé dans L'ÉCHANGE de Clint Eastwood) que par la santé de ceux dont ils ont la responsabilité? Il semble clair que le choix ne se pose pas, et si Harry Callahan est une véritable enflure, il reste néanmoins le meilleur d'entre tous. La noirceur du film, qui lui a longtemps été reprochée avant qu'il ne devienne un véritable objet de culte, vient davantage de ce paradoxe atroce que des façons de faire d'Harry Callahan, qui se pose d'ailleurs davantage comme un vigilante que comme un policier, allant outre les lois dans le seul but de faire régner une justice que ces dernières ne parviennent pas à imposer. Siegel, avec DIRTY HARRY, soulève donc avec brio ce problème précis de notre société, toutefois il le fait avec l'ambiguité la plus incroyable et la plus subtile, plaçant d'une part son personnage principal comme un noble chevalier en croisade et de l'autre comme un enfoiré de première classe. Le scandale, qui visait à déterminer si oui ou non Eastwood et Siegel étaient des fachos, est sans doute venu de ce point précis de l'oeuvre, pourtant, ce que beaucoup de gens n'ont pas réussi à voir a force de gueuler au lieu de regarder le film, c'est que Siegel ne fait que poser des questions et ne donne pas de réponse, réponses qu'Eastwood ne manquera pas de donner dans le 4ème volet des aventures de l'Inspecteur Harry, SUDDEN IMPACT, après le très horriblement politiquement correct MAGNUM FORCE (sur lequel je reviendrai un de ces jours, histoire de me faire lapider sur place par les fans.).

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Le politiquement incorrect, Siegel et Eastwood le poussent a son paroxysme avec DIRTY HARRY, en allant jusqu'a remettre en cause les lois fondamentales de notre système judiciaire tout en bousculant les conventions du cinéma de l'époque. Rappelons-le, nous ne sommes à l'époque qu'en 1971, le Nouvel Hollywood à a peine vu le jour et nous entrons petit à petit dans une période importante de liberté artistique, Don Siegel en profite et signe ce qui peut très certainement être considéré comme l'un des premiers westerns urbains. En effet, le personnage principal y est un personnage solitaire, dont l'arme, par sa mythologie, et dont l'aspect impitoyable ne sont pas sans rappeler les vieux westerns. Ce côté "western urbain" est d'autant plus renforcé par COOGAN'S BLUFF, du même Don Siegel, -dont le titre français, UN SHÉRIF A NEW YORK, en dit long sur l'oeuvre du bonhomme- et est confirmé implicitement par Threlkiss dans SUDDEN IMPACT ("Callahan est le seul objet immuable dans un univers perpétuellement changeant"), ... Siegel détourne les codes du genre qu'il exploite avec brio, et si j'ai mis cet article dans la catégorie POLAR j'avoue avoir longtemps hésité entre WESTERN et VIGILANTE, tant DIRTY HARRY s'approche de tous ces genres d'une façon à chaque fois différente. En apparence, ce n'est rien de plus qu'un film policier lambda, finalement, pourtant, d'autres éléments le rapproche des autres genres suscités... Rien de bien étonnant finalement, dans la mesure ou chambouler les conventions, dans le Nouvel Hollywood, se faisait souvent par le détournement total des codes d'un genre voire la transposition des codes d'un genre dans un autre (voir pour s'en convaincre CROSS OF IRON de Sam Peckinpah.). Don Siegel finit de chambouler les conventions cinématographiques par l'usage d'une violence utilisée avec parcimonie mais percutante, par ailleurs indispensable au propos dans la mesure ou c'est par son biais que se développent les personnages et les questionnements qui y sont inhérents.

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Ces questionnements, Don Siegel les met en scène avec brio, livrant un objet cinématographique très bien photographié (et ce malgré un DVD qui est loin de lui rendre justice, vivement que je me chope le Blu-Ray.) mais surtout superbement filmé et monté, plaçant dès les premiers plans le personnage de DIRTY HARRY dans une mythologie qui lui est propre, capturant à chaque instant le charisme et la classe incroyable de Clint Eastwood, qui livre ici une de ses meilleurs performances. Totalement investi dans son rôle, Eastwood transpire la sincérité et retranscrit avec brio l'ambiguité du personnage qu'il incarne. Soyons clair, Eastwood vole la vedette à chaque instant, toutefois, DIRTY HARRY reste soutenu par un casting de seconds couteaux talentueux, avec notamment John Vernon que l'on retrouvera plus tard dans JOSEY WALES et Andy Robinson, dont l'interprétation d'un tueur psychopathe est elle aussi pleine d'ambiguité... Sans en dire trop (je pense en avoir déja trop dit), sachez simplement que le personnage du Scorpion soulève lui aussi d'importants questionnements et que la légimité ou l'illégimité sont perpétuellement remises en doute par son personnage... A vrai dire, tout dépend de quel côté on se met, DIRTY HARRY étant un film reposant énormément sur l'interprétation dont le spectateur en fera, expliquant l'absence totale de réponses vis-à-vis des questions que Siegel pose à ce dernier.

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DIRTY HARRY, finalement, ne peut pas être jugé objectivement. Une péloche fasciste pour certains, une série B fendard pour d'autres, ou un chef d'oeuvre absolu et subversif pour les autres... Je pense que vous savez de quel côté je me range, à mon sens, DIRTY HARRY est un très grand film, jouant avec les genres et les registres et faisant preuve d'une subversion et d'un politiquement incorrect qui ferait un paquet de bien au cinéma actuel... En tout cas, il est sur qu'avant de tenter l'expérience, vous ne saurez jamais de quel côté vous ranger. Peut-être qu'Harry Callahan n'est pas aussi facho que sa réputation sous-entend, et peut-être qu'Harry Callahan n'est peut-être pas aussi juste que ce que je laisse sous-entendre... Allez savoir!

DH7

Si vous avez aimé ce film, vous aimerez aussi...

  • COOGAN'S BLUFF, de Don Siegel.
  • UN JUSTICIER DANS LA VILLE, de Michael Winner.
  • SERPICO, de Sidney Lumet.
  • L'ÉCHANGE, de Clint Eastwood.
  • L'HOMME DES HAUTES PLAINES, de Clint Eastwood.

-ZE RING-

DH8

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