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ZE LORD OF THE RING
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Derniers commentaires
17 mai 2012

HISTOIRES DE CANNIBALES

Jaquette

RÉALISÉ PAR | TSUI HARK.
ÉCRIT PAR | TSUI HARK ET ROY SZETO.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | FRANKIE CHAN.

NORMAN CHU | Agent 999.
EDDY KO | Le chef.
MELVIN WONG | Rolex.
KWOK CHOI HON | Pickpocket.
MO-LIN CHEUNG | Eileen.

Un agent secret (Norman Chu) traque un voleur (Melvin Wong) jusque dans un village peuplé de cannibales.

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Si THE BUTTERFLY MURDERS, le tout premier long-métrage de Tsui Hark, fut un grand succès critique, il en demeura un échec commercial retentissant. Cet échec parait évident à la vision du film en question, ce dernier étant une oeuvre radicale, violente et subversive, détournant sans gêne les codes du Wu Xia Pian pour mieux les renouveller... Hark poussera ce concept encore plus loin avec HISTOIRES DE CANNIBALES, dont le tître original, WE'RE GOING TO EAT YOU, annonce dès le départ la couleur. HISTOIRES DE CANNIBALES est une oeuvre profondément subversive et provocatrice, complètement irrévérencieuse vis-à-vis des codes narratifs des genres que Tsui Hark y exploite (et tant mieux) et, une fois de plus, un échec commercial mais aussi critique retentissant... Oeuvre jugée scandaleuse et de très mauvais goût en son temps, HISTOIRES DE CANNIBALES est pourtant à bien des égards un authentique chef d'oeuvre qui a fini de tailler a Tsui Hark sa place au panthéon, dont c'est pourtant seulement le deuxième film.

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Des deuxièmes films aussi couillus, on aimerait sans doute en voir plus souvent! Dénoncant sans détour et sans pitié la société consumériste hong-kongaise au travers de personnages cannibales affamés de chair fraiche (et tous aussi cons les uns que les autres), le propos de Tsui Hark a vite fait de dépasser les frontières de Hong Kong et tape la ou ça fait mal. Rien de bien étonnant dans le fait qu'HISTOIRES DE CANNIBALES ait causé scandale à son époque, Tsui Hark gerbant littéralement dans la gueule de la société qui l'entoure leur propre nature. La métaphore est simple et il faudrait être complètement débile pour ne pas la voir, mais elle a le mérite d'être suffisamment claire pour déranger, Hark montrant, au travers de ces cannibales, une société qui s'entre-déchire et dont les habitants semblent tous prêts à se bouffer entre eux, impossible de ne pas voir dans ce village d'idiots une représentation, peu subtile certes mais efficace, de notre société. HISTOIRES DE CANNIBALES à 30 ans, mais c'est un film qui est d'autant plus intéréssant aujourd'hui que son propos est extrêmement actuel en plus d'être profondément véridique. Hark, non content d'être un cinéaste visionnaire dans sa mise en scène l'est également dans son propos politique, RESPECT. Cependant, contrairement aux apparences, HISTOIRES DE CANNIBALES ne puise pas tant sa force dans son propos subversif mais davantage dans sa facette de pur divertissement.

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Divertissant, HISTOIRES DE CANNIBALES l'est tout autant qu'il est subversif. Oeuvre survoltée et profondément référentielle, Tsui Hark s'éclate à défragmenter les codes de sa banale histoire de cannibales pour y introduire des éléments de films d'arts martiaux et de comédie. Basant son film sur un nombre réduit de personnages loufoques (et tous complètement à côté de la plaque la plupart du temps), Hark peut se permettre tout et nimporte quoi, notamment un mélange des genres des plus fous, provoquant un effet de surprise permanent. On ne sait jamais quel tour de force narratif Hark va encore nous sortir pour rendre son film encore plus délirant qu'il ne l'est déja, mais avant tout, HISTOIRES DE CANNIBALES, tout comme THE BUTTERFLY MURDERS, est un manifeste évident de la cinéphilie de Tsui Hark. Il n'y a qu'a voir pour s'en convaincre cette scène de baston finale dantesque ou vient se glisser la musique à la base du thème principal de la mythique série des IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, musique qui illustrait le plus souvent des films mettant en scène Huang Fei-Hung, petit chouchou du cinéma hong-kongais avec lequel Hark à grandi... Une fois de plus, ce dernier enchaine les hommages et impossible de ne pas voir dans cette volonté de détruire les codes pour les révolutionner un amour du cinéma incroyable, un amour qui n'a d'égal que la rage du monsieur. En effet, Tsui Hark signe avec HISTOIRES DE CANNIBALES une deuxième oeuvre enragée ou tout le monde se prend sa baffe dans la gueule : politiciens véreux, villageois affamés... Tous dans le film sont aussi cons et mauvais les uns que les autres, et Hark déverse une fois de plus tout ce qu'il à révendre sur ce morceau de pélicule bien schtarb, et ce jusqu'au plan final, pris comme une insulte de plus a l'époque mais qui en réalité témoigne surtout de toute l'énergie, l'amour et la rage que Hark y a investi.

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Dans cette mesure, HISTOIRES DE CANNIBALES est une oeuvre viscérale ou les choses ne semblent jamais s'arrêter. Hark livre une fois de plus une "intrigue à tiroirs", dans la mesure ou chaque péripétie ouvre le chemin à une autre, toutes par ailleurs plus délirantes que les autres et s'enchainant avec un rythme survolté. Dans ce rythme se mèlent de (très) nombreuses scènes de bastons superbement chorégraphiées par un Corey Yuen en folie. Très gores et très funs, ces bastons sont une fois de plus la preuve du génie et de l'inventivité de Tsui Hark, qui fait ici preuve d'une maitrise formelle qui n'a d'égale que la folie de l'entreprise, le maître sème le chaos dans chaque scène de combat sans pour autant que le tout soit désagréable à suivre, au contraire, HISTOIRES DE CANNIBALES absorbe dès les premières minutes son spectateur dans la folie, l'absurdité et le comique profondément slapstick de la moindre de ses scènes de baston... Au milieu de tout ce bordel, Hark et Szeto ne font pas l'erreur, pourtant récurrente dans le genre, d'oublier leurs personnages. Bien conscient qu'ils sont les piliers du film, ces deux fous donnent a ces derniers des personnalités excentriques mais passionnantes et surtout très amusantes, et glissent dans leur récit des personnages secondaires à mourir de rire (L'énorme, à tous les sens du terme, Vietnam Rose...), ayant tous quelque chose à apporter au film et l'amenant petit à petit vers un final REN-VER-SANT ou tous les enjeux du film se regroupent et donnent lieu a une des scènes de baston les plus dingues et spectaculaires vues sur un écran.

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HISTOIRES DE CANNIBALES bénéficie bien évidemment de la mise en scène magistrale de Tsui Hark, très inspirée, c'est une évidence, mais qui s'avère plus sobre (enfin, dans une certaine mesure) que d'ordinaire. Cela n'empêche pas à la mise en scène d'HISTOIRES DE CANNIBALES de lui donner une énergie et une pêche incroyable, et une fluidité tout simplement exceptionnelle. Qui plus est, HISTOIRES DE CANNIBALES comporte, comme nimporte quel film de Tsui Hark qui se respecte (autrement dit, tous.) des idées visuelles absolument incroyables, en témoigne ce plan final, bien connu, du coeur qui bat donné à la caméra (il est par ailleurs visible au tout début de l'article)... Génial, et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, Hark se livrant à des délires visuels gores, assez rares en regard de la réputation du film, mais tous très classes et très drôles... Hark parvient à trouver l'équilibre délicat entre bon et mauvais goût et ne tombe jamais dans le ridicule involontaire, un exploit prodigieux en regard du genre exploité par HISTOIRES DE CANNIBALES et de la façon dont il l'aborde!

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Jugé horrible et irregardable par la critique hong-kongaise en 1980, HISTOIRES DE CANNIBALES est pourtant à bien des égards un très grand film, une oeuvre divertissante et comique mais qui présente un propos subversif clair, concis, mais efficace et dérangeant. Dans cette mesure, il serait bien dommage de passer à côté de ce chef d'oeuvre intergalactique, brillant et savant mélange de film d'horreur, de kung-fu et de comédie... Contre toute attente, et bien qu'HISTOIRES DE CANNIBALES soit un divertissement de très grande qualité, il se mangera méchamment la gueule dans les salles, tout comme THE BUTTERFLY MURDERS, et n'y restera que quelques jours. Échec commercial auréolé d'un échec critique, HISTOIRES DE CANNIBALES marquera un tournant pour Tsui Hark, qui se lancera alors dans un projet encore plus radical : L'ENFER DES ARMES. Échec ou pas, en soit peu importe, passer à côté d'HISTOIRES DE CANNIBALES c'est passer à côté d'un grand film. Un indispensable donc.

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SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ...

  • L'ENFER DES ARMES de Tsui Hark.
  • THE BUTTERFLY MURDERS de Tsui Hark.
  • THE BLADE de Tsui Hark.
  • EVIL DEAD de Sam Raimi.
  • EVIL DEAD II : DEAD BY DAWN de Sam Raimi.
  • BRAINDEAD de Peter Jackson.

-ZE RING-

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16 mai 2012

THE BUTTERFLY MURDERS

Jaquette

RÉALISÉ PAR | TSUI HARK.
ÉCRIT PAR | FAN LIN ET CHI-MING LAM.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | FRANKIE CHAN.

SIU-MING LAU | Fong Hong-Ye.
SHU TONG WONG | Tian Feng.
MICHELLE YIM | Ombre Verte.
KUO-CHU CHANG | Shem Qing.

Une nuée de papillons meurtriers envahit un château féodal.

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A la fois dans l'histoire du cinéma hong-kongais et dans la filmographie du très grand Tsui Hark, THE BUTTERFLY MURDERS s'impose comme une date très importante. Premier film de son réalisateur, qui depuis s'est avéré être un véritable maître avec des oeuvres magnifiques comme THE BLADE, PEKING OPERA BLUES ou DANS LA NUIT DES TEMPS, THE BUTTERFLY MURDERS marque un tournant dans l'histoire du cinéma HK dans la mesure ou il s'agit très certainement du premier de la nouvelle vague hong-kongaise, composée de réalisateurs comme Patrick Tam, Ann Hui, et bien sur Tsui Hark. THE BUTTERFLY MURDERS est un film véritablement intéréssant, d'autant plus intéréssant aujourd'hui qu'il témoigne de l'évolution formelle des oeuvres du cinéaste le plus important de l'histoire de Hong Kong, mais en plus, s'avère être une alternative hardcore au dernier film en date du monsieur... DETECTIVE DEE. Alternative hardcore que l'on doit d'ailleurs entièrement à l'éditeur HK VIDEO, qui à réuni dans un superbe coffret ce film et deux raretés, HISTOIRES DE CANNIBALES et L'ENFER DES ARMES, quasiment introuvables en dehors de la France... Je doute que les gens dont il est question puissent me lire, mais un merci est la moindre des choses, d'autant plus que leurs éditions sont d'une grande qualité.

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Dès les premières images, THE BUTTERFLY MURDERS s'annonce comme un pur film de jeune énervé. En effet, Tsui Hark, en 1979, n'a que 28 ans. Il ne sait pas comment il va faire son film, ni même ce qu'on attend de lui. THE BUTTERFLY MURDERS est le résultat étonnant de ces frustrations. Tsui Hark fait dès son premier film preuve d'une inventivité que l'on retrouvera par la suite dans toutes ses oeuvres... Plaçant pour commencer son oeuvre dès le départ dans un univers visuel violent et craspec (par ailleurs renforcé involontairement par la mauvaise qualité de la copie originale... D'aussi bonne qualités soient les éditions d'HK VIDEO, on ne peut pas tout restaurer.) et dans un contexte novateur dans la mesure ou il comporte autant d'éléments historiques avérés que d'éléments relevant limite de la science-fiction. Tsui Hark le dit lui-même, ne sachant pas quoi faire, il s'est laissé aller sur ce film, le résultat est un mélange des genres extravaguant mais cohérent et solide, une relecture radicale du Wu Xia Pian classique ou se mélangent combats de sabre, enquête policière, et scènes d'horreur renvoyant inévitablement aux OISEAUX d'Alfred Hitchcock. Toutefois, Tsui Hark ne se base pas sur le suspense pour faire fonctionner, bien que ce soit très certainement ce qui est attendu de lui, mais signe en réalité une fable subversive ultra-violente dont l'univers visuel particulier à vite fini de faire de THE BUTTERFLY MURDERS un ovni des plus fous. Sans aucune retenue, Tsui Hark balance tout ce qu'il a avec panache dans la gueule du spectateur, que ce soit sa hargne ou ses frustrations ou bien son amour évident du cinéma.

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En effet, il faudrait être le roi des bigleus ou le dernier des cons pour ne pas se rendre compte très vite que THE BUTTERFLY MURDERS est avant tout une véritable déclaration d'amour au cinéma, rendant hommage à moults classiques, à commencer par LES OISEAUX, et détournant sans aucun complexe le Wu Xia Pian dans le seul but de le révolutionner et donc, par conséquent, de le renouveler, Hark fout tout ce qu'il a revendre dans cet ovni surréaliste... Il en va de même pour sa colère, par conséquent, THE BUTTERFLY MURDERS s'avère être une oeuvre méchamment subversive dans laquelle tout le monde se prend sa petite baffe. Dénoncant l'hypocrisie et, bien évidemment, la violence de l'être humain, il n'y va pas de main montre pour montrer son propos simple mais virulent. Ultra-violent, THE BUTTERFLY MURDERS l'est assurémment, ici pas de bouffons qui se tapent à coups de feuilles mortes et d'écharpes mais de la violence qui claque et pète a la gueule d'un spectateur démuni... A ce titre, si le film fut très bien reçu par la critique hong-kongaise de l'époque, il en demeura un bide commercial, et pour cause! On connait sans doute tous la sensibilité exacerbée du peuple hong-kongais, rien de bien étonnant du coup, à la vision de ce BUTTERFLY MURDERS, à ce qu'il se soit méchamment mangé... Car cette oeuvre n'est ni plus ni moins le premier pas vers la révolution si longtemps voulue par Tsui Hark, jusqu'a ce qu'il finisse par retourner sur sa gueule toute l'industrie du cinéma hong-kongais, notamment avec l'aide de son vieux pote John Woo, et ce n'était qu'un début. HISTOIRES DE CANNIBALES et L'ENFER DES ARMES, les deux oeuvres suivantes du monsieur, vont encore plus loin que THE BUTTERFLY MURDERS, qui n'y va déja pas avec le dos de la cuillère!

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Vous l'aurez compris, THE BUTTERFLY MURDERS est un film subversif et hardcore, mais ce n'est pas la sa seule qualité. Et oui, car avant tout, ce qui est magnifique avec Hark, c'est sa capacité à réinventer perpétuellement le cinéma tout en fournissant des oeuvres particulièrement divertissantes. Cette première oeuvre ne fait pas exception. Si THE BUTTERFLY MURDERS reste une oeuvre étrange et singulière, elle demeure très accessible et surtout très agréable à regarder... On s'en prend plein la gueule pendant 1 heure et demi. Que ce soit au travers de bastons majestueusement chorégraphiées et reposant sur des artifices classes et novateurs, ou d'une enquête policière magnifiquement écrite et narrée, THE BUTTERFLY MURDERS ne cesse de surprendre et de divertir le spectateur. On ne s'y ennuye jamais une seule seconde, il y a toujours quelque chose pour capter l'attention. L'histoire, construite en "tiroirs" multiplie les enjeux et les mystères, et si le tout peut parfois s'avérer assez confus, en soit peu importe, THE BUTTERFLY MURDERS reste très compréhensible. Pourtant, l'enquête policière du film est assez étrange, et complexe, et n'est pas sans rappeler, comme je le disais, la dernière oeuvre de Tsui Hark, DETECTIVE DEE. Les deux films sont d'ailleurs assez comparables, leurs histoires ont pas mal de points communs, mais surtout, ils partagent le même mélange des genres complètement loufoque... Dee est ici remplacé par Fong Hong-Ye, personnage aux motivations floues mais au large intellect dont il est toujours agréable de suivre les raisonnements et les déductions. Par ailleurs, concernant les personnages, si les interprétations des divers acteurs du film sont honnêtes, elles sont toutefois loin d'être transcendantes, mais les personnages demeurent crédibles et vivants, merci a un scénario bien conçu et très bien écrit qui n'échappe malheureusement pas, par courts instants, aux éceuils de longueurs, dont on se serait sans doute bien passés...

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Dans tout cela, la mise en scène de Tsui Hark est aussi magistrale que d'ordinaire. Celle-ci se distingue et ce malgré tous les défauts d'images clairement visibles sur la copie et le manque de moyens évidents... Si la narration du film est innovante, ce n'est rien en regard de son visuel, Hark enchaîne les trouvailles qui dégomment et signe des plans absolument sublimes (comme le plan final, sans doute l'un des plus beaux qu'il m'ait été donné de voir). Mais son génie éclate avant tout dans des scènes de baston renversantes, magnifiquement chorégraphiées par ailleurs, dans lesquelles Hark s'amuse, comme à son habitude, à semer le chaos à l'écran. Le résultat : THE BUTTERFLY MURDERS est un film plus ou moins bordélique mais ou tout est lisible et les scènes d'action se suivent sans aucune difficulté. Le film avance d'idées loufoques en idées encore plus loufoques, comme c'est bien souvent le cas chez Tsui Hark, jusqu'au final, qui vous trouera assurément le cul par son nihilisme et les idées visuelles délirantes qui y sont développées...

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Dans la catégorie "premiers films de réalisateurs renommés", THE BUTTERFLY MURDERS place la barre très haut. On y ressent déja la patte de Tsui Hark, qui expérimente, détourne, cherche et le plus souvent trouve des idées complètement délirantes et magnifiques... Le tout a vieilli, bien sur, notamment au niveau de l'image mais cela n'entâche jamais le génie visuel du maître, de paire avec un scénario solide... THE BUTTERFLY MURDERS est un film suffisamment novateur et important pour qu'on s'y attarde, d'autant plus que Hark y développe un propos subversif intéréssant... Hark prendra d'ailleurs le bide commercial du film comme un échec personnel et ira encore plus loin dans la provocation et la subversion avec les très controversés HISTOIRES DE CANNIBALES et L'ENFER DES ARMES... Mais ceux-la, on y reviendra plus tard. En l'état, THE BUTTERFLY MURDERS reste un excellent film, loin d'être dépourvu de défauts certes, mais pourvu de suffisamment de qualités pour qu'on jette un coup d'oeil attentif. A voir!

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SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ...

  • L'ENFER DES ARMES de Tsui Hark.
  • HISTOIRES DE CANNIBALES de Tsui Hark.
  • THE BLADE de Tsui Hark.
  • DETECTIVE DEE de Tsui Hark.

-ZE RING-

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13 mai 2012

JU-ON

jaquette

RÉALISÉ PAR | TAKASHI SHIMIZU.
ÉCRIT PAR | TAKASHI SHIMIZU.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | SHIRO SATO.

MEGUMI OKINA | Rika Nishina.
MISAKI ITÔ | Hitomi Tokunaga.
MISA UEHARA | Izumi Tôyama.

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Une critique de plus sur ce blog... Seulement, la différence majeure, c'est que cette fois-ci, ce n'est pas moi, Ze Ring, qui écrit, mais Salinui Chueok. La bienvenue à ce nouveau rédacteur sur ce blog, qui, je l'espère, continuera à s'agrandir! -ZE RING-


Pour tout vous dire, je suis un peu un gros fan du cinoche d'horreur Asiat. Bon, surtout les Yurei Eiga, peut-être d/ailleurs parce que ce sont les plus nombreux et que les réals qui ne tombent pas dans les histoires de fantômes de petites filles aux cheveux pas très propres (voire crade, et de préférence très longs) se comptent sur les doigts d/une main. Je pense d/ailleurs surtout à Kiyoshi Kurosawa, prolifique cinéaste venu du Japon et qui s'est désormais payé une bonne réputation dans le domaine du cinéma de genre en alliant deux choses dont la culture nippone est totalement imprégnée, la poésie et la peur. JU-ON, n'en est pas tellement imprégné, mais il serait dommage de dire que le film en est exempt. Premièrement, c'est faux, et deuxièment, même en légère quantité, il y en a, voulue ou non. Avant de m'attaquer plus sérieusement au film qu'est JU-ON, je tiens à faire une petite parenthèse sur la poésie dans le cinéma d'horreur Japonais (vous comprendrez donc son importance dans le film). Ne vous inquiétez pas, ce ne sera pas long, au pire passez directement au troisième paragraphe.

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Bien que celle-ci soit rarement un élément central du film, elle l'englobe. La poésie a cette capacité de faire contraster peur et réalité de manière à rendre le tout ambigu et glauque. Par son aspect très onirique (rappelons nous la petite fille en parka et cartable dans DARK WATER, d'Hideo Nakata ), elle ajoute un aspect étrange et merveilleux dans l/intimité d/une vie au final extrêmement banale. Nous verrons donc dans énormément de films d'horreur, toujours Japonais, le personnage principal rentrer du boulot, se préparer à manger, prendre sa douche, emmener son enfant à l'école... La poésie se trouve très souvent dans des choses très banales du quotidien, mais elle doit rester quelque chose de fictif (vu qu'on ne la remarque pas, elle n'existe pas) car au final elle l'a toujours été, et c'est cela qui fait peur dans les films d'horreur nippons. La peur de l'inhabituel. Prenez un cartable de petite fille. Jusque-là, tout va bien non? Foutez-le dans un appartement complètement déserté et délabré d'un immeuble. Résultat? C'est étrange, glauque, ça fout mal à l'aise, mais c'est beau, captivant pour l'oeil, et tout cela couplé avec une mise en scène de génie (je n/ai pour l'instant pas vu de films d'horreur japonais dont la mise en scène m'ait rendu complètement indifférent ), vous obtenez un résultat magnifique. Et quand tout ça est sous la direction de réalisateurs tels qu'Hideo Nakata, Takashi Shimizu ou Kiyoshi Kurosawa, vous ne pouvez pas en ressortir indemne. C'est quelque chose qui prend à la gorge. Et de fait je ne peux que vous conseiller DARK WATER d'Hideo Nakata, un véritable chef d'oeuvre qui mêle peur et poésie avec beaucoup de subtilité et SÉANCES de Kiyoshi Kurosawa, qui est sûrement le film d'horreur le plus poétique que j'ai pu voir jusqu'à présent. En les visionnant (le second peut-être difficile à trouver cependant, hormis dans des coffrets), vous aurez une idée de ce que j'ai voulu dire dans ce paragraphe. Merci en tout cas à ceux qui ont lus cette parenthèse, même si j'ose avouer qu'elle est plutôt floue. Bref, on passe quand même à la critique de JU-ON!

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Takashi Shimizu est un cinéaste très connu au Japon dans le domaine de l'horreur. Il est assez facile de rapprocher le réalisateur d'Hideo Nakata dans le sens où les deux ont LEUR série (RING pour Nakata, THE GRUDGE pour Shimizu). Ils ont tout les deux faits de leur saga de véritables emblèmes du Yurei Eiga, quitte à en faire trop, puis surtout se sont auto-remakés plusieurs fois, mais cela sans jamais ennuyer le spectateur en reproposant la même chose comme avec FUNNY GAMES U.S d'Haneke ( attention je ne critique pas le film, je l'aime bien même ). On sent chez ces deux réalisateurs l'envie de proposer une expérience nouvelle, américanisée et stylisée mais pas trop des sagas qui les ont fait connaître. Nakata s'amusera donc par deux fois avec RING en nous concoctant 2 épisodes avec Naomi Watts (seul le premier de Verbinski vaut le coup d'oeil, c'est un très bon film) dont les différences avec les versions japonaises sont hyper flagrantes (d'ailleurs la version américaine de RING 2 est totalement différente de la version japonaise, et est malgré son niveau plutôt moyen bien meilleure que l'originale), et Shimizu quant à lui s'amusera tout simplement à garder tout les éléments scénaristiques et les personnages de JU-ON, mais en proposant un montage et donc un schéma différent. C'est sympa à voir, pas lassant, bon tous ces remakes ne valent pas leurs versions originales, mais ils ont le mérite de divertir et d'être ouverts à un plus grand public pour ceux que le cinéma japonais n'intéresserait pas (rien que Naomi Watts et Sarah Michelle Gellar, ça attire du monde, hein).

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Passées les premières mystérieuses secondes se contentant de simples écrits relatant une malédiction qui sévirait dans les endroits où de terribles meurtres blindés de rage jusqu'à la moelle ont eu lieu, le film (et ma critique) commence enfin. Il est intéressant de voir le choix très judicieux qu'a apporté Shimizu au lieu central du film. Effectivement le théâtre des horreurs ne sera rien d/autre qu'une simple mais très belle maison typiquement japonaise, avec son lot de portes coulissantes, d'escaliers à angles à 90°, de silences pesants (eh oui, on n'est pas dans un Ozu), mais surtout de verdures entourant la maison (intelligemment située dans une sorte de ruelle pour éviter tout contact extérieur). Ce sera ce cadre là la véritable poésie qui se dégagera du film, car oui c'est vert, c/est beau et écolo, mais surtout une bonne partie de la maison donne vers le soleil, et est donc constamment baignée d'une lumière pas trop vive mais suffisamment revigorante pour que l'on s'y sente bien, en bonne santé et plein d'entrain. Étrange comme décor de film d'horreur non? On est plutôt habitués à des cavernes, des souterrains, des maisons lugubres, mais surtout 95% du temps un soleil inexistant. C'est donc par ce film plutôt court (environ 1h30) que Shimizu nous donnera une petite leçon de ce qu/est la peur, mais surtout la peur en plein jour...
Le film est dans sa structure assez original. Celui-ci est découpé en plusieurs séquences variant généralement de 10 à 20 minutes chacunes, lesquelles se centrent sur un personnage en particulier, généralement jusqu'à son dernier souffle. Le changement de personnage se fait par le biais d'écrans noirs sur lesquels sont écrits les noms des prochaines victimes. C'est une structure totalement en adéquation avec le reste du film dans cette manière fataliste d'annoncer simplement le nom de la prochaine victime, comme si l'issue, quoi qu'il se passe, était inévitable et condamnait sans espoir de s'en sortir l'innocente victime ayant posée les pieds dans la baraque maudite. Reste à savoir la manière dont elle mourra, mais surtout dans quelles circonstances.
Ce n'est pas la manière de mourir, en soit, qui dérange, car de toute façon la mort n'est jamais montrée (cependant on voit le résultat, héhé, je laisse la surprise) de manière explicite. C'est plus ce qui la précède qui fera qui vous fera suer à vous en coller à votre fauteuil. La démarche du "fantôme tueur" (tro lol koi) est sacadée de sorte à instaurer une véritable sensation de malaise. D'autant que la mise en scène de Shimizu (je retiendrais une scène, bon attention petit spoil : où la caméra suit la démarche du fantôme caché derrière une sorte de cloison, c'est très ingénieux vu qu'on sait que la fantôme est là, mais qu'on ne le voit pas) est vraiment un modèle du genre. Les meurtres sont quasiment toujours commis dans des lieux sombres mais en pleine journée (bon de temps en temps, par exemple pour la soeur, non) et les acteurs miment très bien le malaise, pas comme un certain RING 2 où l'actrice principale en fait des tonnes, par exemple (troll).

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Ce qui fait au final de JU-ON un bon film (voire un très bon), c'est qu'il réunit tout ce que je considère qu'il faut dans un film d'horreur (enfin presque) : de la peur, une ambiance de folie, un fantôme hyper glauque, de bons acteurs, et une très bonne mise en scène. Le seul point donc que l'on pourra regretter, c'est ce scénario quasiment inexistant (bon il y en a un, mais il est léger, pas du tout passionnant, il est plus là pour dire qu'il est là). Mais il serait dommage de ne faire attention qu"à ça, car niveau ambiance, le film est une véritable réussite. C"est d'ailleurs le critère auquel j'attache personnellement le plus d'importance dans les films de ce genre. Cependant, le film n'est pas excellent non plus, je tiens à le dire, c'est un très bon film de peur, mais objectivement le reste n'est pas si exceptionnel que ça.

SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ...

  • SÉANCES de Kiyoshi Kurosawa.
  • RING d'Hideo Nakata.
  • JU-ON 2 de Takashi Shimizu
  • LA MORT EN LIGNE de Takashi Miike (d'ailleurs je prèfère celui-ci à JU-ON, super film)

-SALINUI CHUEOK-

6

1 mai 2012

PEKING OPERA BLUES

Jaquette

RÉALISÉ PAR | TSUI HARK.
ÉCRIT PAR | RAYMOND TO.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | JAMES WONG.

BRIGITTE LIN | Tsao Wan.
CHERIE CHUNG | Sheung Hung.
SALLY YEH | Pat Neil.
MARK CHENG | Ling Pak-Hoi.
KWOK KEUNG CHEUNG | Tung Man.
KENNETH TSANG | General Tsao.
FENG KU | Commandant Liu.

En 1913, la fille d'un seigneur de guerre (Brigitte Lin) rejoint un mouvement de liberation clandestin et rencontre une chanteuse cupide (Cherie Chung).

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On assimile bien souvent Tsui Hark a des oeuvres violentes et nihilistes comme THE BLADE ou L'ENFER DES ARMES. Toutefois, c'est un cinéaste a la carrière bien plus variée qu'elle n'y parait puisqu'au milieu de ces oeuvres violentes se tiennent d'autres, en contraste total avec ces dernières. C'est notamment le cas de PEKING OPERA BLUES, film on ne peut plus déconcertant, même dans la carrière d'un cinéaste comme Tsui Hark, puisque ce dernier s'amuse (et prend son pied, à la vision du film cela en devient évident) à mélanger les genres sans aucun complexe ou retenue... PEKING OPERA BLUES est une comédie mélangeant élément du film d'espionnage, d'arts martiaux, mais aussi d'importants hommages à tout un pan de la culture populaire chinoise, à commencer par l'opéra de Pékin, comme son titre l'indique... Mais la ou PEKING OPERA BLUES s'avère être une oeuvre véritablement exceptionnelle, c'est que tout ce pot pourri narratif fonctionne à merveille et ce, en permanence, mais en plus, Tsui Hark fait preuve d'une inventivité sans égal en détournant sans aucune limite les règles inhérentes a son genre et son sujet.

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En effet, si PEKING OPERA BLUES est une oeuvre profondément comique, c'est indéniable, c'est également une oeuvre qui s'avère surprenante dans la mesure ou en réalité elle ne tranche pas radicalement avec les films antérieurs de Tsui Hark... En effet, elle demeure une oeuvre ultra-violente qui ne lésine pas sur l'hémoglobine, ou ça se bastonne sans arrêt et sans aucune pitié (à ce titre, les chorégraphies de Ching Siu-Tung sont aussi fluides qu'elles sont brutales) mais qui ne manque pas de moments hilarants et de situations cocasses... Jouant avec sa narration dans le seul but de créer les situations les plus drôles possibles, Hark n'oublie cependant pas de rester fidèle à la grande force de son film : la façon dont il mélange des genres qui pourraient sembler radicalement opposés... Ainsi, dans la logique interne a PEKING OPERA BLUES, il n'est guère surprenant de trouver une scène profondément dramatique au milieu d'une autre profondément comique. Tsui Hark l'a compris, le seul moyen de faire marcher tout cela, c'est en dressant de manière précise le portrait de plusieurs personnages, tous aussi loufoques qu'ils sont différents, afin de jouer par la suite avec leurs personnalités et états d'âmes. De cette façon, Hark peut se permettre très facilement de jouer avec des registres très différents, chaque personnage ayant des enjeux dramatiques (ou comiques, c'est selon) qui lui sont propres. Les personnages sont indéniablement la grande qualité de ce PEKING OPERA BLUES, et tous ont droit a leur heure de gloire, aucun n'étant laissé en retrait, ce qui au vu du nombre de personnages dans le film, est un véritable exploit.

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L'exploit narratif se poursuit lorsqu'une première partie hilarante laisse place à une deuxième partie qui recentre de manière explicite les enjeux les plus dramatiques du film... Ainsi la cocasse histoire d'espionnage de la première partie laisse place a une deuxième partie bien plus violente et tendue, ou la vengeance tient une place évidente. Qui plus est, dans tout ce mélange de genre, Hark détourne avec brio tous les codes inhérents a l'opéra de Pékin, -suffisamment explicités dans le film pour être compris par un public occidental-, au travers d'un tour de force narratif dont je tairai les détails, bien trop ingénieux et drôles pour que je les dévoile ici sans aucune finesse... La narration, c'est sans doute une des plus grandes qualités de PEKING OPERA BLUES, le screenplay de Raymond To multipliant les personnages et les enjeux pour mieux les faire converger vers un point précis. Le film, brillament construit en crescendo, fait preuve d'un rythme non-stop absolument incroyable. De temps morts, PEKING OPERA BLUES est absolument exempt, tout s'enchaine avec une fluidité qui inspire et a laquelle la mise en scène fait énormément honneur. En effet, à la vision du film, il est évident que peu de metteurs en scène auraient pu réaliser PEKING OPERA BLUES, Tsui Hark s'avère être un choix on ne peut plus judicieux dans la mesure ou sa gestion de l'espace et du temps hors du commun lui permettent de donner vie a des moments de bravoure cinématographique relevant purement et simplement du jamais vu, c'est notamment le cas de la deuxième scène "d'opéra" ou les enjeux se multiplient en même temps que les genres présents dans la même scène... Le tout s'avère tellement fou mais aussi tellement maîtrisé que cela inspire forcément le respect. Tsui Hark perd littéralement le spectateur dans tout ce florilège de genres et de situations dingues mais ce dernier ne perd jamais ses marques. Une fois de plus, le chaos propre a Tsui Hark s'avère tout aussi renversant et fou qu'il est organisé et minutieusement pensé (je vais devoir arrêter de chroniquer des Tsui Hark, j'ai vraiment l'impression de radoter.).

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Dans tout ça, on retrouve un trio d'actrices tout bonnement exceptionnel, donnant vie a des personnages pas nécessairement faciles à interpréter de façon toujours différentes et inventives, le trio Lin - Yeh - Chung participe activement à la réussite qu'est PEKING OPERA BLUES, donnant une intensité dramatique ou comique, encore une fois c'est selon, aux scènes qu'elles animent. Toutefois, la palme revient très clairement à Kenneth Tsang, excellent acteur bien trop souvent rélégué a l'arrière plan, qui ici livre le portrait magnifique d'un personnage bourru et touchant, le bonhomme vole la vedette a chaque apparition et fait preuve d'un charisme pour le moins insolite. Tsang trouve ici l'un de ses meilleurs rôles, voire, tout simplement, son meilleur... A tout ce beau monde se rajoutent des seconds couteaux tous aussi talentueux les uns que les autres qui donnent vie a l'univers déjanté de ce PEKING OPERA BLUES pour le moins exceptionnel.

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Vous l'aurez compris, PEKING OPERA BLUES est un grand film... Mais, car il y a un mais, c'est un grand film qui demeure difficilement trouvable. Il n'y a pas d'édition disponible en France et le film n'existe sans doute qu'en VO sous-titrée anglais, disponible sur le Blu-Ray chinois (qu'il est possible "d'acquérir" sur le net.). Mais ce PEKING OPERA BLUES vaut la peine et l'effort. En effet, il s'agit d'une des meilleures oeuvres de Tsui Hark, tour à tour drôle, émouvant, ahurissant, violent... Une alchimie des genres et des registres absolument incroyable, qui, si vous avez la chance, vous laissera a coup sur un souvenir indélébile et vous marquera a vie la rétine. Un chef d'oeuvre, tout simplement.

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SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ...

  • THE LOVERS de Tsui Hark.
  • IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE de Tsui Hark.
  • IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE II de Tsui Hark.

-ZE RING-

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