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ZE LORD OF THE RING
ZE LORD OF THE RING
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Derniers commentaires
15 juin 2012

POSSESSION

Jaquette

RÉALISÉ PAR | ANDRZEJ ZULAWSKI.
ÉCRIT PAR | ANDRZEJ ZULAWSKI ET FREDERIC TUTEN.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | ANDREJ KORYNSKI.

ISABELLE ADJANI | Anna.
SAM NEILL | Mark.
HEINZ BENNENT | Heinrich.

Mark (Sam Neill) est un père de famille terriblement désorienté par sa vie affective, sa femme Anna (Isabelle Adjani) ayant un comportement qu’il ne parvient jamais à comprendre. Ayant appris de sa bouche qu’elle avait un amant, Mark sombre alors dans une profonde dépression, avant de revenir à l’appartement commun pour tenter de remettre de l’ordre dans sa vie.

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ZE LORD OF THE RING accueille un nouveau rédacteur... Ceux qui se promènent un peu ici le connaissent sans doute déja, il s'agit de Jamesluctor qui a concocté pour le blog une critique de POSSESSION... Bienvenue à lui! -ZE RING-


POSSESSION est un chef d’œuvre. Un vrai. Même si on est loin de comprendre tout ce que l’on voit, on est happé par un spectacle qui nous échappe totalement, qui nous dépasse sans que nous puissions y faire quoi que ce soit. En somme, ce film a sur nous le même effet que le personnage d’Isabelle Adjani sur Sam Neill. Si un tel titre nous laissait entrevoir la possibilité d'un récit d'exorcisme, le ton du récit nous écarte rapidement de cette piste, se focalisant directement sur le traumatisme amoureux de son protagoniste masculin. Sam Neill est ici l’époux totalement dépendant de sa vie de famille, s’attachant de façon maladive à sa femme (dès les 10 premières minutes du film, après son départ précipité dans un hôtel, la rupture avec sa femme prononcée, il gesticule en gémissant sur son lit), et ayant un besoin impératif de comprendre son fonctionnement, sa logique. Alors que cette dernière n’en a apparemment pas. Elle semble d’abord tenir à son amant, mais elle revient à l’appartement familial (où vit Mark et leur fils), où elle laisse parler Mark sans jamais lui fournir les réponses attendues. Pour ainsi dire, elle va d'une chose à son contraire en acquiesçant à chaque question de son mari, sans donner de détail ni développer sa pensée (elle laisse clairement Mark penser ce qu'il veut).
N’y tenant plus, Mark rend alors visite à l’amant d’Anna, Heinrich, dans l’espoir de comprendre, et de pouvoir faire face à la situation. La découverte de ce nouveau sommet du triangle amoureux se fait dans une ambiance des plus étranges, ce nouveau personnage tentant carrément de séduire Mark (il lui tourne autour, presse ses mains sur son torse, lui caresse le visage…) avant que l’entrevue ne se solde par une bagarre plutôt brutale. Jusqu’ici, nous ne vivions qu’un drame amoureux assez tendu au niveau de l’interprétation, les acteurs jouant tous à fleur de peau. Mais le récit prend véritablement une tournure de thriller quand on découvre qu’Anna ne passe en fait son temps ni avec Mark, ni avec Heinrich. Vu qu'Anna disparaîssait pendant des journées entières, négligeant de s'occuper de son gosse, on commence à se poser de sérieuses questions. Le film entre dans une espèce de jeu qui rappelle le VERTIGO d’Hitchcock, avec des sentiments exacerbés pour les personnages dépeints toujours avec une véritable logique comportementale. Et sans crier gare, on bascule dans un fantastique Cronenbergien au contenu passionnant, au sens métaphorique terrassant (on est vraiment bouche bée devant le ton que prend le récit, il tourne dans une sorte de dépendance amoureuse monstrueuse, déviante, maladive quand on voit la violence qui s'empare des personnages).

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POSSESSION mixe alors deux registres différents, utilisant d’un côté un fantastique incarné dans une créature que ne renierait pas Cronenberg (ici entièrement tournée vers l'amour charnel), et une structure dramatique concernant Isabelle Adjani qui évoque en droite ligne HELLRAISER 1 (la frustration de Julia), qui bien qu’étant moins gore, pousse son propos et ses fantasmes plus loin que ne l’avait fait Clive Barker. Il faut voir ce plan séquence incroyable, où Isabelle Adjani, marchant dans le métro, passe en 5 minutes de l’état d’une passante lambda à celui d’une furie possédée, terrifiante en face de nous, achevant sa scène dans un délire gore incompréhensible mais profondément angoissant. Pour peu que le spectateur se soit plongé dans le film, il vivra un moment d'angoisse qu'il ne sera pas prêt d'oublier. Une vraie performance d'actrice, folle, impressionnante. Sur le plan de la simple performance d’acteur, tous les artistes de ce film sont admirables. Leur jeu est poussé à l'extrême, leurs émotions sont parfaitement logiques malgré les dérapages fréquents dans le fantastique, qui fascinent du début à la fin, nous offrant des moments de pure tension, de folie ultra crédible (Sam Neill se mutile au couteau électrique, Isabelle est la tarée la plus impressionnante vue à l'écran (des interprétations aussi jusqu'auboutistes se comptent sur les doigts d'une main)…) et de métaphore fantastique (le face à face final dans la cage d’escalier maculée de sang sur toute sa longueur est une séquence d'une intensité rare). POSSESSION, c’est la force des images et d’une histoire intimiste, profondément dérangeante et faisant ressurgir des peurs terrifiantes (touchant à l'une des principales angoisses de l'homme : l'amour), portés par des personnages psychologiquement perturbés et perturbants, dont les performances d’acteurs ahurissantes devraient marquer à vie les spectateurs qui s’y confronteraient. Qui pensait qu’un chef d’œuvre définitif était sorti en 1981 ?...

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Si vous avez aimé ce film, vous aimerez...

  • L'IMPORTANT, C'EST D'AIMER d'Andrzej Zulawski.
  • HELLRAISER de Clive Barker.
  • Le segment I LOVE YOU du film THE THEATRE BIZARRE.

-JAMESLUCTOR-

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15 juin 2012

TURKISH STAR WARS

turkish star W

RÉALISÉ PAR | CETIN INANC.
ÉCRIT PAR | CÜNEYT ARKIN.

CÜNEYT ARKIN | Murat.
AYTEKIN AKKAYA | Ali.
FÜSUN USAR | Bilgin'in Kizi.

L'humanité vit paisiblement et possède une technologie avancée. Mais des méchants hommes veulent utiliser cette technologie pour devenir immortels. S'opposent alors l'Empire Tyrannique et les gentils humains. Pour se protéger des méchants, les gentils créent un bouclier autour de la Terre. Les méchants veulent alors s'emparer du cerveau des humains pour conquérir notre planète.

turkish_star_wars2


Oliver revient avec une critique de nanar en plus.... Sans doute la dernière... Alors autant finir en beauté! Après cela viendra une nouvelle critique, d'un nouveau rédacteur dont je ne dévoilerai pas l'identité maintenant... Et peut-être un cycle sur la trilogie STREET FIGHTER avec Sonny Chiba! A bientôt! -ZE RING-


Attention, vous avez devant vous le nanar ultime ! J'ai nommé TURKISH STAR WARS, réalisé par Cetin Inanç en 1982.
Pour l'anecdote, TURKISH STAR WARS est considéré comme le film le plus nul de toute l'histoire du cinéma, un titre qu'il partage avec la bisserie réalisée par Ed Wood, PLAN 9 FROM OUTER SPACE.
A noter qu'il existe une suite, donc, TURKISH STAR WARS, sorti en 2006, que je n'ai hélas pas vu, mais qui semble parodier les films de science fiction à succès, tout en effectuant quelques clins d'oeil à son prédécesseur.

Avec TURKISH STAR WARS, Cetin Inanç retrouve son acteur (enfin... acteur...) fétiche, Cüneyt Arkin, qui s'est surtout distingué dans des productions douteuses aux titres évocateurs.

TSW

Au hasard, nous citerons TURKISH FIRST BLOOD, plus connu sous le nom de VAHSI KAN. Difficile de résumer un film tel que TURKISH STAR WARS.
L'introduction de cette série Z a le mérite de présenter les hostilités via un montage épileptique, brouillon, totalement incompréhensible et reprenant certaines séquences spatiales de STAR WARS : LA GUERRE DES ÉTOILES.

turkish_star_wars_01

C'est aussi ce montage complètement foireux qui va contribuer à rendre ce nanar populaire sur la Toile. L'air de rien, avec les années, TURKISH STAR WARS s'est taillé une solide réputation sur le net.
Pour bien comprendre de quoi il en retourne, il est nécessaire de dévoiler les grandes lignes du scénario.
Donc, attention, ça risque de faire mal au plus profond du trou de balle !
Dans le futur, l'Humanité vit paisiblement et possède une technologie très avancée. Toutefois, le vil Sorcier de l'Empire Tyrannique, une sorte de Dark Vador à la sauce kebab, veut s'emparer du cerveau humain pour devenir immortel.
Murat et Ali, deux pilotes de vaisseaux spatiaux, s'écrasent sur une planète inconnue. Sur place, ils doivent faire face à un territoire hostile et dominé par la dictature du Sorcier galactique. Voilà pour les hostilités d'un scénario définitivement à la ramasse !
Pour ceux qui auraient compris quelque chose, merci de m'écrire de toute urgence !

turkish_star_wars_5
Le Dark Vador turc...

Vous l'avez donc compris: TURKISH STAR WARS est une série Z fauchée qui doit composer avec les moyens du bord, soit la totalité du SMIC albanais (enfin... le SMIC turc en l'occurrence). L'image est parfois très floue, saccadée et le film passe souvent d'une séquence à une autre sans établir de liens logiques.
La bande originale du film reprend la musique du long-métrage original, ainsi que celle d'INDIANA JONES mais en mode cacophonique et inaudible.


Pour le nanardeur averti, il faudra donc se boucher les oreilles, sans compter que parfois, sans que l'on comprenne pourquoi, un homme masqué (un monstre peut-être?) apparaît sans crier gare, les scènes étant régulièrement entrecoupées par des séquences spatiales totalement incompréhensibles.
Pour le reste, TURKISH STAR WARS contient de nombreuses séquences d'anthologie. Enfin... d'anthologie... Tout du moins, sur le baromètre du nanar !


Plus qu'un film de science fiction, TURKISH STAR WARS est aussi un film d'arts martiaux à la sauce harissa. Il faudra donc se contenter de combats totalement surréalistes avec des monstres moisis, des bonhommes en mousse, des squelettes enrobés dans une sorte de papier toilette... et la liste est longue !
A cela, rajoutez quelques séquences de trampoline durant lesquelles le héros, Murat (Cüneyt Arkin) effectue des sauts périlleux, et des bonds sur le sol pour mieux atterrir sur la tronche de ses ennemis en carton !

Les exemples sont hélas nombreux. Toujours est-il que le spectacle est totalement indescriptible et dépasse les limites de la connerie filmique ! Tout nanardeur digne de nom se doit d'avoir vu TURKISH STAR WARS!
Encore une fois, c'est la réalisation totalement bordélique de Cetin Inanç qui fait la différence ! Ed Wood et son PLAN 9 FROM OUTER SPACE peuvent aller faire un petit tour ! Encore une fois, TURKISH STAR WARS est le nanar ultime.


Ne cherchez plus, vous avez devant vous le film le plus nul de toute l'histoire du cinéma. Pourtant, malgré tous ses défauts (et ils sont extrêmement nombreux), TURKISH STAR WARS reste un film hors norme dans le noble septième art et un bijou de nanardise dans le monde du cinéma.
D'ailleurs, peut-on encore réellement parler de cinéma ? Telle est la question. Je vous laisse donc apprécier les photos et les diverses vidéos. Toutefois, faites gaffe, on ne s'en remet vraiment pas facilement !

SI VOUS AVEZ TELLEMENT RI DEVANT CE NANAR QUE VOUS EN AVEZ EU MAL AUX MUSCLES ABDOMINAUX, ALORS VOUS DEVEZ VOIR...

  • PLAN 9 FROM OUTER SPACE d'Ed Wood.
  • DEATH WARRIOR de Cetin Inanç et Cüteyn Arkin.
  • TURKISH FIRST BLOOD de Cetin Inanç.
  • LES RATS DE MANHATTAN de Bruno Mattéi.

-ALICE IN OLIVER-


13 juin 2012

ROBOCOP

Jaquette
RÉALISÉ PAR | PAUL VERHOEVEN.
ÉCRIT PAR | EDWARD NEUMEIER ET MICHAEL MINER.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | BASIL POLEDOURIS.

PETER WELLER | Alex J. Murphy - RoboCop
NANCY ALLEN | Anne Lewis.
RONNY COX | Dick Jones.
KURTWOOD SMITH | Clarence Boddicker.

Dans un futur proche, les flics se font tuer un par un, dans la ville de Detroit. Murphy (Peter Weller) en fait partie et des scientifiques vont lui donner une seconde chance. Il va devenir RoboCop, mi homme, mi robot et flic indestructible. Mais il lui manque sa mémoire, qu'il va vite retrouver...

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Attention film culte ! J'ai nommé ROBOCOP, réalisé par Paul Verhoeven en 1987. Je dois également l'avouer : ROBOCOP fait partie de mes films préférés. C'est aussi le premier long-métrage américain de Paul Verhoeven, un cinéaste hollandais (très connu dans son pays), peu convaincu par le script au départ.
En même temps, comment ne pas sourire devant un tel titre et l'histoire d'un homme qui devient une machine ?
Pourtant, malgré les apparences, ROBOCOP est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, les thématiques étant riches et variées.
Le thème central du film repose avant tout sur la quête de l'âme humaine. ROBOCOP est un personnage en perpétuel conflit identitaire.
Toutefois, le cyborg ne cessera d'évoluer tout au long du film.
D'une certaine façon, ROBOCOP ressemble beaucoup à la créature de Frankenstein, elle aussi en quête d'identité. ROBOCOP est à la fois une machine, un être humain, un produit de l'OCP et un programme, obéissant à des directives précises.

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ATTENTION, SPOILERS ! Alex J. Murphy est abattu sauvagement par une bande de voyous sous les yeux de sa collègue, Lewis (Nancy Allen).
Pour le cartel OCP, la mort de ce policier est une véritable aubaine.
En effet, la criminalité règne dans la ville de Détroit. Il est temps désormais d'éradiquer la violence par une nouvelle arme : RoboCop, un cyborg très puissant et quasiment invincible.
Le corps de Murphy est donc utilisé pour servir de plus grandes ambitions. L'ancien flic devient donc RoboCop. Mais il n'y a pas de résurrection sans crucifixion.
La mort de Murphy est insoutenable et rendue ultra violente par la caméra de Verhoeven. Cette séquence est destinée à poursuivre le spectateur tout au long du film.
De ce fait, RoboCop a une vraie dimension christique, le supplice de Murphy n'étant pas sans rappeler le martyr de Jésus-Christ sur la croix.
Lui aussi est de retour à la vie et apparaît alors comme un Jesus américain des temps modernes. Pour s'en convaincre, il suffit de voir comment Paul Verhoeven filme son androïde de service, ce dernier marchant quasiment sur l'eau lorsqu'il affronte quelques voyous dans une ancienne raffinerie.

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Le plus intéressant reste l'évolution psychologique du cyborg, ce dernier affirmant clairement son identité dans la dernière réplique du film :
"-Vous êtes un excellent tireur jeune homme. Vous vous appelez ?
-Murphy !"
Pourtant, le robot n'est pas au bout de ses peines. Dans un premier temps, des souvenirs de son passé humain reviennent à la surface via plusieurs cauchemars de son exécution sadique.
Par la suite, c'est son ancienne collègue (donc, Lewis) qui le rappelle à lui ("Murphy, c'est vous !"). Le cyborg finit par vérifier les archives de la police et tombe sur le casier judiciaire de ses anciens tortionnaires. Pire encore, il découvre que ses truands sont soutenus par le numéro 2 de l'OCP, un certain Dick Jones. RoboCop décide d'arrêter l'intéressé.
Encore une fois, RoboCop est atteint du syndrome de la créature de Frankenstein. Lui aussi se retourne contre son créateur mais se retrouve désactivé par une directive prioritaire.
En résumé, la machine ne peut se rebeller contre ses maîtres.

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Ensuite, le cyborg découvre aussi son passé humain, via une séquence tragique se déroulant dans l'ancienne demeure de Murphy.
Au-delà de ce personnage complexe et passionnant, Paul Verhoeven en profite pour égratigner l'Amérique des années Reagan, dénonçant un pouvoir corrompu et une société à la dérive.
Ce dernier point est renforcé par un humour noir omniprésent et des plus jouissifs (je renvoie aux courts intermèdes publicitaires).
Pour Verhoeven, c'est un moyen comme un autre de mettre en avant un capitalisme aveugle, à l'image de ED 209, une machine de guerre froide et impitoyable.
Bref, Paul Verhoeven signe un film de science fiction nihiliste, qui n'est pas si éloigné de notre réalité.

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Si vous avez aimé ce film, vous aimerez...

  • STARSHIP TROOPERS de Paul Verhoeven.
  • TOTAL RECALL de Paul Verhoeven.

-ALICE IN OLIVER-

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5 juin 2012

L'ENFER DES ARMES

Jaquette1

RÉALISÉ PAR | TSUI HARK.
ÉCRIT PAR | TSUI HARK ET CHEUK-HON SZETO.
MUSIQUE COMPOSÉE ET CHOISIE PAR | SIU-LAM TANG ET LEUN YU.

CHI LIN CHEN | Wan-chu.
ALBERT AU | Paul.
LUNG TIN SANG | Lung.
CHE BIU LAW | Ko.
LO LIEH | Inspecteur Tan.

Trois jeunes font exploser une bombe dans un cinéma. Wan-chu (Chi Lin Chen), une jeune fille psychotique et dangereuse, les menace de les livrer a la police s'ils ne l'aident pas à monter un autre attentat à la bombe.

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Après les échecs de THE BUTTERFLY MURDERS et HISTOIRES DE CANNIBALES, Tsui Hark à plus la rage que jamais. Il s'apprête donc à se lancer dans son projet le plus radical, le plus subversif, le plus nihiliste et surtout le plus controversé : le mythique L'ENFER DES ARMES. Avant même qu'il soit sorti, le film provoqua un scandale, menant au retournage de plus d'un tiers du film pour le rendre moins subversif et moins violent, ce qui a donné la version internationale, qui fut la seule visible pendant 20 ans... Jusqu'a ce que l'éditeur HK VIDEO retrouve la version non censurée du film et la ré-édite. Aujourd'hui, c'est bien de celle-là dont on va parler. Malgré la qualité par moments très mauvaise de l'image et du son de cette dernière, un constat s'impose très vite : au vu d'un tel monument de subversion, toutes les actions de censure commises à l'égard de L'ENFER DES ARMES ne paraissent que peu étonnantes...

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Souvent considéré comme l'ORANGE MÉCANIQUE chinois, L'ENFER DES ARMES n'a pourtant que très peu en commun avec le film de Stanley Kubrick. En effet, si Tsui Hark met en scène des jeunes aux actes destructeurs, ce dernier ne cherche jamais à étudier le problème de la violence chez ces derniers mais se sert davantage de ce trio principal comme un moyen de dénoncer les très nombreux problèmes de la société hong-kongaise, et ce, avec hargne. Tout comme THE BUTTERFLY MURDERS et HISTOIRES DE CANNIBALES, L'ENFER DES ARMES est un film violemment enragé ou tout le monde se prend sa petite baffe : les occidentaux (n'oublions pas qu'en 1980, Hong Kong est au bord de la rétrocession), les jeunes, les bourgeois, la police... Seul le personnage de Wan-chu se distingue. Tsui Hark met une fois de plus en avant le protagoniste féminin de son récit et valorise cette dernière, et ce malgré sa philosophie de vie nihiliste et dangereuse... Pourtant, dans la logique inhérente au film et à son propos, la philosophie nihiliste de ce personnage parait valoir bien mieux que les actes de violence dangereux auxquels le trio de jeunes principal ne s'adonne que par jeu... Si L'ENFER DES ARMES montre une jeunesse hong-kongaise complètement désoeuvrée et sans repère, cela n'empêche pas Tsui Hark de les mépriser et de le montrer de la manière la plus explicite possible. Malgré cela, ces trois personnages restent au centre de la descente aux enfers ultra-violente que L'ENFER DES ARMES constitue. Au travers du regard de ces personnages, Hark livre un portrait pessimiste et noir de la société hong-kongaise, toutefois, cela lui permet aussi comme à son habitude de jouer avec brio avec les genres qu'il exploite... Toutefois, si Hark à pour habitude de mêler à tous les genres, même à ceux qui s'y prêtent en apparence le moins, des éléments de comédie, ici, il n'y en a aucun. En effet, L'ENFER DES ARMES est très certainement, avec THE BLADE, le film le plus noir et le plus sans concession de son réalisateur, et si malgré leur noirceur et leur violence, on pouvait trouver dans THE LOVERS ou HISTOIRES DE CANNIBALES des éléments comiques, ici la violence et la subversion prennent le pas sur tout le reste.

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Et à vrai dire, tant mieux, tant cela donne à L'ENFER DES ARMES une dimension viscérale presque inégalée dans la filmographie du grand Tsui Hark. Ce dernier enchaine les scènes de violence avec un rythme modéré certes mais avec une intensité incroyable, et sacrifie ses personnages à un rythme infernal et ce toujours de manière inattendue. Hark ne fait aucune concession et livre une oeuvre ou les scènes de violence choquantes et perturbantes s'enchainent sans aucune forme de pitié. La violence, ici, est utilisée à 100 pourcents pour soutenir le propos subversif d'Hark, loin d'être particulièrement compliqué ni même très subtil, Hark le montrant au travers de métaphores visuelles évidentes et d'une violence à la limite de l'excès... Et une fois de plus, tant mieux, tant l'ambition de L'ENFER DES ARMES est de provoquer un véritable bouleversement social. Et si, de ce point de vue, malgré la qualité évidente du film, il en demeure un échec, on ne peut pas en dire autant de son impact sur le cinéma... En effet, il y un avant et un après L'ENFER DES ARMES pour le cinéma hong-kongais, le film ne cessant de pousser dans ses plus grands retranchements les limites de ce dernier. En effet, en 1980, le cinéma hong-kongais subit un véritable essoufflement, les cinéastes ne semblent plus avoir d'inspiration... Jusqu'a ce que Tsui Hark arrive avec L'ENFER DES ARMES et ses potes de la nouvelle vague, qui l'aideront par ailleurs à retourner le film après lorsqu'il sera jugé "insortable" par la censure... L'ENFER DES ARMES incarne en effet parfaitement la démarche du mouvement hong-kongais des années 80-90, c'est-à-dire délivrer un cinéma original notamment au travers du détournement des codes narratifs (et visuels, en ce qui concerne les plus grands génies du mouvement, comme Hark ou John Woo) ou encore de l'usage extensif d'une violence graphique stylisée, le tout ayant finalement pour but de retourner le cinéma sur sa tête... Mission accomplie avec L'ENFER DES ARMES, après cela, le cinéma hong-kongais ne sera plus jamais le même, d'autant plus que malgré son bide injuste, il permettra à Hark de se faire une réputation de fou furieux et de tourner son premier grand succès : ZU, LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE...

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Une fois, en regard de la qualité du métrage, il n'y a la rien de bien étonnant dans la mesure ou la mise en scène de L'ENFER DES ARMES est toute aussi réussie que son propos subversif. En effet, si l'on est encore très loin des réussites visuelles que sont THE BLADE et TIME AND TIDE, L'ENFER DES ARMES demeure tout de même un pur monument de mise en scène, ou la violence est perpétuellement stylisée mais ce sans les maniérismes qui illustrent habituellement Tsui Hark. L'immersion est réelle et le tout s'avère prenant à chaque instant, merci à la rigueur et à la maitrise visuelle du maître qui soigne chaque plan et magnifie chaque scène par une gestion de l'espace et du temps absolument incroyable... Qui plus est, les choses s'enchainent avec ce légendaire L'ENFER DES ARMES avec un rythme non-stop et la diversité des situations dans lesquels se foutent les protagonistes empêche absolument toute forme de répétition... Vous l'aurez compris, comme nimporte quel film de Hark qui se respecte, L'ENFER DES ARMES, avant d'être une oeuvre subversive et dérangeante, est avant tout un divertissement ; un divertissement des plus costauds il est vrai mais un divertissement quand même, un film d'une pureté et d'une sincérité absolue ou les genres se mélangent pour le plus grand plaisir du spectateur médusé. A tout cela se rajoutent les superbes interprétations de Lo Lieh et de Chi Lin Chen, donnant vie à des personnages que Hark n'oublie jamais, les développant toujours de manière la plus ambigue possible et de manière détaillée et précise.

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L'ENFER DES ARMES, c'est une des oeuvres les plus subversives et les plus provocatrices jamais filmées à Hong Kong. Mais c'est également une oeuvre viscérale, traumatisante, qui laisse complètement sur le carreau. Mais surtout c'est le premier très grand film d'un cinéaste dont j'ai pas encore fini de parler ici... Tsui Hark signe avec L'ENFER DES ARMES son troisième film seulement, toutefois, il s'agit très certainement d'une de ses oeuvres les plus abouties, d'une maîtrise et d'une force qui inspire le respect et qui lui permet aisément de se glisser parmi les meilleures oeuvres tournées à Hong Kong... Un film révolutionnaire d'une importance qu'on aurait bien tort de sous-estimer et que tout cinéphile qui se respecte devrait voir au pas de course. Car au-dela de son aspect révolutionnaire, L'ENFER DES ARMES est également un film purement jouissif, et l'un des rares à trouver l'équilibre parfait entre hargne, subversion et divertissement. Ca donne envie, non?

CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER A LA GALERIE COMPLETE DU FILM

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SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ AUSSI...

-ZE RING-

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3 juin 2012

PLAN 9 FROM OUTER SPACE

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RÉALISÉ PAR | ED WOOD.
ÉCRIT PAR | ED WOOD.

GREGORY WALCOTT | Jeff Trent.
MONA McKINNON | Paula Trent.
DUKE MOORE | Lieutenant Harper.
TOM KEENE | Colonel Edwards.

Des extraterrestres appliquent le plan 9 destiné à manoeuvrer les Terriens. Plan diabolique, il consiste à la résurrection des morts en introduisant des électrodes à longue portée.

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On souhaite la bienvenue a notre nanardeux favori, ALICE IN OLIVER, qui signe aujourd'hui sa première critique sur ZE LORD OF THE RING! - ZE RING-


Film culte s'il en est. J'ai nommé PLAN 9 FROM OUTER SPACE, réalisé par Ed Wood en 1959. Ne cherchez plus ! Vous avez devant vous le film le plus nul de toute l'histoire du cinéma, un titre qu'il partage avec TURKISH STAR WARS de Cetin Inanç.
En vérité, PLAN 9 FROM OUTER SPACE ne gagnera sa réputation de film culte que dans les années 80. Dans un livre consacré aux pires inepties du cinéma, les deux auteurs, Michael et Harry Medved qualifient PLAN 9 FROM OUTER SPACE comme étant le pire film jamais réalisé.
Cette série Z commence à faire parler d'elle et Ed Wood devient à jamais le plus mauvais cinéaste que le septième art ait porté.
Pourtant, le réalisateur ne profitera jamais de cette gloire tardive puisqu'il meurt à la fin des années 70.
A l'origine, le film devait s'intituler GRAVE ROBBERS FROM OUTER SPACE mais Ed Wood devra revoir sa copie afin de satisfaire les producteurs.
D'ailleurs, ce sont les anecdotes autour de cette série Z qui font tout le charme de ce film de science fiction cocasse, fun et totalement involontaire.
A la fin des années 50, Ed Wood est un réalisateur à la dérive. Ses précédents longs-métrages ont faire un bide commercial.
Aucun producteur ne veut financer ses films et personne se semble reconnaître son talent.
Mais peu importe, le cinéaste semble transporté par une foi inébranlable. Avec PLAN 9 FROM OUTER SPACE, Ed Wood espère enfin signer son chef d'oeuvre absolu, le film qui le consacrera enfin parmi les grands réalisateurs d'Hollywood.
Hélas, le tournage du film sera un véritable casse-tête pour le cinéaste. Ed Wood devra faire appel à l'Eglise Baptiste pour réaliser PLAN 9 FROM OUTER SPACE.
Le cinéaste et son équipe sont donc obligés de se faire baptiser afin de satisfaire les producteurs.

plan 9a

Pire encore, l'acteur fétiche du réalisateur, Bela Lugosi, meurt peu avant le tournage. Ed Wood reste inconsolable.
Mais encore une fois, peu importe, Ed Wood veut lui rendre hommage et poursuit la réalisation du film. Pour cela, il intègre quelques séquences tournées avec l'acteur dans le film. Bela Lugosi n'est plus mais il sera la star de PLAN 9 FROM OUTER SPACE.
Ed Wood est obligé alors de trouver un sosie de Bela Lugosi pour le remplacer.
Certes, le réalisateur semble frappé par la pseudo ressemblance entre le chiropracteur de sa femme et l'acteur. Hélas, Ed Wood est bien la seule personne à trouver quelque ressemblance avec l'acteur décédé.
Mais encore une fois, peu importe, le faux sosie cachera son visage avec le bout d'une cape noire. Voilà pour l'ensemble des anecdotes qui entourent le tournage de cette série Z sans le sou mais réalisée par un cinéaste passionné.

plan 9

Toutes ces anecdotes sont importantes puisqu'elles permettent de comprendre l'essence même de ce film, ce qu'il va représenter par la suite dans le cinéma en général, et dans l'univers du nanar en particulier.
ObjectivementPLAN 9 FROM OUTER SPACE n'est pas le plus mauvais film de toute l'histoire du cinéma. Par exemple, TURKISH STAR WARS, que j'ai déjà cité, le dépasse largement en terme de nanardise et de médiocrité.
En vérité, PLAN 9 FROM OUTER SPACE contient tous les ingrédients qui font le sel et le charme du nanar absolu et involontaire.
Cette série Z apparaît surtout comme un film réalisé par un auteur farfelu mais incapable de transposer ses délires et ses fantasmes oniriques sur pellicule.
Pour faire court, rien ne va. PLAN 9 FROM OUTER SPACE est bourré de défauts: scènes totalement incohérentes, dialogues à se pisser dessus, mauvais montage, faux raccords, effets spéciaux médiocres, même pour l'époque, et des acteurs à la dérive font partie du menu fretin.
Même remarque pour le scénario qui a le mérite de résumer parfaitement l'excentricité de son auteur: des extraterrestres aux vils intentions appliquent un plan diabolique (le plan 9) et réveillent les morts afin que ces derniers tuent les personnes encore vivantes sur la Terre. Dans ce désastre filmique, Ed Wood varie les hostilités entre des soucoupes volantes en carton, des zombies moisis, des flics à la dérive et parfois la même séquence se déroulant successivement de jour comme de nuit sans aucune cohérence narrative.

Plan-9-from-Outer-Space1

Quant aux morts-vivants censés envahir la Terre, ils sont au nombre de quatre. Pour les extraterrestres de service, il faudra se contenter d'acteurs en pyjama et peu concernés par leurs personnages.
A aucun moment, Ed Wood ne parvient à maîtriser son film. Que ce soit les effets spéciaux, les acteurs et encore la mise en scène, tout semble inéluctablement lui échapper. Paradoxalement, ce sont aussi tous ces défauts qui rendent PLAN 9 FROM OUTER SPACE aussi amusant.
Et c'est aussi cela le cinéma. Personnellement, j'adore cette série Z autant pour ce qu'elle est et autant pour ce qu'elle montre, même si certains esprits chagrins n'y verront aucun intérêt. Mais peu importe en fin de compte.
Plus que jamais, Ed Wood reste un cinéaste hors norme, passionné et persuadé que son prochain film bouleversera le septième art.
Peu importe la misère, des conditions de tournage difficiles, Ed Wood portera cette passion inébranlable jusqu'au bout et jusqu'à son dernier souffle.
De son vivant, il ne connaîtra jamais la célébrité. Bien triste fin pour ce zeddard qui sombrera dans la solitude, dans l'oubli et dans l'alcoolisme.

Si à la vision de ce nanar, vous avez ri (ce dont Oliver ne doute pas), voici quelques nanars qui puent.

  • LES RATS DE MANHATTAN de Bruno Mattéi.
  • TURKISH STAR WARS de Cetin Inanç.
  • KING KONG 2 de John Guillermin.

-ALICE IN OLIVER-

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