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ZE LORD OF THE RING
ZE LORD OF THE RING
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12 octobre 2012

THE LOVERS

Jaquette
RÉALISÉ PAR
|
TSUI HARK
.
ÉCRIT PAR | TSUI HARK, SHARON HUI ET SA-LONG HUI.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | JAMES WONG.

CHARLIE YEUNG | Chuk Ying-Toi.
NICKY WU | Luang Shan-Pak.
CARRIE NG | Mère de Ying-Toi.
ELVIS TSUI | Père de Ying-Toi.
SHUN LAU | Cheung-Kwai.

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Faire une chronique d'un de ses films préférés est toujours un exercice peu aisé. Un exercice que je compte toutefois entreprendre aujourd'hui avec cette chronique de THE LOVERS, qui, au fur et à mesure des revisions, s'impose de plus en plus à mes yeux comme l'un des meilleurs films jamais réalisés... Les lecteurs assidus du blog connaissent sans doute déja mon amour immodéré pour l'oeuvre fascinante du génial Tsui Hark, mais de toutes celles que j'ai pu chroniquer sur le blog, THE LOVERS reste de loin ma favorite. Pourquoi avoir mis tant de temps pour la chroniquer, me direz-vous? Et bien parce que je veux que ce film ait la chronique qu'il mérite, plus que ça, je veux qu'il ait la galerie d'illustrations qu'il mérite, et avant tout, je veux qu'il ait les spectateurs qu'il mérite, et non pas la poignée de visionneurs que touchent actuellement les films de Tsui Hark... C'est d'autant plus étonnant que THE LOVERS, au même tître que les autres comédies du bonhomme, est une oeuvre s'adressant à absolument tous : petits, grands, vieux, femmes, hommes, en soit peu importe, c'est un film dont la portée est universelle et dont le mélange d'éléments cinématographiques qu'il propose rend encore plus accessible. Accessible dans une certaine mesure cependant, en effet, aussi universel soit-il, THE LOVERS attire souvent les foudres d'abrutis n'y voyant qu'un TITANIC du pauvre. Ceux-la n'ont rien compris. Pas besoin d'être un cinéphile particulièrement assidu pour le comprendre, THE LOVERS, derrière ses extérieurs comiques et quelque peu naifs, cache en réalité une profondeur, une noirceur et une subversion incroyable, faisant de ce grand divertissement une oeuvre d'une importance majeure pour le cinéma hong-kongais... Oui vous avez déja lu ça quelque part sur ce blog, mais que voulez-vous, Tsui Hark a encore frappé et c'est pas moins véridique que d'habitude!

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THE LOVERS reprend une légende chinoise célèbre, celle des amants papillons, histoire d'amour impossible mettant en scène une jeune fille qui se travestit en homme pour pouvoir étudier dans une école n'acceuillant que des élèves masculins. Bien évidemment, l'inévitable arrive et celle-ci tombe amoureuse d'un jeune homme la-bas, mais sa famille s'oppose et le tout part sérieusement en vrille... Cette histoire, qui avait déja été reprise au cinéma dans l'introuvable THE LOVE ETERNE est ici une base à la démarche de Tsui Hark, qui n'est ni plus ni moins que de retourner cette histoire sur sa gueule et s'en servir à ses avantages. Cette histoire quelque peu basique, Tsui Hark en fait très rapidement une chronique sociale sur les entraves à la sexualité dans la société hong-kongaise des années 90... En effet, à cette époque, et depuis longtemps avant ça, l'homosexualité était sévèrement punie par la loi. Une fois de plus, le maître ne laisse rien au hasard, et si en 1994 il se lance dans THE LOVERS, un projet qui en apparence dénote complètement avec le reste de son oeuvre, c'est parce qu'il a des choses à dire et d'autres à montrer qui elles s'insèrent parfaitement dans sa filmographie. Dans toute la première partie de son film donc, ce dernier s'acharne à démonter les contraintes sociales hong-kongaise en faisant de cette relation entre ces deux amants et de tout ce jeu de déguisement sexuel un rapport extrêmement proche de l'homosexualité. Subversif? Carrément oui, surtout quand on voit comment étaient traités les films traitant ouvertement du sujet à l'époque à Hong Kong (HAPPY TOGETHER n'a pas trainé avant de finir en Catégorie III), mais le propos du film est d'autant plus subversif que son sujet est traité de manière très subtile : au travers de tout un jeu de gags complètement débiles mais très ingénieux, Hark fait douter son personnage sur sa propre sexualité et leur relation prend un tour d'autant plus ambigu lorsque celle-ci atteint son climax... Si, dans l'oeuvre originale, les deux amants s'embrassaient après que la féminité de Ying-Toi éclate au grand jour, ici, Shan-Pak se jette corps et âme dans cette relation ambigue et ce avec la certitude que son compagnon est un homme... Le propos ne peut être plus clair : l'amour va bien au-dela des contraintes sociales, qui ne sont pour Tsui Hark que des futilités qui bloquent les hommes dans un cadre trop ridige. Il le démontre encore plus clairement dans sa deuxième partie, bien plus sombre et pessimiste, mais en même temps encore plus optimiste dans son propos que le reste du film. Et lors de ce plan final magnifique, lors de la transformation imagée des deux amants en papillons (quelle ironie quand on sait que Tsui Hark avait réalisé THE BUTTERFLY MURDERS 15 ans plus tôt) que Tsui Hark va encore plus loin dans son propos : l'amour n'a aucune limite, rien ne peut l'arrêter et rien ne peut l'entraver... Un message simple voire naïf mais puissant, et traité avec une telle force et une telle subtilité qu'il ne peut qu'être bouleversant.

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Il est souvent reproché à THE LOVERS la prétendue naïveté de son message, renforcée par ailleurs par une première partie dont l'aspect comique omniprésent n'évitera pas de déranger certains (il faut être honnête, l'humour hong-kongais n'est pas fait pour tout le monde), mais en soit, peut-on vraiment qualifier de naïve une idée aussi forte? Peut-être celle-ci ne s'insère pas vraiment dans notre réalité, mais la force de la démarche de Tsui Hark est la : il ne questionne pas, il répond a des problèmes épineux, et la réponse qu'il donne à celui-ci, c'est celle-la : si nous n'étions pas bloqués par des contraintes sociales, familiales, politiques (Hark les démonte une par une dans le film), si nous laissions libre cours à nos désirs, alors il n'y aurait plus de limite a ce que l'homme pourrait accomplir. Un constat très réaliste, bien que rêveur, se cache donc derrière cette idée supposée naïve, d'ailleurs bien illustrée par ces papillons, qui selon la chanson principale du film, peuvent aller au-dela des villes et au-dela des montagnes... Vous l'avez compris, Hark ne laisse strictement rien au hasard, et ceux qui croyaient qu'il n'était bon qu'a foutre le bordel et le chaos à l'écran (comme il le fait magnifiquement dans THE BLADE et TIME AND TIDE) risquent de réviser leur opinion a la vision de ce THE LOVERS, oeuvre révolutionnaire par son audace subversive mais aussi par sa construction irréprochable et ses visuels sublimissimes que même la basse qualité de la copie originale (la conservation des films n'a jamais été la spécialité des hong-kongais.) ne parvient pas à entacher. Tsui Hark laisse en effet ici libre cours à son génie visuel mais l'applique d'une façon très différente de celle a laquelle il nous a habitué... Ici, au lieu de participer au chaos ambiant, les visuels participent à reconstituer l'harmonie et a la grâce naturelle au milieu de laquelle les protagonistes évoluent. A travers des visuels très poétiques, Hark montre l'évolution d'une relation a la base harmonieuse qui évolue pour devenir tumultueuse au fur et a mesure qu'une société bridée (pardon x) ) s'y oppose. Décors majestueux, costumes superbes, magnifiques éclairages colorés... C'est simple, THE LOVERS, malgré les défauts de son support technique (le DVD HK VIDEO est ceci dit impeccable, comme d'habitude) s'impose très vite comme une des oeuvres les plus abouties visuellement jamais réalisées. Hark filme la beauté de la nature et de l'amour aussi bien qu'il met en scène la violence et la crasse et le résultat est tout simplement époustouflant : de la constitution des plans irréprochable au montage sidérant, tout est fait ici d'une main de maître et est soutenu prodigieusement par la bande-son magnifique de James Wong, double musical du maître qui lui permet de revenir directement aux origines cinématographiques de cette légende chinoise : l'opéra. Véritable opéra filmé, THE LOVERS entraine son spectateur dans son rythme grâce à la symbiose parfaite entre les images et la musique, qui retranscrit autant que les visuels les émotions des personnages et l'harmonie ou le chaos des lieux différents dans lesquels ils évoluent.

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Au-dela du tour de force technique et artistique que Tsui Hark construit, ici, ce qu'on retiendra le plus c'est avant tout la puissance émotionnelle du film. Véritable baffe intergalactique, THE LOVERS vous fera chialer comme une petite fille pendant 1 heure et demi et vous laissera K.O. longtemps après. Tsui Hark enchaine les scènes d'une puissance poétique incroyable, et mêle à ses visuels incroyables une histoire poignante qui n'aura de cesse de vous émouvoir jusqu'a son final apocalyptique et bouleversant. Cette force émotionnelle, le film le doit avant tout à la maîtrise incroyable des registres de Tsui Hark, qui en l'espace de deux plans passe d'une tonalité comique a une tonalité profondément tragique. En effet, pendant sa première heure, Hark s'éclate littéralement à mettre en scène divers quiproquos, jeux de déguisement, et gags débiles hautement comiques pour finalement faire revenir ses personnages sur Terre dans une deuxième partie sombre, nihiliste et déprimante... Ce changement brutal de ton étonne, et une fois de plus, on sera surpris de voir à quel point Hark parvient à faire fonctionner au sein d'une même oeuvre deux choses qui peuvent paraître absolument incompatibles. Mais avant tout, ce changement de ton soudain et brutal, ce passage de la poésie de la première heure a la dureté et au tragique de sa deuxième rend le film encore plus bouleversant qu'il ne l'est déja. Un tour de force? Carrément oui, surtout en regard de la limpidité et de la fluidité de la narration, qui n'oublie aucun de ses personnages, les exploite à très bon escient et avance à un rythme régulier et maîtrisé. Cette narration, magnifiée par le traitement poétique qu'Hark y apporte, en plus de témoigner d'une maîtrise cinématographique rarement égalée, s'avère également être très équilibrée dans son jeu avec les différents registres et s'impose, de minute en minute, comme véritablement incroyable. Hark et ses scénaristes évitent sans aucun problème tous les pièges inhérents à ce genre d'histoire : miévrerie et niaiserie ne sont vraiment pas de la partie et le peu de niaiserie que l'on trouve dans ce bijou est très agréable et rafraichissant... Hark dose parfaitement chaque élément de son scénario, cependant, il ne faut pas cacher que THE LOVERS demeure un film quelque peu exigeant par son jusqu'au boutisme. En effet, il va jusqu'au bout dans tout ce qu'il entreprend. Son aspect comique plaira donc, ou ne plaira peut-être pas, mais en soit peu importe, cela relève de l'appréciation personnelle et ceux qui sauront apprécier cet humour particulier se trouveront face à un chef d'oeuvre absolu de grande ampleur. Au milieu de toute cette maîtrise, on trouve également des acteurs talentueux. Nicky Wu et Charlie Yeung, interprétant les amants papillons, trouvent ici leur premier et meilleur rôle. Tout comme le film, ceux-ci passent d'un registre à l'autre en un clin d'oeil et se montrent capables d'être très drôles comme ils se montrent capables d'être émouvants. Ils donnent vie a leurs personnages avec talent et animent le récit entier par leur présence et la qualité de leur interprétation. Admirablement dirigés, ces acteurs, qui en sont a l'époque pourtant à leur premier film, s'en sortent clairement avec les honneurs.

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Vous l'aurez compris, THE LOVERS c'est pas nimporte quoi. C'est une oeuvre audacieuse au propos subversif dans laquelle Tsui Hark fait preuve d'une maîtrise du langage cinématographique tout simplement incroyable. Tout y est magnifique : les acteurs sont excellents, la musique est magnifique, le scénario est superbement écrit et le film est parmi les plus beaux visuellement jamais réalisés... Seuls les trop cyniques pourront passer à côté de ce bijou, véritable révolution artistique d'une inventivité incroyable et d'une puissance inégalable. Si vous croyez que vous ne pleureriez jamais à la vision d'une comédie romantique, alors vous savez ce qu'il vous reste à faire : regardez THE LOVERS, qui se range haut la main parmi les oeuvres les plus bouleversantes jamais réalisées en plus d'être certainement une des meilleures comédies de tous les temps. Un chef d'oeuvre absolu, tout simplement. Mais les images parlent mieux que les mots et pour cette raison, je vous invite à cliquer sur le lien ci-dessous, pour accéder a la galerie complète que j'ai faite pour ce film... Enjoy!

CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER A LA GALERIE COMPLETE DU FILM

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SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ...

  • SHANGHAI BLUES de Tsui Hark.
  • PEKING OPERA BLUES de Tsui Hark.
  • DANS LA NUIT DES TEMPS de Tsui Hark.
  • GREEN SNAKE de Tsui Hark.

-ZE RING-

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28 avril 2012

TIME AND TIDE

Jaquette
RÉALISÉ PAR
|
TSUI HARK
.

ÉCRIT PAR | TSUI HARK ET KOAN HUI.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | JUN KUNG ET TOMMY KAI.

NICHOLAS TSE | Tyler.
WU BAI | Jack.
CANDY LO | Hui.
CATHY TSUI | Jo.
ANTHONY WONG | Oncle Ji.
JUN KUNG | Miguel.

A Hong Kong, la brève rencontre entre Tyler (Nicholas Tse), un jeune homme habitué aux dangers de la rue, et Hui (Candy Lo), une femme policier infiltrée, ne sera pas sans conséquence : celle-ci tombe enceinte. Afin de gagner de l'argent rapidement, Tyler devient garde du corps.

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Nombreux sont les cinéastes hong-kongais a avoir quitté Hong Kong dans les années 90, par craindre de perdre leur liberté artistique suite à la rétrocession. C'est notamment le cas de John Woo, Ringo Lam mais aussi de Tsui Hark, tous trois attirés vers Hollywood par Jean-Claude Van Damme. La-bas, dans des conditions de tournage bien pourries, Tsui Hark tourna les très nuls (mais aussi très bien foutus, de toutes façons Tsui Hark même quand il fait nimporte quoi, il pète à mille coudées au-dessus de tout le monde.) DOUBLE TEAM et PIEGE A HONG KONG. A la suite de ces deux échecs artistiques évidents, Tsui Hark revient à Hong Kong pour tourner TIME AND TIDE... Et que dire, si ce n'est que TIME AND TIDE marque le come back du maître avec brio? Toutefois, il marque aussi ses premières grosses difficultés, devant amputer son film de près de 50 minutes pour des besoins commerciaux... Et si TIME AND TIDE demeure un grand film, le manque de liberté artistique de Tsui Hark (qui se ressentira toujours a partir de ce film la) s'en ressent légèrement... Explications.

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Une telle coupe se ressent forcément, d'autant plus que l'ambition de Tsui Hark est à la mesure de son talent visuel et technique. Par conséquent, TIME AND TIDE comporte de nombreuses failles narratives : il y a de toute évidence des bouts qui manquent, certaines choses sont pas très claires voire incompréhensibles, toutefois, dans sa construction, l'oeuvre de Hark reste irréprochable, construisant méticuleusement la situation épineuse dans laquelle vont s'entremêler les destins de deux personnages dans une première partie magnifique. Cette construction conduit doucement mais surement vers une deuxième partie explosive ou le rythme s'envole littéralement et ne semble plus jamais s'arrêter. TIME AND TIDE est, selon Christophe Gans, "un film maelström qui vous emporte corps et bien et ne rend pas votre dépouille" et on ne saurait mieux le définir, Hark peignant de manière si précise le portrait de ses deux personnages principaux dans la première partie que la deuxième partie en devient on ne peut plus viscérale. Qui plus est, si effectivement il manque des choses, Hark parvient heureusement à gérer habilement son rythme pour le rendre, j'ai envie de dire, "consommable" facilement par le spectateur. Personnellement, un tel exploit m'inspire le respect, être forcé à couper son film de 50 minutes mais réussir à éviter tous les défauts évitables pour ne garder que ce qui est inévitable (les failles narratives suscitées), c'est tout simplement la classe. Finalement, à la vision de TIME AND TIDE, si le spectateur sera sans doute un peu confus face à certaines choses, le film ne semble pas souffrir de cette coupe importante.

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Et tant mieux, vraiment, car par conséquent, le spectateur peut se livrer entièrement aux délires visuels de Tsui Hark, on ne peut plus maniéristes une fois de plus, mais c'est indéniablement au travers de maniérismes visuels que le génie d'Hark éclate. En effet, avec THE BLADE, TIME AND TIDE est très certainement l'oeuvre la mieux mise en scène du maître. A travers son visuel, Hark transcende littéralement (tout comme dans THE BLADE) le genre qu'il exploite, démontant littéralement les codes visuels établis du polar HK, et ce, sans pour autant détourner les codes narratifs de ce dernier. Ainsi, si TIME AND TIDE peut sembler assez convenu d'un point de vue strictement scénaristique, on ne saurait en dire autant de son visuel, la mise en scène d'Hark étant d'une viscéralité et d'une fluidité sans précédent, mais également d'une originalité incroyable. Ce bon Tsui enchaine les plans insolites et ses idées visuelles, dans lesquelles se glissent des hommages évidents à son vieux pote John Woo, relèvent toute du génie. C'est simple, on s'en prend plein la tronche, en particulier lors des scènes d'action, ou le génie de Tsui Hark s'avère d'autant plus brillant qu'il se trouve véritablement dans son élément. Par conséquent, une fois de plus, Hark s'amuse, au travers d'une gestion du temps et de l'espace sans aucun égal, à semer le chaos à l'écran sans pour autant que les choses deviennnent illisibles : au contraire, tout comme dans THE BLADE, le chaos est ici pensé avec minutie et précision et impossible de se perdre dans les scènes d'action complexes du film mais aussi d'un réalisme palpable, merci à un montage virtuose qui n'oublie jamais aucun des personnages, pourtant assez nombreux.

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Plus accessible que son ainé THE BLADE, qui allait jusqu'a véritablement attaquer les sens du spectateur, TIME AND TIDE est très certainement le film le plus accessible de Tsui Hark, et donc par conséquent, le meilleur pour s'attaquer à la filmographie singulière du monsieur. En effet, TIME AND TIDE suinte a chaque instant le génie visuel de son réalisateur mais ne s'avère pas aussi perturbant et déconcertant que d'autres oeuvres du monsieur, ou les codes narratifs sont détruits sans aucune pitié et ou tout s'enchaine avec un mélange des genres qui, pour les "néophytes", pourraient s'avérer perturbant. Toutefois, pour ceux plus habitués au style sans concession du réalisateur, il serait également dommage de prendre cela comme un défaut : en effet, TIME AND TIDE est bien moins fou sur le plan scénaristique que les oeuvres précédentes du réalisateur, mais demeure une réussite de ce point de vue également, dans la mesure ou les choses s'enchainent sans temps morts, avec des rebondissements tous plus intéréssants les uns que les autres, qui plus est, que vaut l'absence de folie scénaristique face à tant de génie et d'audace visuelle? Qui plus est, si le film est effectivement bien moins fou qu'un ENFER DES ARMES, il demeure très bien écrit et ne présente aucun temps mort. Pourtant, il aurait été facile de tomber dans le consensuel et le lourdaud dans le traitement de la romance entre Nicholas Tse et Candy Lo, mais pas avec Tsui Hark qui traite cet aspect du film de manière réaliste et subtile. Rien de bien étonnant ceci dit dans la mesure ou ce dernier a toujours construit ses films autour de femmes, TIME AND TIDE ne fait pas exception. A vrai dire, TIME AND TIDE va encore plus loin puisque son histoire ne se construit non pas autour d'une femme mais autour de deux, évoluant dans la même situation de façon différente et prenant petit à petit une importance plus grande que les hommes visibles à l'écran. Hark prend donc a contre-pied l'aspect "amitié virile" imposé dans le polar HK par les oeuvres de John Woo (les mythiques THE KILLER et A TOUTE ÉPREUVE), avec brio, en plus... Le tout s'avère bien évidemment brillament interprété, notamment par Nicholas Tse qui livre ici la performance de sa vie mais surtout par le brillant Anthony Wong, qui vole littéralement la vedette a chaque apparition.

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TIME AND TIDE
est donc un grand film. Ne souffrant pas de ses quelques failles narratives, il bénéficie d'un soin visuel incroyable et s'avère être une oeuvre viscérale et renversante... Un des meilleurs films de Tsui Hark, assurémment, et ce malgré les difficultés que ce dernier à rencontré lors de sa réalisation. Peu importe en soit, TIME AND TIDE ne souffre pas de ces difficultés et est un film de très grande qualité qui se range aisément parmi ce qu'un des plus grands (voire le plus grand) génies du cinéma hong-kongais a fait de mieux... TIME AND TIDE est un indispensable que tout cinéphile se doit de voir, au plus vite!

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SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ AUSSI...

-ZE RING-

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19 janvier 2011

FULL CONTACT

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Une tuerie absolue réalisée et produite par Ringo Lam.
Ecrit par Yin Nam.
Avec Chow Yun-Fat, Simon Yam, Anthony Wong Chau-Sang, Ann Bridgewater et Bonnie Fu.
Musique composée par Teddy Robin Kwan.

Full Contact est un de ces films très peu connus mais qui méritent clairement de l'être beaucoup plus. Donnant envie d'entrée de jeu grâce à un casting en béton et réalisé par ce qui était à une époque l'un des plus grands réalisateurs hong-kongais, Full Contact ne deçoit pas, bien au contraire, le film est une excellente surprise puisque non content d'être un polar décomplexé, ultra-bourrin et plein d'excellentes idées, on se rend compte très rapidement que Matrix n'a rien inventé et que bon nombre d'idées de ce dernier viennent à la base de ce Full Contact. Ainsi on se surprendra à suivre les balles tirées par les protagonistes de très près au ralenti, et même si c'est très mal fait, Full Contact, tout en étant très bourrin, parvient aussi à être excellent scénaristiquement tout en étant terriblement innovant visuellement, mais Ringo Lam n'oublie pas non plus un côté osé, ainsi on enchaine les séquences d'anthologie dans ce film à l'ambiance crade qui ne brosse pas dans le sens du poil, à titre d'exemple, à un moment donné Bonnie Fu se masturbe dans la voiture de Chow Yun-Fat pour le perturber pendant un braquage... A l'image de son casting, Full Contact est une bombe. Explications.

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Full Contact part d'une base simple : Chow Yun-Fat et Anthony Wong sont amis, mais Anthony Wong est endetté, du coup, ils font un braquage avec le cousin d'Anthony Wong, Simon Yam... Mais celui-ci force Anthony Wong à trahir Chow Yun-Fat, qui revient, une main en moins, pour buter tout le monde, pourtant, le film, en 1h30, prend le temps de développer des personnages beaucoup plus profonds qu'ils n'en ont l'air, l'un animé par la vengeance et l'autre par une certaine forme de rédemption, personnages animés par des acteurs impressionnants de charisme et de crédibilité, Chow Yun-Fat en tête (même si ses cheveux font un peu rire), suivi de près par Simon Yam dans un rôle de mother fucker d'anthologie (et dont la prestation n'est cette fois-ci pas pénalisée par un doublage français tout pourri inclus dans le film, je pense notamment à Une balle dans la tête et à la mythique réplique "Ne bouge pas, sinon je te tuer")et Anthony Wong dans le rôle d'un personnage très ambigu psychologiquement mais qui lui permettent de quitter son mythique rôle de Johnny Wong dans A toute épreuve. Full Contact est donc scénaristiquement génialement construit, et si peu de réflexion ressortent de ce film, cette perte qui n'en est soit pas une est largement rattrapé par le côté osé, violent et bourrin du film, ainsi, Ringo Lam procède, pour ses scènes d'action de la même manière qu'il procède avec ses personnages. En conséquence, ces dernières sont plus ou moins lentes mais très rythmées et électriques, et soutenues par des chorégraphies ainsi que des idées pour l'époque absolument dingues, malheureusement ces idées, et c'est notamment le cas de ce duel entre Chow Yun-Fat et Simon Yam ou la caméra suit les balles au ralenti, patissent parfois du manque de moyen ce qui donne lieu à des trucs terriblement moches à voir, au même titre, la musique est bien naze, elle fait son effet certes mais elle reste naze, enfin cela dit quiconque à vu plus de trois films hong-kongais dans sa vie sait à quoi s'attendre au niveau du son.

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Je pense que personne me contredira maintenant si je dis que ses cheveux font un peu de la peine.

Mais Full Contact est également osé, puisque d'une part il brise tous les clichés et stéréotypes du genre mais aussi parce qu'il est moralement pas très gentil, j'ai déja donné un exemple expliquant le pourquoi du comment mais dans son ensemble, le film prend le spectateur à rebrousse-poil et surprend sur tous les points, au niveau de l'originalité comme je l'ai dit plus haut, mais aussi au niveau de ses personnages, d'autant plus Full Contact est une oeuvre complètement délirante, ou les serviettes se transforment en pistolets ou en couteaux baignant dans une violence visuelle absolument terrible. Ne perdant pas son rythme endiablé une seule seconde, Full Contact est une véritable tuerie, certainement pas exempte de défauts, mais brillament dirigée par Ringo Lam et soutenu par des acteurs absolument terribles, alors oui, si on pourra reprocher que les bruitages font un peu pitié, que la musique est bien moche, que les effets spéciaux passent pas trop et que la coupe de Chow Yun-Fat fait un peu rigoler, ce serait bouder notre plaisir car Full Contact, tout en étant un grand moment de divertissant très original est également un grand film d'acteurs et de personnages... Alors si Full Contact n'atteint pas le rang de chef d'oeuvre en raison des restrictions budgétaires et des problèmes de l'époque, ainsi que d'un ou deux personnages qui peuvent agacer, il reste un film à voir car croyez-moi, des films décomplexés et niqués du bocal qui parviennent à rester crédibles, sérieux, bourrins, violents et scénaristiquement énormes, c'est assez rare d'en voir.

-Ze Ring-

P.S. Les attentifs auront remarqué que le film est passé de la catégorie POLAR à la catégorie CATÉGORIE III. Qu'est-ce que la catégorie III, me direz-vous?
Voila la réponse à toutes vos questions --> http://cine-hk.chez-alice.fr/Hkcine/SITE/DOSSIERS/categorie-III/intro-cat3.htm

31 mars 2011

LE CHOIX DES ARMES

LCDARMESJAQUETTE
Un film réalisé par Alain Corneau en 1981.
Ecrit par Alain Corneau et Michel Grisolia.
Avec Yves Montand, Gérard Depardieu, Catherine Deneuve et Gérard Lanvin.
Musique composée par Philippe Sarde.

Si le cinéma français à aujourd'hui une réputation très mauvaise en raison de l'auteurisme de merde pathétique et sans interêt qui le domine, beaucoup ont tendance à oublier qu'a une époque désormais lointaine les meilleurs polars venaient tous de France, et si, bien que le genre semblait mort et enterré ce dernier à eu un sursaut grâce aux géniaux 36 Quai des orfêvres et MR73 d'Olivier Marchal, ce n'est rien en comparaison de ce qui se faisait en France dans les années 60 à 80 : des mecs comme Jean-Pierre Melville ou Henry Verneuil enchainaient alors tuerie sur tuerie... Parmi ces mecs-la, on en compte un autre : Alain Corneau, réalisateur de l'extrêmement glaucque Série noire avec un Patrick Dewaere terrifiant et imprévisible, film qui à d'ailleurs inspiré Gaspar Noé pour son Seul contre tous... C'est d'Alain Corneau que nous allons parler aujourd'hui car force est de constater que si Série noire semble être l'oeuvre de sa vie, Le choix des armes n'a pas à rougir en comparaison car il s'agit d'un des chefs d'oeuvres du polar français... Explications.

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Dès les premières scènes, le ton est donné : Le choix des armes est un polar violent, d'un réalisme poussé et à la réalisation soignée. En effet, Alain Corneau accorde un soin tout particulier à chacun de ses plans, montrant des prouesses en terme de maitrise de la caméra et de la photographie, abandonnant l'ambiance glaucque et noire de son Série noire pour réaliser un film certes plus conventionnel mais aussi plus accessible et plus divertissant (je tiens à le préciser avant de me faire lyncher : Série noire est un de mes films préférés, quand je dis que Le choix des armes est plus divertissant c'est simplement parce que dans Le choix des armes y a pas un Patrick Dewaere flippant et imprévisible qui met mal à l'aise et une ambiance glaucque à souhait, mais je m'égare), Corneau soigne chaque image, chaque plan de son bébé tout en prenant tout son temps pour installer une intrigue complexe (comme c'est souvent le cas dans le polar français, voir Le cercle rouge est suffisant pour s'en convaincre.) mais claire comme de l'eau, ainsi ce n'est qu'au bout du quart des 2h10 du film que celui-ci se lance vraiment, sans quitter son rythme lent mais entrainant (paradoxal non?) Le choix des armes devient alors un polar jubilatoire, présentant toute une galerie de personnages tous génialement interprêtés, Gérard Depardieu en tête qui livre une prestation génialissime (et ce même si sa coupe elle fait un peu rire.) jouant un truand violent, imprévisible et instable ("Mickey le dingue" hahahaha excellent) mais n'ayant pas nécessairement un mauvais fond. On retrouve également Yves Montand, interprète de Jansen dans le chef d'oeuvre de Melville, Le cercle rouge, qui livre une prestation géniale également bien que plus sobre que celle de Depardieu, en effet, la ou le vieux Gérard joue un type complètement niqué du bocal, Montand lui joue un ancien truand à cheval entre la droiture, l'honnêteté et la vie criminelle, à côté de ces deux géants, on retrouve une Catherine Deneuve tout à fait correcte ainsi qu'un Gérard Lanvin correct également dans le rôle d'un petit flic de pacotille, un trou du cul qui s'en prend la gueule au travers d'une scène finale d'anthologie (scène que tous ceux qui pensent que l'acteur principal de Camping mérite un sort pire que la mort seront contents de voir, moi le premier.). Porté par un casting génialement dirigé, Le choix des armes brille également de par son rythme, il s'agit en effet d'un film assez lent, lenteur qui est loin de désservir le film par ailleurs, car soyons clair, il n'est pas ennuyeux une seconde, il n'y a pas une seconde de temps mort, les raisons de cela? Et bien tout simplement : derrière il y a deux scénaristes de talent, qui savent construire un film avec brio et surtout écrire des dialogues absolument géniaux.

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Car si les dialogues ne seraient rien sans des acteurs géniaux pour leur donner vie, l'inverse est également valable, et force est de constater qu'ici les dialogues sont aussi géniaux que les acteurs qui les animent, très sobres mais donnant une dimension très classe à des personnages bien plus complexes qu'il n'y parait et laissant transparaitre une légère réflexion sur la justice, les dialogues sont excellents, de même, le scénario du film est très bien structuré, entièrement construit autour de Mickey, le personnage de Gérard Depardieu, un mec qui fout la merde partout ou il passe même si ce n'est pas toujours le but, le scénario du Choix des armes s'il est construit de sorte à ne pas larguer le spectateur en raison d'un rythme lent qui peut rebuter certains ne perd pas de vue ses personnages puisqu'il développe chacun d'entre eux, c'est donc un scénario très complet qui nous est effort et qui est développé devant nous, malheureusement après Série noire on est en droit de reprocher au Choix des armes son ambiance peut-être un peu trop propre et pas assez sombre.... Mais peut-être cela est-il une bonne chose en réalité, tout dépend de si oui ou non Série noire vous à collé une baffe (personnellement ce film à été pour moi une baffe intergalactique.), quoiqu'il en soit si une ambiance noire et une réalisation peut-être moins conventionnelle manquent au Choix des armes, il compense ces menus défauts par des gunfights courts, succints et assez rares mais d'un réalisme exacerbé et percutant, on retiendra notamment ce duel entre les deux Gérard du film dans une écurie et surtout la fusillade d'ouverture, courte mais remarquablement mise en scène.

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Et puis évidemment parler du Choix des armes sans s'attarder sur son final d'anthologie serait un crime, alors je n'en dis pas plus pour ceux qui n'ont pas vu mais attendez vous à voir une scène que vous ne verrez certainement pas deux fois, c'est vraiment une scène terrible... On notera également une musique discrète mais géniale de Philippe Sarde, un pur plaisir à entendre. En gros, Le choix des armes, qu'est-ce que c'est? Tout simplement un classique, un chef d'oeuvre... Génialement interprêté, scénarisé, réalisé... Tout est génial dans ce film. Le choix des armes est très clairement le film qui mériterait d'être plus connu, qui mériterait d'émerger de l'oubli dans lequel il est tombé, merci a l'auteurisme français de merde... Non clairement, s'il y a un mot pour résumer ce polar de Corneau c'est chef d'oeuvre... Alors depechez-vous d'aller l'acheter et de le mater avant que Mickey le dingue ne vienne vous chercher.

-Ze Ring-

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6 février 2011

ANIKI, MON FRERE

ANIKI

Réalisé et écrit par Takeshi Kitano en 2000.
Avec Takeshi Kitano, Omar Epps, Kurôdo Maki, Susumu Terajima et Masaya Kato.
Musique composée par Joe Hisaishi.

Et voila, Takeshi Kitano fait son entrée sur Ze Lord of the Ring, qui a au passage été rénové, et puis la lecture ne sera désormais plus lassante puisque la musique du grandiose Joe Hisaishi l'accompagne maintenant... C'est donc un blog tout nouveau que je vous offre les amis, et donc aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, je fais une entorse à mon programme, Enter The Void et la trilogie de la vengeance de Park Chan-Wook attendront car aujourd'hui, nous faisons un retour sur un très grand film : j'ai nommé Aniki, mon frère, réalisé, écrit, monté et interprété par le non-moins grandiose TAKESHI KITANO, et oui je suis un fervent admirateur du bonhomme, ce qui n'est pas le cas de tout le monde... Alors voila, fondamentalement, Aniki, mon frère ca part d'une base très simple : Yamamoto (Takeshi Kitano) est un yakuza qui suite à une guerre de clans se voit forcé de migrer aux Etats-Unis rejoindre son frère Ken (Kurôdo Maki). Oui ce n'est pas très inventif je vous l'accorde mais peu importe en soit, car Aniki, mon frère AKA Brother s'il n'est pas un chef d'oeuvre demeure une tuerie absolue, qui, si l'on se base sur mes standards, est un film qu'il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.

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On connait Takeshi Kitano pour ses longs plans ou il ne semble pas se passer forcément grand chose. Aniki mon frère ne fait pas exception à la règle puisqu'il adopte le même style de réalisation que Takeshi Sensei à adopté pour tous ses précédents films, l'inconditionnel du bonhomme ne sera donc pas dépaysé. Aniki mon frère est un prodige en termes de réalisation, chacun des plans est absolument magnifique, parfaitement cadré, soutenu par une photographie sobre mais superbe. La caméra bouge rarement et les scènes se déroulent très lentement, à un rythme réaliste disons, du moins pour beaucoup, pour autant, le film n'est pas chiant une seule seconde et demeure captivant pendant 1h40, grâce à une interprétation de haut niveau. Ainsi, on retrouve un Takeshi Kitano égal à lui-même, c'est-à-dire grandiose, les rares fois ou il parle, mais surtout Susumu Terajima et Omar Epps, deux acteurs respectivement peu connus en France ou de films bien nazes, qui contre toute attente s'avèrent être des acteurs d'exception, Omar Epps en tête qui livre une prestation dantesque, on retiendra notamment un monologue final d'une rare intensité qui fera lacher des larmes aux plus sensibles. Génialement interpreté et réalisé, Aniki mon frère bénéficie en plus de cela d'une des meilleures compositions de Joe Hisaishi (que ce soit dit ce type est le plus grand compositeur au monde.) donnant au film une atmosphère encore plus paisible qu'elle ne l'est déja, atmosphère paisible qui se dissipe lors de scènes de violence sans égales, visuellement crues et traumatisantes (la scène des baguettes on s'en rappellera encore dans 20 ans je vous le dis.). Aniki, mon frère est donc un excellent film de yakuzas, ou le code de ces derniers est d'ailleurs particulièrement bien appuyé, toutefois, ce ne serait qu'un simple divertissement si le film ne se limitait qu'à cela, or, Aniki, mon frère n'est clairement pas que cela. Explications.

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En effet, non content d'offrir un excellent divertissement, Takeshi Kitano, à travers ses personnages yakuzas, traite davantage de son thème de prédilection que du code d'honneur de ces derniers : l'enfance. Thème récurrent dans ses films, notamment dans Kids Return, Sonatine, L'été de Kikujiro et Hana-Bi (celui-la je suis moins sur, ça fait un bout de temps que je l'ai pas vu.), une grande majorité des films du bonhomme est de proposer un parallèle entre des scènes ou les personnages sont de véritables enfants (Omar Epps et Takeshi Kitano qui jouent aux dés ou aux échecs, Susumu Terajima qui joue au basket, les exemples sont nombreux puisque tout le film tourne autour de cela.) et des scènes d'une violence extrême, provoquant un contraste évident à quiconque regarde un film avec son cerveau sur ON. Ainsi, cet aspect du film trouve son point d'orgue lorsque Takeshi Kitano et Omar Epps prennent des paris à un jeu de hasard assez particulier pour décider si oui ou non leur victime du moment s'en sortira... Par ailleurs, toute la relation entre Takeshi Kitano et Omar Epps dans le film se base sur un mécanisme bien propre à l'enfant : la tricherie. Malheureusement, le thème de l'enfance aussi finement abordé soit-il est beaucoup moins bien abordé que dans Sonatine, mais nous ne bouderons pas notre plaisir, car rares sont les divertissements aussi subtils et Aniki, mon frère est également un drame humain bouleversant, un film magnifique et inoubliable qui aurait pu facilement atteindre le rang de chef d'oeuvre. Ce qui n'est pas le cas.

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La faute à des gags inutiles, bien amenés certes mais inutiles, assez nombreux dans le film et constituant les seuls points morts de celui-ci. Ainsi, n'aurait-on pas pu se passer du gag des billets de 100, à titre d'exemple? Ce n'est pas gênant outre-mesure évidemment, mais cela provoque une rupture dans le scénario, à ce titre quasi-parfait, aussi courtes soient-elles... Pour autant, Aniki, mon frère, s'il n'est pas un chef d'oeuvre est une oeuvre d'une grande beauté, un film très onirique et paisible, à la fois magnifique, visuellement comme moralement, mais aussi ultra-violent et bouleversant, Aniki, mon frère est un grand Kitano, bouleversant tous les sens de son spectateur et qui lui fout le moral profond dans les chaussettes... A bien des égards, le film, malgré ses petits défauts, est un INDISPENSABLE.

-Ze Ring-

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11 septembre 2011

HARRY BROWN

HBJAQ

RÉALISÉ PAR | DANIEL BARBER.
ÉCRIT PAR | GARY YOUNG.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | MARTIN PHIPPS ET RUTH BARRETT.

MICHAEL CAINE | Harry Brown.
EMILY MORTIMER | D.I. Alice Frampton.
CHARLIE CREED-MILES | D.S. Terry Hicock.
DAVID BRADLEY | Leonard Atwell.
BEN DREW | Noel Winters.
JACK O'CONNELL | Marky.
JAMIE DAWNEY | Carl.
LIAM CUNNINGHAM | Sid Rourke.

Harry Brown (Michael Caine), un ancien marine à la retraite vivant dans une banlieue sensible d'Angleterre, reprend les armes lorsque son ami Leonard Atwell (David Bradley) est brutalement assassiné par une bande de jeunes locaux.

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Les vigilante movie, ça revient à la mode ces temps-ci. Et oui récemment si on a eu l'infame THE PUNISHER, on a également eu le bouleversant MAN ON FIRE, les génialissimes DEAD MAN'S SHOES et DEATH SENTENCE ainsi que le complètement portnawak HOBO WITH A SHOTGUN mais surtout on a eu HARRY BROWN. Premier film de son réalisateur, Daniel Barber, HARRY BROWN, non content d'annoncer du très bon pour la suite de la carrière de ce dernier s'impose également comme le meilleur film du genre vu depuis des années. HARRY BROWN est un film noir, très noir, sans aucune concessions livrant un portrait hardcore de la société britannique actuelle, allant même jusqu'a anticiper deux ans à l'avance les émeutes qui ont eu lieu cet été en Angleterre, Daniel Barber signe avec HARRY BROWN une oeuvre méchamment subversive, un vigilante movie hardcore qui, s'il est moins subtil dans son propos que DEAD MAN'S SHOES par exemple, s'impose facile comme un des films les plus violents et les plus sombres de ces 10 dernières années. HARRY BROWN est un film méchant qui va vous laisser sur le cul, qui ré-impose clairement le vigilante movie comme un genre majeur et qui atomise tous les films du genre de ces 10 dernières années les doigts dans le nez, des explications, je pense, s'imposent.

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Ces explications sont d'autant plus justifiées qu'on a tout de même eu droit à un standard de qualité assez élévé ces dernières années dans le genre, ayant permis un renouveau à un genre malheureusement oublié car trop souvent taxé de fasciste par des abrutis qui n'ont visiblement rien compris au principe de ce dernier, en effet si le vigilante movie traite de sujets assez polémiques tels que le vigilantisme ou l'auto-défense, il est très rare que des positions soient prises et il est beaucoup plus fréquent que le but des films soient de questionner la morale et la conscience du spectateur, car soyons clair : il n'y a pas de solution aux problèmes abordés dans les vigilante movie. Il y aura toujours des criminels et la police ne sera jamais en capacité de faire régner justice, voila un constat malheureux mais qui à le mérite de poser des questions, car si la police ne peut pas faire le travail, ne faut-il mieux pas donner le pouvoir de faire régner justice à quelqu'un d'autre? C'est ce genre de questions que soulèvent des films comme HARRY BROWN, questions auxquelles je vous laisse le soin de trouver les réponses tant il s'agit d'un sujet sensible, mais la ou HARRY BROWN à beaucoup de chance de ne pas avoir été fait dans les années 70 c'est dans la mesure ou son réal prend clairement position concernant le problème, Barber ayant les couilles d'imposer le personnage de Michael Caine comme un héros dans un milieu habité par une bande de bad mother fuckers que tout spectateur doué de sentiments humains devraient prendre plaisir à se voir défoncer...

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La scène la plus évidente de cette prise de position, qui ne plaira évidemment pas à tout le monde, est ce passage ou Caine visite un dealer d'armes, scène qui se déroule sous une ambiance glauque, dont le climat inquiétant hors pair dérangera sans doute la majorité des spectateurs, scène qui rend même référence à IЯЯƎVƎЯSIBLƎ l'espace d'un plan et qui finit d'imposer HARRY BROWN comme une oeuvre méchamment hardcore, non pas par sa violence visuelle (enfin que ce soit dit, HARRY BROWN n'est pas un film pour les enfants.) mais par la violence morale que nous assène Barber en nous disant tout haut et fort que défourailler de tels gens tel qu'Harry Brown le fait est une normalité (l'intelligence du truc étant qu'au moment ou vous voyez le film, l'exécution sommaire des victimes semble être normale au spectateur.), en effet Barber semble clairement avoir son opinion sur le sujet et livre un portrait de la banlieue ou se déroule la majorité du film assez sombre mais surtout il dépeint les jeunes criminels qui l'habitent comme de véritables enculés qui méritent clairement d'être exterminés, alors oui, certes, ce portrait peut clairement manquer de nuance mais en soit la n'est pas le but, Barber se sert simplement de personnages exécrables pour appuyer un propos extrême que seul un personnage de flicarde (qui en agacera certains, moi ça va.) remet sur le chemin de la morale. Est-ce une bonne chose ou non? Chacun se fera son avis à la vision du film, reste que le léger manque de subtilité que ce personnage entraine ne nuit jamais à la bombe atomique qu'est HARRY BROWN, au contraire, elle lui permet de développer son propos avec encore plus de facilité et le rend accessible à beaucoup plus de monde. Ce sera un mal pour certains et un bien pour d'autres mais force est de constater que ce personnage fait d'HARRY BROWN un des seuls films du genre qui soient à la fois couillu et accessible.

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Vous l'aurez compris, HARRY BROWN est un film subversif dont le final surprenant donne une toute autre dimension, mais dont je ne dirai rien... Sur un plan formellement cinématographique, HARRY BROWN est une claque visuelle qui laisse présager un bel avenir au réal. Bénéficiant d'une photographie absolument sublime, bercée dans des tons froids et angoissants, HARRY BROWN baigne dans une ambiance oppressante et glaçante marquée par des éclairages superbes, mettant bien en évidence la froideur du film. L'ambiance, déja superbe, est soutenue par une ambiance sonore absolument incroyable : chaque bruit semble réel, chaque son est surprenant, la musique est sublime et avec un équipement digne de ce nom et en Blu-Ray, le tout est encore plus magnifique et chaque instant du film est transcendé pour en faire une expérience filmique absolument terrible, une baffe intergalactique dont vous ne vous remettrez pas de sitôt! Soutenu par le travail de son équipe technique, Daniel Barber laisse parler sa caméra et livre une mise en scène soignée, tout en plans fixes la plupart du temps qui permettent de capturer la violence froide, sèche et brutale d'HARRY BROWN avec une pêche pas possible, chaque tir, chaque effusion de sang fait mal, la violence rajoute à l'ambiance glauque du film et en fait une expérience certes jouissive mais à ne pas mettre entre les mains des plus sensibles!

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A la maitrise visuelle de Daniel Barber se rajoute les interprétations d'acteurs absolument magnifiques. Michael Caine, comme à son habitude, est brillant, donnant une profondeur incroyable et s'imposant ici comme le Clint Eastwood anglais, le bonhomme est incroyable de charisme et livre une de ses plus belles prestations. Au charisme de Michael Caine se rajoute des seconds couteaux tous plus talentueux les uns que les autres et imposants de crédibilité, plus particulièrement les interprètes des bad guys de ce métrage, tous suffisamment talentueux pour donner vie à des enculés menaçants et intimidants, clairement on y croit, et même si Michael Caine fait de l'ombre à tous, force est de constater qu'il n'y a pas un interprète dans ce film qui soit mauvais, à cela se rajoute un scénario d'une superbe qualité, superbement construit et renforcé par des dialogues spontanés et crédibles, comportant son lot de répliques cultes et faisant avancer le film toujours de manière intelligente.

HB6
En conclusion, HARRY BROWN n'est ni plus ni moins qu'un chef d'oeuvre, un superbe film, à la fois très bien construit et très bien mis en scène, porté par l'interprétation d'acteurs incroyables, mais c'est également une oeuvre subversive, qui si elle ne révolutionne jamais le genre à le mérite de s'imposer comme une oeuvre méchamment couillue jouant avec la conscience du spectateur avec brio. HARRY BROWN glace le sang à chaque instant, pourtant on a vu ça mille fois comme film mais la maitrise du sujet et du film en font une oeuvre cinématographique exceptionnelle que tout passionné se doit de voir au plus vite, en effet pour être clair HARRY BROWN est pour moi l'un des meilleurs films des dix dernières années et passer à côté du meilleur film que le genre ait vu depuis DEAD MAN'S SHOES serait une erreur!!

HB7
Si vous aimez ce film, vous aimerez aussi...

-ZE RING-

HB12"You failed to maintain your weapon, son."

 

1 décembre 2011

THE HOLY MOUNTAIN

LMS JAQUETTE

RÉALISÉ PAR | ALEJANDRO JODOROWSKY.
ÉCRIT PAR | ALEJANDRO JODOROWSKY.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | ALEJANDRO JODOROWSKY, DON CHERRY
ET RONALD FRANGIPANE.

HORACIO SALINAS | Le voleur.
ALEJANDRO JODOROWSKY | L'alchimiste.
RAMONA SAUNDERS | La disciple.

LMS14


Bon, je vais pas tourner autour du pot une seule seconde : LA MONTAGNE SACRÉE est de loin l'une des oeuvres les plus difficiles à chroniquer de tous les temps. Pour vous donner une idée, je prépare cette critique depuis 2 mois, il m'a fallu deux visions, dont une avec les commentaires audio d'Alejandro Jodorowsky pour en effleurer le sens... Il y a beaucoup trop de choses à dire sur cette oeuvre, tellement que la seule personne à pouvoir en définir clairement le sens et la portée est très certainement Alejandro Jodorowsky, le réalisateur lui-même. C'est pourtant ce que je vais essayer de faire (je dis bien "essayer") et ce malgré la complexité, la subversion, l'ésotérisme, la folie de ce film... Mais pour ça, il faut partir à la base, c'est-à-dire de Jodorowsky lui-même, qui après le succès d'EL TOPO, se lance, grâce à Allen Klein dans LA MONTAGNE SACRÉE... Et il faut bien se rendre compte dès le départ qu'il s'agit ici d'une des oeuvres les plus subversives jamais réalisées : blasphématoire, satirique, visionnaire, métaphysique, mystique sont une poignée de mots assez représentatifs de LA MONTAGNE SACRÉE, une pure expérience cinématographique avant d'être un film finalement puisque Jodorowsky signe une oeuvre qui relève purement et simplement du jamais vu... Pourtant, ce ne fut pas du gout du gouvernement mexicain toutes ces histoires de blasphèmes et d'ésotérisme, puisque pour l'anecdote Jodorowsky à frolé la mort à plusieurs reprises sur le tournage du film, à été menacé de mort à plusieurs reprises également et de peur pour sa famille à du s'exiler aux Etats-Unis pour finir son film...

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En même temps, rien de bien d'étonnant la-dedans dans la mesure ou en plus d'être certainement l'un des films les plus timbrés de tous les temps, Jodorowsky, qui a à cette époque pour objectif de changer le monde, dresse dans LA MONTAGNE SACRÉE un portrait méchamment satirique de notre société. En effet, dans LA MONTAGNE SACRÉE, tout le monde se prend sa petite baffe, notamment la religion catholique dont Jodorowsky rit carrément au nez, et ce malgré l'usage important de thématiques et d'imagerie christiques dans le film, jugeant que l'église à oublié ce qu'était la religion et dressant un portrait volontairement caricatural mais tout aussi drôle qu'inquiétant de cette dernière. Blasphémant à outrance (Les romains qui font des fausses icônes de Jésus fallait oser quand même.), Jodorowsky va encore plus loin en attaquant de manière satirique également commerçants d'armes, hommes politiques, pédophiles, même les artistes s'en prennent plein la gueule au travers d'une séquence pleine d'humour ou dans un des délires visuels propres à Jodorowsky, ce dernier critique de manière puissante les artistes modernes qui prennent l'art pour un business... Pas forcément très enthousiaste concernant l'être humain, LA MONTAGNE SACRÉE reste pourtant un film puissamment humouristique, chacune des séquences satiriques du film étant un puissant moment d'humour, humour marqué par un rire jaune certes surtout lorsque Jodorowsky se met à toucher au conditionnement de l'enfance et à taper sur les doigts du nazisme au travers d'une séquence de castration autant portnawak qu'elle est violente, dérangeante mais paradoxalement fun par son absurdité. LA MONTAGNE SACRÉE est donc une oeuvre puissamment satirique mais c'est également une oeuvre cinématographique universelle dans les thématiques qu'elle aborde dans la mesure ou, dans l'optique de changer le monde, Jodorowsky, touche à des dizaines de sujets et de thématiques. C'est d'ailleurs en grande partie l'abondance de thématiques abordées dans le film, ainsi que son aspect cinématographique assez unique, qui en fait une oeuvre si difficile à chroniquer, mais finalement n'est-ce pas la une des qualités principales du film? Son côté indescriptible et indéchiffrable, mais surtout le fait que toutes les thématiques que Jodorowsky aborde se réunissent en un seul groupement pour former une réflexion sur l'Homme avec un grand H?

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Dans LA MONTAGNE SACRÉE, l'Homme, en plus de ne pas avoir de nom, est comme d'habitude chez Jodorowsky, sur le chemin d'une quête initiatique supposée en faire un homme meilleur. Si le très touchant El Topo courait après l'amour, le personnage principal du récit court ici après l'immortalité. Sa quête de l'immortalité, véritable quête du surhomme, est marquée par une des mécaniques communes à tous les Jodorowsky : imagerie et thématiques christiques, le voleur vagabond ressemblant étrangement à Jésus, icône religieuse qui est également tournée en ridicule dans la première partie du film... Mais le plus intéréssant survient lorsque cette quête de l'immortalité se transforme subitement en quête de la vérité, lors d'une scène, qui, sans en dire trop, brise la fine limite entre Jodorowsky et son spectateur en plus de briser en même temps toutes les illusions (oui c'est énigmatique, je sais). Jodorowsky lance une puissante réflexion sur le cinéma, voire même sur la vie en elle-même. Cette même vie qu'il accorde aux personnages qu'il caricature, livrant par la même un puissant message d'espoir malgré le côté profondément pessimiste du film. Cette quête apparemment linéaire mais qui dévoile de manière surprenante ses enjeux au fur et à mesure qu'elle avance est rendue encore plus unique par l'intervention directe de la culture de Jodorowsky dans l'histoire... Cultures ésotériques, cultures modernes issues de tous les coins du monde, peu importe en soit d'ou ça vient tant que ça sert le propos de Jodorowsky, de ce point de vue le but est atteint et cette culture abondante (brillament expliquée en détail par les commentaires audio de Jodorowsky présent sur les DVD.) se marie à des délires visuels absolument incroyables.

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Vous l'aurez compris, LA MONTAGNE SACRÉE est une oeuvre unique et un tournant pour bon nombre de cinéphiles, mais c'est un tournant pour son propre réalisateur également, en effet, si Jodorowsky est bien connu pour son EL TOPO et sa MONTAGNE SACRÉE c'est en partie parce que ce sont ses plus beaux films d'un point de vue visuel. Ici, ses délires visuels sont poussés à l'extrême, au maximum, Jodorowsky le dit d'ailleurs lui-même, pourtant de la même façon que le film se divise en deux parties, une partie ésotérique et une autre plus réelle (relativement), cette division se ressent également d'un point purement visuel. En effet, si toute la première partie est d'une beauté à couper le souffle, les décors y sont grandiloquents, baroques, les costumes absolument magnifiques... Tout y est maniéré, exagéré, conçu pour être le plus classe possible, pourtant dans la deuxième partie, Jodorowsky calme un peu son jeu et livre un visuel toujours aussi beau mais bien plus sobre, visuel qu'il gardera pour la réalisation de son SANTA SANGRE. Il est donc clair que LA MONTAGNE SACRÉE constitue un galon important dans la filmographie d'Alejandro Jodorowsky, divisée tout comme son film en deux, une partie est artificielle la ou l'autre est plus réelle, impression confirmée par le fait que Jodorowsky lui-même admet ne plus penser de la même façon qu'a l'époque ou il a réalisé LA MONTAGNE SACRÉE... Ceci dit, pour la partie réelle, c'est assez relatif, parce que réel ou non Jodorowsky reste un réalisateur atypique qui se définit clairement par des délires visuels dont il est le seul à posséder le secret... Cinéaste surréaliste mais également poète macabre, Jodorowsky signe ici son plus beau film, mettant en scène des situations d'une beauté incroyable, d'un onirisme étrange, teintées d'humour mais en même temps d'une ultra-violence rarement égalée. L'alchimie de tous ces éléments donne lieu à des séquences d'une poésie sidérante, durant lesquelles des oiseaux sortent des impacts de balles et ou des crapauds en armures se bastonnent contre des caméléons lors d'une scène purement symbolique...

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Symbolique, LA MONTAGNE SACRÉE, l'est assurémment, c'est d'ailleurs une des choses qui le rend par occasion très difficile à comprendre, Jodorowsky allant presque aussi loin dans la métaphore que dans ses délires visuels. Pourtant, de ce déferlement de thématiques subtiles et complexes se dégagent d'autres thématiques plus évidentes à saisir. Toujours sous l'influence évidente de Tod Browning et de son FREAKS, Jodorowsky prend son temps pour filmer des "freaks", ces êtres qui l'obsèdent et qui représentent physiquement le côté monstrueux des hommes, ce côté monstrueux qui prend souvent le dessus sur le reste, cette séquence ou l'infirme corromp le voleur avec un joint de marijuana en témoigne. Malgré cela, ce n'est pas avec peur, ni avec haine que Jodorowsky filme ses freaks, et s'il y a une peur dans ses films qui y soit liée c'est celle de la perte d'identité que le côté monstrueux de l'homme provoque et qui doit être détruit... Seulement Jodorowsky le fait ici une fois de plus de manière assez étrange, même assez émouvante pour être encore plus précis, le côté monstrueux des hommes étant une fois de plus un personnage attachant bien qu'assez secondaire ici (dans la mesure ou il n'a droit qu'a peu de temps à l'écran) en regard des autres films de Jodorowsky, mais garde une importance symbolique considérable dans cette quête initiatique qu'est LA MONTAGNE SACRÉE, quête initiatique guidée par la réalisation et le scénario d'Alejandro Jodorowsky mais également par le personnage qu'il interprète.

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Si le personnage du voleur se rapproche énormément de Jésus par son apparence et son parcours, l'alchimiste qu'interprète Jodorowsky (avec classe d'ailleurs) se rapproche quand à lui plus de Dieu. Omniscient, immortel, supérieur d'un point de vue intellectuel et capables des plus grands miracles, il guide tout le film et l'emmène vers sa finalité petit à petit. Enigmatique, c'est également un personnage fascinant par les nombreux rites alchimiques qu'on le voit pratiquer et qui lui sont caractéristiques et par son savoir d'un niveau limite divin. Ce savoir s'explique de lui-même par la finalité du film, surprenante comme je l'ai déja dit auparavant mais qui donne également une tout autre dimension a cet alchimiste et explique par la même occasion la présence d'Alejandro Jodorowsky dans ce rôle spécifique, dans lequel il brille par son interprétation, basée sur un scénario maitrisé de bout en bout, timbré certes, mais d'une rare subtilité et renvoyant souvent au cinéma muet, cinéma dans lequel Jodorowsky à oeuvré avec, rappelons-le LA CRAVATE. Ici, Jodorowsky, une fois de plus, montre ses talents de scénariste et livre un film complet et complexe dont la subtilité et le style en font une expérience unique ou le dialogue est presque anecdotique... Jodorowsky parle à travers sa caméra et c'est largement suffisant, ce dernier ayant l'intelligence et le talent pour faire comprendre ce qu'il à a dire simplement par son imagerie.

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Vous l'aurez compris, LA MONTAGNE SACRÉE est un pur ovni, un film difficile à saisir certes mais brillant d'un point de vue formel, Jodorowsky maitrisant son film à tous les niveaux, ce qui en fait une expérience sensorielle forte et unique dont le visuel incroyable vous scotchera à chaque instant, une quête initiatique intense par son imagerie mais également par son propos et son ambiance, passant par tous les registres possibles et imaginables... Tantôt drôle, tantôt poétique, il devient ultra-violent pour partir sur quelque chose de plus subversif pour revenir sur de l'humour et autres bizarreries... LA MONTAGNE SACRÉE est un film qui ne ressemble à aucun autre, qui, pour cette raison, se range clairement aux côtés de TETSUO et autres bizarreries dans la liste des films qui se distinguent le plus de tous les autres... Alors, ne nous voilons pas la face, LA MONTAGNE SACRÉE n'est pas pour tout le monde, son côté jusqu'au boutiste peut notamment rebuter mais par sa dimension unique et ses qualités techniques et scénaristiques, c'est une expérience que tout le monde devrait faire au moins une fois.... Ce film est un chef d'oeuvre tout simplement, certainement un des plus grands films de tous les temps et si vous êtes encore la à lire c'est que vous n'avez pas compris : faites-en une priorité, et profitez-en au passage pour voir si ce n'est pas encore fait les deux autres chefs d'oeuvres d'Alejandro Jodorowsky, EL TOPO et SANTA SANGRE...

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Si vous avez aimé ce film, vous aimerez aussi...

  • EL TOPO, d'Alejandro Jodorowsky.
  • SANTA SANGRE, d'Alejandro Jodorowsky.
  • FANDO Y LIS, d'Alejandro Jodorowsky.
  • LA CRAVATE, d'Alejandro Jodorowsky.

-ZE RING-

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25 mai 2011

...ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS

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RÉALISATION
| SERGIO LEONE
ECRITURE
| SERGIO LEONE, FULVIO MORSELLA, LUCIANO VINCENZONI
MUSIQUE | ENNIO MORRICONE

CLINT EASTWOOD | Monco
LEE VAN CLEEF | Douglas Mortimer
GIAN MARIA VOLONTÉ | L'Indio
ALDO SAMBRELL | Cuchillo
LUIGI PISTILLI | Groggy
KLAUS KINSKI | Hunchback

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Et pour quelques dollars de plus est le deuxième segment de la trilogie de l'homme sans nom du légendaire Sergio Leone. C'est donc un western spaghetti dans la lignée de Pour une poignée de dollars puisqu'il reprend le même personnage principal (même s'il a ici changé de nom), le même décor, les mêmes acteurs, le même compositeur... Pourquoi changer une équipe qui gagne? La seule différence c'est que suite au succès incroyable de Pour une poignée de dollars, Sergio Leone à ici la possibilité d'engager deux grands acteurs : Lee Van Cleef, un des plus grands acteurs de western de tous les temps, et Klaus Kinski, alias le plus grand psychopathe du cinéma, qui joue ici un second rôle assez plaisant... Malgré tout Et pour quelques dollars de plus à tout du film anecdotique, ici pour faire de l'argent et surfer sur la vague de succès... Alors Et pour quelques dollars de plus, anecdotique? Je ne peux que dire non car dire oui serait une véritable insanité, et oui, car Sergio Leone dans son génie avait compris que s'il devait faire un deuxième film avec le même personnage, le même décor il se devait de surpasser son premier opus non pas par le fond mais bien par la forme... Le hic c'est qu'ici Pour une poignée de dollars est surpassé en tous points par son cadet Et pour quelques dollars de plus. Explications.

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Et pour quelques dollars de plus est le premier chef d'oeuvre de Sergio Leone. La raison est simple : la force du premier opus était son côté épique appuyé par une musique qui déchire sa mère... Ici Leone pousse encore plus cet aspect faisant de son film une oeuvre encore plus jouissive que Pour une poignée de dollars ne l'était déja, mais en plus il corrige les défauts de celui-ci... Le manque de profondeur chez les personnages que j'avais reproché à Pour une poignée de dollars n'a pas lieu d'être prononcé sur cet article, car profonds les personnages le sont et habités par des acteurs toujours aussi charismatiques et au sommet de leur art, que ce soit Clint Eastwood, campant toujours ce chasseur de primes bad mother fucker with itchy-trigger fingers, ou encore Lee Van Cleef, chasseur de prime tourmenté aux flingues tous plus loufoques les uns que les autres ou encore Gian Maria Volonté dans le rôle d'Indio, bad mother fucker d'anthologie, tous brillent dans leur rôle et si force est de constater que Lee Van Cleef atomise tout le monde les doigts dans le nez les autres n'ont pas à rougir de la comparaison. Alors oui on pourra toujours dire que les acteurs secondaires sont loin d'être brillants mais rappelons-nous que nous sommes en 1965 en Italie et que le casting est international... En conséquence ici si l'on à des acteurs anglophones (ce pourquoi la version originale du film est la version anglaise et non le doublage italien, et ça s'applique à tous les films de Leone, ça parait con je sais mais je tiens à le préciser car il y a encore des gens dans ce monde qui croient que parce que Leone est italien alors des vedettes comme Eastwood, Lee Van Cleef, Charles Bronson ou même De Niro vont se mettre à parler italien...) très performants on a aussi des acteurs secondaires italiens qui eux ne parlent pas l'anglais et sont donc doublés... Plus ou moins correctement d'ailleurs alors peut-on vraiment considérer cela comme un défaut? Je ne pense pas, partant du principe que chaque film de Leone rattrape souvent ses défauts par une mise en scène monumentale, et de plus, nous n'avons pas ici affaire à un film de personnages comme Il était une fois en amérique... Non avec Et pour quelques dollars de plus (et tous les westerns de Leone d'ailleurs)  est une aventure épique qui se doit d'être appréciée comme telle et donc d'être jugée en grande partie sur le charisme des acteurs, la qualité d'écriture, la musique et surtout la mise en scène.

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Et la il faut avouer qu'encore une fois Sergio Leone s'impose comme un des plus grands metteurs en scène de tous les temps, c'est simple derrière sa caméra le bonhomme à plus de présence que les acteurs ultra-charismatiques qu'il fout l'un contre l'autre, livrant un western encore plus stylisé et épique que le précédent, Leone, par sa mise en scène et sa réalisation enchaine les scènes d'anthologie : le duel entre Indio et son ancien partenaire, les joutes verbales entre Lee Van Cleef ("Now come on, you light another match. -I generally smoke just after I eat. Why don't you come back in about ten minutes?" Excellent!) et Klaus Kinski et surtout le duel final, monument épique qui risque de vous trouer sévèrement le cul, Leone impose une fois de plus ses codes de mise en scène et Ennio Morricone, par sa partition (et d'ailleurs une de ses meilleures compositions.), rend les choses encore plus impressionnantes qu'elles ne le sont déja, bref Et pour quelques dollars est, tout comme Pour une poignée de dollars, une pure merveille de mise en scène... Et ce n'est encore rien à côté des films suivants de Sergio Leone. Et puis Leone, s'il était un grand metteur en scène, était aussi un scénariste de talent : présentant une situation vue 150 000 fois, il parvient tout de même à signer une oeuvre épique et prenante, largement aidée par les dialogues croustillants de Luciano Vincenzoni, plein de rebondissements, bien que ceux-ci soient attendus puisque le film à plus ou moins une structure similaire à son ainé (Présentation des personnages - installation de la trame - Les personnages sont faits prisonniers - Duel final épique), reste que ceux-ci sont bien la et donnent du rythme à une oeuvre énergique.

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Comme je le disais, Et pour quelques dollars de plus est un chef d'oeuvre. Tout y est bon. Les acteurs sont géniaux, la mise en scène est terrible, le film est une merveille d'écriture, le film enterre mille fois Pour une poignée de dollars, bref, qu'y a t-il de plus à dire si ce n'est... Qu'est-ce que vous foutez encore la à lire ma critique au lieu de courir à la FNAC la plus proche et d'acheter le film? Et pour quelques dollars de plus est un des meilleurs westerns spaghettis qui méritent complètement l'attention de tout le monde, passioné du genre ou non... Rendez-vous dans quelques jours pour la chronique du légendaire Le bon, la brute et le truand. ;)

-ZE RING-

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5 juin 2012

L'ENFER DES ARMES

Jaquette1

RÉALISÉ PAR | TSUI HARK.
ÉCRIT PAR | TSUI HARK ET CHEUK-HON SZETO.
MUSIQUE COMPOSÉE ET CHOISIE PAR | SIU-LAM TANG ET LEUN YU.

CHI LIN CHEN | Wan-chu.
ALBERT AU | Paul.
LUNG TIN SANG | Lung.
CHE BIU LAW | Ko.
LO LIEH | Inspecteur Tan.

Trois jeunes font exploser une bombe dans un cinéma. Wan-chu (Chi Lin Chen), une jeune fille psychotique et dangereuse, les menace de les livrer a la police s'ils ne l'aident pas à monter un autre attentat à la bombe.

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Après les échecs de THE BUTTERFLY MURDERS et HISTOIRES DE CANNIBALES, Tsui Hark à plus la rage que jamais. Il s'apprête donc à se lancer dans son projet le plus radical, le plus subversif, le plus nihiliste et surtout le plus controversé : le mythique L'ENFER DES ARMES. Avant même qu'il soit sorti, le film provoqua un scandale, menant au retournage de plus d'un tiers du film pour le rendre moins subversif et moins violent, ce qui a donné la version internationale, qui fut la seule visible pendant 20 ans... Jusqu'a ce que l'éditeur HK VIDEO retrouve la version non censurée du film et la ré-édite. Aujourd'hui, c'est bien de celle-là dont on va parler. Malgré la qualité par moments très mauvaise de l'image et du son de cette dernière, un constat s'impose très vite : au vu d'un tel monument de subversion, toutes les actions de censure commises à l'égard de L'ENFER DES ARMES ne paraissent que peu étonnantes...

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Souvent considéré comme l'ORANGE MÉCANIQUE chinois, L'ENFER DES ARMES n'a pourtant que très peu en commun avec le film de Stanley Kubrick. En effet, si Tsui Hark met en scène des jeunes aux actes destructeurs, ce dernier ne cherche jamais à étudier le problème de la violence chez ces derniers mais se sert davantage de ce trio principal comme un moyen de dénoncer les très nombreux problèmes de la société hong-kongaise, et ce, avec hargne. Tout comme THE BUTTERFLY MURDERS et HISTOIRES DE CANNIBALES, L'ENFER DES ARMES est un film violemment enragé ou tout le monde se prend sa petite baffe : les occidentaux (n'oublions pas qu'en 1980, Hong Kong est au bord de la rétrocession), les jeunes, les bourgeois, la police... Seul le personnage de Wan-chu se distingue. Tsui Hark met une fois de plus en avant le protagoniste féminin de son récit et valorise cette dernière, et ce malgré sa philosophie de vie nihiliste et dangereuse... Pourtant, dans la logique inhérente au film et à son propos, la philosophie nihiliste de ce personnage parait valoir bien mieux que les actes de violence dangereux auxquels le trio de jeunes principal ne s'adonne que par jeu... Si L'ENFER DES ARMES montre une jeunesse hong-kongaise complètement désoeuvrée et sans repère, cela n'empêche pas Tsui Hark de les mépriser et de le montrer de la manière la plus explicite possible. Malgré cela, ces trois personnages restent au centre de la descente aux enfers ultra-violente que L'ENFER DES ARMES constitue. Au travers du regard de ces personnages, Hark livre un portrait pessimiste et noir de la société hong-kongaise, toutefois, cela lui permet aussi comme à son habitude de jouer avec brio avec les genres qu'il exploite... Toutefois, si Hark à pour habitude de mêler à tous les genres, même à ceux qui s'y prêtent en apparence le moins, des éléments de comédie, ici, il n'y en a aucun. En effet, L'ENFER DES ARMES est très certainement, avec THE BLADE, le film le plus noir et le plus sans concession de son réalisateur, et si malgré leur noirceur et leur violence, on pouvait trouver dans THE LOVERS ou HISTOIRES DE CANNIBALES des éléments comiques, ici la violence et la subversion prennent le pas sur tout le reste.

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Et à vrai dire, tant mieux, tant cela donne à L'ENFER DES ARMES une dimension viscérale presque inégalée dans la filmographie du grand Tsui Hark. Ce dernier enchaine les scènes de violence avec un rythme modéré certes mais avec une intensité incroyable, et sacrifie ses personnages à un rythme infernal et ce toujours de manière inattendue. Hark ne fait aucune concession et livre une oeuvre ou les scènes de violence choquantes et perturbantes s'enchainent sans aucune forme de pitié. La violence, ici, est utilisée à 100 pourcents pour soutenir le propos subversif d'Hark, loin d'être particulièrement compliqué ni même très subtil, Hark le montrant au travers de métaphores visuelles évidentes et d'une violence à la limite de l'excès... Et une fois de plus, tant mieux, tant l'ambition de L'ENFER DES ARMES est de provoquer un véritable bouleversement social. Et si, de ce point de vue, malgré la qualité évidente du film, il en demeure un échec, on ne peut pas en dire autant de son impact sur le cinéma... En effet, il y un avant et un après L'ENFER DES ARMES pour le cinéma hong-kongais, le film ne cessant de pousser dans ses plus grands retranchements les limites de ce dernier. En effet, en 1980, le cinéma hong-kongais subit un véritable essoufflement, les cinéastes ne semblent plus avoir d'inspiration... Jusqu'a ce que Tsui Hark arrive avec L'ENFER DES ARMES et ses potes de la nouvelle vague, qui l'aideront par ailleurs à retourner le film après lorsqu'il sera jugé "insortable" par la censure... L'ENFER DES ARMES incarne en effet parfaitement la démarche du mouvement hong-kongais des années 80-90, c'est-à-dire délivrer un cinéma original notamment au travers du détournement des codes narratifs (et visuels, en ce qui concerne les plus grands génies du mouvement, comme Hark ou John Woo) ou encore de l'usage extensif d'une violence graphique stylisée, le tout ayant finalement pour but de retourner le cinéma sur sa tête... Mission accomplie avec L'ENFER DES ARMES, après cela, le cinéma hong-kongais ne sera plus jamais le même, d'autant plus que malgré son bide injuste, il permettra à Hark de se faire une réputation de fou furieux et de tourner son premier grand succès : ZU, LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE...

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Une fois, en regard de la qualité du métrage, il n'y a la rien de bien étonnant dans la mesure ou la mise en scène de L'ENFER DES ARMES est toute aussi réussie que son propos subversif. En effet, si l'on est encore très loin des réussites visuelles que sont THE BLADE et TIME AND TIDE, L'ENFER DES ARMES demeure tout de même un pur monument de mise en scène, ou la violence est perpétuellement stylisée mais ce sans les maniérismes qui illustrent habituellement Tsui Hark. L'immersion est réelle et le tout s'avère prenant à chaque instant, merci à la rigueur et à la maitrise visuelle du maître qui soigne chaque plan et magnifie chaque scène par une gestion de l'espace et du temps absolument incroyable... Qui plus est, les choses s'enchainent avec ce légendaire L'ENFER DES ARMES avec un rythme non-stop et la diversité des situations dans lesquels se foutent les protagonistes empêche absolument toute forme de répétition... Vous l'aurez compris, comme nimporte quel film de Hark qui se respecte, L'ENFER DES ARMES, avant d'être une oeuvre subversive et dérangeante, est avant tout un divertissement ; un divertissement des plus costauds il est vrai mais un divertissement quand même, un film d'une pureté et d'une sincérité absolue ou les genres se mélangent pour le plus grand plaisir du spectateur médusé. A tout cela se rajoutent les superbes interprétations de Lo Lieh et de Chi Lin Chen, donnant vie à des personnages que Hark n'oublie jamais, les développant toujours de manière la plus ambigue possible et de manière détaillée et précise.

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L'ENFER DES ARMES, c'est une des oeuvres les plus subversives et les plus provocatrices jamais filmées à Hong Kong. Mais c'est également une oeuvre viscérale, traumatisante, qui laisse complètement sur le carreau. Mais surtout c'est le premier très grand film d'un cinéaste dont j'ai pas encore fini de parler ici... Tsui Hark signe avec L'ENFER DES ARMES son troisième film seulement, toutefois, il s'agit très certainement d'une de ses oeuvres les plus abouties, d'une maîtrise et d'une force qui inspire le respect et qui lui permet aisément de se glisser parmi les meilleures oeuvres tournées à Hong Kong... Un film révolutionnaire d'une importance qu'on aurait bien tort de sous-estimer et que tout cinéphile qui se respecte devrait voir au pas de course. Car au-dela de son aspect révolutionnaire, L'ENFER DES ARMES est également un film purement jouissif, et l'un des rares à trouver l'équilibre parfait entre hargne, subversion et divertissement. Ca donne envie, non?

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-ZE RING-

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22 avril 2011

RING

RJAQUETTE

Un film réalisé par Hideo Nakata en 1998.
Ecrit par Hiroshi Takahashi à partir d'une nouvelle de Kôji Suzuki.
Avec Nanako Matsushima, Hiroyuki Sanada, Rikiya Ôtaka et Rie Ino'o.
"Musique" composée par Kenji Kawai.

Une cassette vidéo maudite tue au bout de sept jours tous ceux qui la visionnent, à moins qu'ils puissent résoudre le mystère qui l'entoure.

Ring à donné son nom à ce blog. Ze Ring, mon pseudo, est un mix de mon nom de famille et du nom du film. Il était donc grand temps que le film vienne faire une incursion sur mon blog, tant c'est film auquel j'attache beaucoup d'importance du au fait qu'il m'ait littéralement traumatisé. A l'époque, j'étais très jeune et le film m'avait vraiment terrifié, mais après revision il y a quelques temps, force est de constater que Ring est loin d'être le film le plus terrifiant qu'il m'ait été donné de voir... On a fait bien pire depuis (Notamment REC et Fragile de Balaguero ou encore tout simplement le tétanisant Dark Water d'Hideo Nakata.) mais il est important de constater aussi qu'en termes d'ambiances glaucques, dérangeantes, cradingues, en termes d'ambiance visuelle ou sonore, on a rarement fait mieux, que ce soit avant ou après la sortie du film... Et si effectivement Ring fournit rarement de peur pure et dure, c'est davantage par son ambiance que le chef d'oeuvre d'Hideo Nakata brille.

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Impossible de parler de cinéma d'horreur sans lacher le nom des deux plus grands films d'Hideo Nakata : le tordu et glaucque Ring et l'ultra-flippant Dark Water, tant les deux films ont relancé un genre depuis longtemps oublié : le yurei eiga, le film de fantômes japonais de manière pure et simple, caractérisé par des fantômes de sexe féminin, vêtu d'une longue robe blanche et dont la longue coiffure noire leur cache le visage, fantômes aussi caractérisés par leur antre, généralement un puits, genre aussi caractérisé par l'interêt qui est accordé au rapport entre le monde des vivants et le monde des morts. Pour Ring, toutes ses caractéristiques sont respectées, inutile que je vous fasse la description de Sadako tant le personnage est emblématique et représentatif du genre, Sadako, ce spectre vengeur psychopathe à la démarche irrégulière, inutile de parler plus d'elle tant tout à été dit à son sujet depuis la sortie du film, qui à engendré bon nombre de réactions chez les cinéphiles, car pour être clair, Ring est un film unique en son genre, s'il n'innove pas une seconde en regard du genre dans lequel il se classe, force est de constater que rarement on a vu un film aussi glaucque, tordu, dérangeant et désagréable à regarder... Contrairement à des films tout aussi glaucques comme Série noire d'Alain Corneau (oui je sais ça n'a rien à voir mais ça m'est nécessaire pour amener mon propos), Ring ne laisse aucune place à un humour, même noir, aucune place à l'espoir, non, pour ce qui est de Ring ce qu'on retrouve le plus c'est une image cradingue, des sons dérangeants (qui constituent la seule "musique" du film, Kenji Kawai, grand compositeur par ailleurs, s'étant refusé à composer aucune mélodie pour le film), et un spectre à la démarche dingue, pourtant il serait dommage de limiter l'oeuvre de Nakata à cela tant Ring est bien plus qu'un simple film pas beau.Hideo Nakata, lorsqu'il réalise Ring, ne prend aucun risque. Il fait un yurei eiga standard, reprenant un à un tous les codes du genre qu'il exploite, avec brio au passage mais j'y reivendrai, à commencer par le vilain fantôme pas beau en robe et à cheveux noirs, mais surtout sur le rapport entre le monde des vivants et le monde des morts, Ring est en cela divisé en deux parties : son début, et un morceau de la fin, se déroulent en ville, alors que l'autre partie du film se déroule à la campagne, dans des lieux plus reculés d'ou est originaire Sadako Yamamura. Le "moyen de transport" entre ces deux mondes est symbolisé par cette cassette maudite, conteneur d'images très inquiêtantes et énigmatiques et surtout de la malédiction d'un spectre pas gentil du tout, pourtant au-dela de ce sens, commun à tous les films du genre (en témoigne Dark Water d'Hideo Nakata ou le "moyen de transport" est ici l'eau.), Ring s'impose plus comme un film sur la dislocation de la famille, sujet qui semble obséder Nakata tant on le retrouve plus ou moins dans tous ces films (Dark Water en est le plus brillant exemple, et sans même avoir vu Kaosu, rien qu'à l'histoire (un type qui perd sa femme grosso modo) je peux me douter que ça s'en rapproche.), sujet ici représenté par la situation familiale des deux personnages principaux, qui sont divorcés mais aussi par la tension qui s'installe crescendo au fur et à mesure que le nombre de jours s'écoule dans le film jusqu'au point d'apothéose du film, par ailleurs Ring s'avère être un film intelligemment scénarisé et réalisé tant Nakata fait monter la tension crescendo pour finalement la faire redescendre cash et la faire remonter brutalement dans un twist final de folie, très inattendu et très bien amené, par ailleurs inutile de dire que Ring est un prodige d'écriture, et cela s'applique autant aux dialogues qu'a la construction du film, qui se fait très lentement, mais Ring est en même temps un film très immersif, soutenu par des acteurs très corrects et la prestation de Rie Ino'o, interprète silencieuse de Sadako Yamamura mais surtout par la réalisation à toute épreuve d'Hideo Nakata.

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Car non seulement Nakata semble connaitre ses classiques sur le bout des doigts (références nombreuses à Shining dans Dark Water, et ici nombreuses références au génialissime Poltergeist de Tobe Hooper, film d'horreur préféré de Kôji Suzuki, écrivain de la nouvelle originale, mais aussi à Terminator et à Chiens de paille) mais il installe également une ambiance glaucque, étouffante, désagréable et oppressante au possible avec une aisance déconcertante, le plus souvent en plan fixe et dans l'obscurité, Nakata livre un film sombre et clairement désagréable à regarder tant l'ambiance visuelle est volontairement moche, même chose pour la bande-son du film, Kenji Kawai livrant presque uniquement des sons aigus et des sifflements très désagréables à entendre. Tout est fait pour que Ring soit un film désagréable à regarder et encore plus désagréable à revoir, et même si ce n'était peut-être pas l'intention première, force est de constater que tous les effets réunis ici pour installer l'ambiance fonctionnent, d'ailleurs en parlant d'effets, ceux-ci sont très rares dans Ring, le film se basant plus sur la suggestion, alors aux amateurs de films d'horreur qui ne savent actuellement pas de quoi je parle, ne vous attendez juste pas à des effusions de sang de tous les côtés puisque s'il y a de la peur dans Ring, elle vient de vous, et de ce que vous imaginez... Par ailleurs, en parlant de peur, celle-ci est a peu près absente du film tant celui-ci repose davantage sur son ambiance, malgré tout il y a des quelques plans très surprenants qui risquent de vous faire bizarre, il en va de même pour les apparitions de Sadako toutes marquées par ce sifflement inoubliable que l'on doit à Kenji Kawai... Qui je le rappelle à composé les bandes-sons d'Avalon, Seven Swords et Dragon Tiger Gate, petite parenthèse juste comme ça mais quand un compositeur passe d'un coup de ses compos épiques habituelles à celles de Ring, ça ne veut dire qu'une chose : qu'il est très fort.

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Maintenant que peut-on reprocher à Ring si ce n'est cette vague de films asiatiques à fantômes chevelus vains et inutiles dont Ring 2 et Ring 0 font d'ailleurs partie... On sent très clairement qu'Hideo Nakata n'a pas eu d'autre choix que de réaliser Ring 2 et semble se foutre complètement du film qu'il réalise, par ailleurs, si les défauts de ce dernier ne se limitaient qu'a cela, ce ne serait pas si grave, mais Ring 2 et Ring 0 ont pour unique but de démystifier la figure emblématique qu'est Sadako, grosse connerie tant la peur que causent les fantômes vient du mystère qui les entoure, je ne parlerai pas des remakes, étant donné qu'ils ne m'ont pas laissé un souvenir impérissable mais que j'ai trouvé celui du 1 très regardable, bon d'ailleurs une dernière chose, donner le visage de Linda Blair dans L'exorciste à Sadako Yamamura c'était genre LE truc à ne pas faire au cinéma, une preuve de plus de la faible qualité des suites du chef d'oeuvre qu'est Ring... Maintenant vous savez ce qu'il vous reste à faire... Vous avez 7 jours pour le voir avant que je sorte de votre écran d'ordinateur pour vous tuer avec mon oeil :-)

CRITIQUES A VENIR =

  • Dark Water d'Hideo Nakata, monument de flippe comme j'en ai rarement vu.
  • Solitaire de Greg McLean, un excellent film d'horreur australien par le réalisateur du génialissime Wolf Creek.

-ZE RING-

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5 mars 2011

LES FRISSONS DE L'ANGOISSE

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Un film réalisé par Dario Argento en 1975.
Ecrit par Dario Argento et Bernardino Zapponi.
Avec David Hemmings, Daria Nicolodi, Gabriele Lavia et Macha Méril.
Musique composée par les Goblins.
(Faudra m'expliquer comment on traduit Profondo Rosso (Rouge profond) en Les frissons de l'angoisse...)

EXTRAIT DE LA BANDE-SON MAGISTRALE DES FRISSONS DE L'ANGOISSE

Et on continue sur le cinéma italien! Pour le bonheur des uns et pour le malheur des autres, enfin ici on parle tout de même d'un film un peu plus connu et un peu plus populaire, j'ai nommé Les frissons de l'angoisse, chef d'oeuvre absolu de Dario Argento, quasi-unaniment considéré comme le meilleur giallo de tous les temps... Pour rappel, le giallo est une forme de polar, qui tient son nom du fait que les livres policiers à une époque en Italie étaient de couleur jaune, or giallo, en italien, veut dire jaune... Le giallo à, au cinéma, pour principal code de présenter des tueurs dont on ne voit généralement pas le visage avant la résolution de l'histoire (ce qui n'est pas le cas des Frissons de l'angoisse, mais je n'en dis pas plus), en effet, on ne voit généralement que les mains de l'assassin (par ailleurs, selon les rumeurs, les mains du tueur de ce film seraient celles du réalisateur.), mains maniant d'ailleurs plus qu'habilement toutes sortes d'armes blanches, que ce soit couperets, hachettes, couteaux, peu importe en soit tant que le sang gicle et laissez-moi vous dire qu'ici le sang gicle bien fort, d'ou le titre original de cette oeuvre, Profondo Rosso, car c'est en effet une des grandes particularités de ce qui est un peu partout considéré comme le grand chef d'oeuvre de Dario Argento, celle d'être un des films policiers les plus violemment craspecs vus sur un écran, mais j'y reviendrai car ce n'est certainement pas la violence d'un métrage qui fait toute la perfection d'un film tel que Les frissons de l'angoisse.

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Car en effet, Les frissons de l'angoisse est un film très original dans sa réalisation, par ailleurs cela semble presque indispensable tant un film comme celui-ci repose entièrement sur la réal, les acteurs n'assurant pas toujours et la crédibilité du truc en prenant parfois un coup du au manque de moyens et à l'age du métrage, mais cette originalité ne se limite toutefois à des scènes de meurtre d'une violence extrême car soyons clair, rarement on a vu un film policier aussi craspec, la scène de meurtre dans la salle de bains en témoigne plutôt bien, et si l'on pourra reprocher au film ses deux derniers meurtres à la limite du portnawak peu importe, car en effet ce qui fait de Profondo Rosso une claque visuelle, c'est la manière dont Dario Argento manipule les couleurs de ses décors, tous glaucquissimes, que ce soit dit, faisant de Profondo Rosso un film tantôt magnifique visuellement tantôt extrêmement dérangeant, c'est ainsi que il padrone Dario Argento parvient à instaurer un climat oppressant dans son film, et si le film à sans doute pas mal perdu de la flippe qu'il véhiculait avec les années, certaines scènes foutent pas mal les chocottes et surtout à chaque instant, Profondo Rosso est dérangeant, par ailleurs c'est la une des grandes forces mais certainement pas la plus grande, car la plus grande est certainement la qualité d'écriture du scénario, merveilleusement construit et écrit, Argento nous promène pendant 2 heures (à ce titre, si vous souhaitez acheter le film, faites bien attention à acheter l'édition Wild Side en France ou l'édition Blue Underground aux Etats-Unis si comme moi vous achetez à l'étranger, car bon nombre d'éditions proposent encore l'édition cinéma d'1h30, vous dispensant de bon nombre de scènes pour la plupart excellentes) dans un film scénaristiquement complexe sans qu'on sache trop ou il veut nous y emmener, disséminant des indices sur l'identité mystérieuse d'un tueur sans pitié, pour vous emmener jusqu'a un twist final qui vous laissera le cul... Après revision, la plupart des indices disséminés dans le film vous sembleront trompeurs, c'est en effet la une grande force du film d'Argento, puisqu'il embrouille avec brio le spectateur et laisse hors champ tous les indices qui pourraient révéler l'identité de l'assassin, assassin qui n'a pas de visage pendant une bonne partie du film, qui semble deviner chaque mouvement du personnage principal à l'avance, faisant de lui un personnage d'une part emblématique mais lui donnant aussi une dimension quasiment mystique... Par ailleurs, la ou le génial Suspiria de Dario Argento introduisait des éléments rationnels dans un univers irrationnel, Profondo Rosso est tout l'inverse puisque des éléments irrationnels s'introduisent dans un univers rationnel, mais jamais une seconde le film perd de sa crédibilité scénaristiquement... Et puis évidemment comme je le disais Profondo Rosso est une merveille d'écriture, 2 heures sans aucun temps mort, des dialogues de qualité et si l'on reprochera des touches d'humour qui ne seront pas nécessairement les bienvenues, peu importe, le reste rattrape ce menu défaut, car des défauts, Profondo Rosso en à quelques uns, pourtant ils restent minimes en comparaison avec ses qualités dont je n'ai d'ailleurs pas encore fini de parler....

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Car en effet, on saluera également l'attention qu'Argento porte pour ses personnages, qu'il prend beaucoup de temps pour développer sans pour autant faire baisser le rythme de son bébé, et ce à l'aide de dialogues d'une qualité rare animés par des acteurs principaux plus que corrects, David Hemmings en tête qui livre ici une prestation vraiment bonne, de même pour Daria Nicolodi qui livre une prestation appréciable bien qu'elle doive se taper tous les moments plus ou moins humouristiques du film qui ne sont pas nécessairement les bienvenus, malheureusement le casting est aussi un des défauts de Profondo Rosso (ce qui n'est en soit pas étonnant, c'était même assez courant en Italie a l'époque de négliger les acteurs au profit de la réalisation.), en effet si aucun acteur du film n'est réellement ridicule (à part l'inspecteur de police, la vache il fait de la peine lui carrément.) beaucoup en font trois tonnes inutilement... Heureusement, ces lacunes sont rattrapées par la réalisation sans faille du film, mais également par une ambiance sonore de dingue, d'une part grâce à leur musique envoutante des Goblins, de l'autre grâce aux effets sonores de manière générale, de grande qualité, qui contribuent beaucoup à donner à Profondo Rosso l'ambiance glaucque pour laquelle il est connu, par ailleurs qui n'a pas été pris de peur à l'écoute de cette mélodie enfantine mais effrayante qui annonce la mort d'un protagoniste? Mélodie d'ailleurs qui amène sur le tapis cette enfance si bien mise en évidence par le film de Dario Argento, cette mélodie ne passant que lors de meurtres d'une violence inouïe, car Profondo Rosso est comme je le disais un film bien craspec, faisant immédiatement un parallèle que les lecteurs de ce blog doivent connaitre puisque j'en ai déja parlé pour la trilogie de la vengeance et Aniki, mon frère... Profondo Rosso, un film sur l'enfance? J'ai tendance à en douter mais on a déja vu plus fou que ça au cinoche alors tout me semble possible...

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Que retenir finalement de ce Profondo Rosso? Et bien beaucoup de choses, premièrement que c'est un film absolument révolutionnaire, notamment en termes de réalisation, et que s'il n'est pas sans lacunes, bon nombre de ses qualités rattrapent ses menus défauts... Y a un nom pour ce genre de films et ce nom c'est chef d'oeuvre, car Profondo Rosso peut aisément prétendre être un véritable chef d'oeuvre, un des chefs d'oeuvre globaux du cinéma pour certains, moi le premier, et si je n'ai pas vu assez de gialli pour dire si oui ou non l'engouement autour du film, qui je le rappelle est considéré comme le meilleur giallo jamais fait, je sais trois choses, premièrement, que ca m'a franchement donné envie de revoir l'ultra-flippant Suspiria (au passage, Pronfondo Rosso fait moins peur que celui-la, d'ailleurs j'ai été légèrement deçu de le constater puisqu'il m'avait fait grave flipper quand je l'avais vu pour la première fois à 9 ans.) et d'explorer un peu plus la filmo de Dario Argento, deux, que le film est un chef d'oeuvre absolu, et troisièmement que je sais pas ce que vous foutez encore la à lire cette critique puisque si vous suivez habituellement mes conseils vous devriez déja être au magasin de DVD le plus près pour choper le grand film qu'est Profondo Rosso, ô combien brillament traduit Les frissons de l'angoisse, titre qui s'il est bien pourri et sans aucun rapport avec le film est mille fois mérité...

-ZE RING-

P.S. Dans la catégorie "Sommaire", vous trouverez désormais un récapitulatif de tous les films chroniqués sur ce blog!

26 août 2010

INGLORIOUS BASTERDS

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Un film de Quentin Tarantino, réalisé en 2009.
Avec Brad Pitt, Eli Roth, Til Schweiger, Daniel Brühl, Diane Kruger, Christoph Waltz, Melanie Laurent et Michael Fassbender

  • Lien vers la critique de Kitano Jackson : http://kitanojackson.canalblog.com/archives/2010/08/27/18907125.html#comments

Dans la France occupée de 1940, Shosanna Dreyfus (Mélanie Laurent) assiste à l'exécution de sa famille tombée entre les mains du colonel nazi Hans Landa (Christoph Waltz). Shosanna s'échappe de justesse et s'enfuit à Paris où elle se construit une nouvelle identité en devenant exploitante d'une salle de cinéma. Quelque part ailleurs en Europe, le lieutenant Aldo Raine (Brad Pitt) forme un groupe de soldats juifs américains pour mener des actions punitives particulièrement sanglantes contre les nazis.

TIB1

Quentin Tarantino est un réalisateur véritablement polémique : certains aiment ses films, d'autres non. C'est le cas pour tout autre réalisateur, me direz-vous, mais pour Tarantino, il y a une véritable ligne entre ses admirateurs et ses détracteurs, donc autant être clair : si ses premiers films sont relativement "faciles d'accès", ce n'est pas tellement le cas de ce Inglorious Basterds. En effet, certains y voient une bouse absolue, alors que d'autre, comme moi, y voient le meilleurs film de Quentin Tarantino voire un des meilleurs films jamais faits (même si au passage, je considère ce Inglorious un peu moins bon que Pulp Fiction, mais chacun sa vision des choses.). Il est une chose à dire tout de même : Quentin Tarantino à commencé à écrire le scénario de ce film entre Pulp Fiction et Jackie Brown, et il est clair que celui-ci est carrément impeccable. Si la trame du film ne brille pas par son originalité, même s'il est clair qu'il est étoffé et travaillé, attendez-vous par contre à des dialogues dont chaque réplique pète les tympans, à des scènes de suspense à la tension extrême, à un jeu d'acteur impeccable (sauf peut-être les acteurs français pas toujours très convaincants, mais j'y reviendrai plus tard.), à un second degré absolument excellent mais également à un message final très bien introduit. En effet, il ne fait aucun doute que Quentin Tarantino, en donnant une telle importance au cinéma du personnage de Shosanna et en (SPOILER) faisant mourir Hitler et ses partisans les plus gradés à l'intérieur de ce dernier (FIN DU SPOILER) à voulu signifier au travers de son film que le cinéma était une arme, capable de changer les choses voire même le cours de l'histoire.

Quentin Tarantino à également joué la carte de la caricature sur Inglorious Basterds, puisqu'en effet, beaucoup de personnages sont de véritables caricatures d'anciens clichés. Par exemple, le colonel Hans Landa, un personnage très réussi et campé avec brio par Christoph Waltz (Ce mec à 50 ans, et en des dizaines d'années de carrière, Inglorious Basterds est son premier grand rôle... Comment un mec avec un tel potentiel n'a t-il pas été repéré avant?) parlant le français, l'anglais, l'italien et bien évidemment l'allemand, portant plus de médailles que sa chemise ne peut en porter, est évidemment une caricature. Toutefois, ne pensez pas que parce que le personnage est la caricature d'en quelque sorte un cliché, il va devenir tout gentil tout drôle, bien au contraire, puisque ce cher Hans Landa, vous allez vous en souvenir mes amis. Chaque scène à laquelle il participe est un moment exceptionnel de suspense, et de surprise, puisque ce personnage à la manie de la jouer amical pour se transformer en assassin comme on les aime passé un temps. Par ailleurs, parlons-en, de ce suspense que Tarantino s'amuse à mettre en place sur une grande partie du film. Interrogatoires, standoff méxicain, tout y passe, mais soyez prévenus : chaque scène est dôtée d'une tension extrême, presque insoutenable. Surpassant les prouesses de Brian De Palma en ce domaine (qui est pourtant mon "distilleur de suspense" favori) Quentin Tarantino risque de vous faire faire dessus plus d'une fois, il suffit de prendre la première scène comme exemple, dont la tension monte crescendo pour finir sur une explosion de violence. La violence, par ailleurs, même si le film est bercé par un second degré et une exagération constante ("Gorlami" ceux qui ont vu le film comprendront), est très présente, il suffit pour s'en rendre compte de voir la première apparition notable d'Eli Roth à l'écran, grand moment de violence, qui, accompagnée d'effets gores bien sentis de temps en temps, échelonne tout le film. Une petite remarque tardive, on pourrait également qualifier le personnage de Fredrick Zoller comme une caricature, super-soldat ayant tué plus de 300 soldats en Italie a lui seul, le court-métrage La fierté de la nation tourné pour les besoins d'Inglorious Basterds ou Daniel Brühl (Fredrick Zoller) joue le rôle principal, est la justement pour approfondir ce ressenti : Fredrick Zoller et bien d'autres personnages du film ont l'air d'être tout droit issus de BD.

Mais ce contraste entre violence, suspense et second degré est une grande partie de ce qui fait le film, si l'on met complètement à part le message qui y est distillé. En effet, certaines scènes vous feront vous chier dessus alors que d'autres vous feront le même effet... De par le rire. Je veux dire, qui n'a pas éclaté lors de cette scène ou Brad Pitt, Eli Roth et Omar Doom doivent faire semblant d'être italiens mais ont un accent absolument déplorable, se retrouvent face à ce polyglotte d'Hans Landa qui éclate de rire devant tant de nullité dans leur accent? Ce mix d'humour et de violence brute est extrêmement réussi, toutefois, ce ne serait sans doute pas le cas sans les acteurs qui animent Inglorious Basterds. Comme je le disais, même si nos acteurs (les français, quoi) sont parfois peu crédibles, en contrepartie, Brad Pitt, Eli Roth, Til Schweiger crèvent l'écran, mais nous retiendrons surtout Christoph Waltz. Acteur allemand ayant passé plusieurs décennies à jouer dans des séries allemandes (notamment Derrick...), il est étonnant qu'il n'ait pas été repéré plus tôt. En effet, ce dernier à tout d'un grand acteur : crédibilité, charisme et incarne à merveille le mother fucker de ce Inglorious Basterds. Pour en finir avec cette critique (éloge serait plus adéquat, cela dit), Inglorious Basterds est une expérience à faire, même pour les détracteurs de Tarantino, car c'est un film très différent de ses précédentes œuvres, rien que pour ses terribles scènes de tension et ses acteurs géniaux. Ma conclusion est simple : Inglorious Basterds est sans conteste le meilleur film de l'année 2009, un des meilleurs films sortis depuis un bout de temps et un grand film, à voir absolument.

-Ze Ring-

inglorious
Je crois qu'il s'agit de mon chef d'oeuvre.

15 juin 2012

POSSESSION

Jaquette

RÉALISÉ PAR | ANDRZEJ ZULAWSKI.
ÉCRIT PAR | ANDRZEJ ZULAWSKI ET FREDERIC TUTEN.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | ANDREJ KORYNSKI.

ISABELLE ADJANI | Anna.
SAM NEILL | Mark.
HEINZ BENNENT | Heinrich.

Mark (Sam Neill) est un père de famille terriblement désorienté par sa vie affective, sa femme Anna (Isabelle Adjani) ayant un comportement qu’il ne parvient jamais à comprendre. Ayant appris de sa bouche qu’elle avait un amant, Mark sombre alors dans une profonde dépression, avant de revenir à l’appartement commun pour tenter de remettre de l’ordre dans sa vie.

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ZE LORD OF THE RING accueille un nouveau rédacteur... Ceux qui se promènent un peu ici le connaissent sans doute déja, il s'agit de Jamesluctor qui a concocté pour le blog une critique de POSSESSION... Bienvenue à lui! -ZE RING-


POSSESSION est un chef d’œuvre. Un vrai. Même si on est loin de comprendre tout ce que l’on voit, on est happé par un spectacle qui nous échappe totalement, qui nous dépasse sans que nous puissions y faire quoi que ce soit. En somme, ce film a sur nous le même effet que le personnage d’Isabelle Adjani sur Sam Neill. Si un tel titre nous laissait entrevoir la possibilité d'un récit d'exorcisme, le ton du récit nous écarte rapidement de cette piste, se focalisant directement sur le traumatisme amoureux de son protagoniste masculin. Sam Neill est ici l’époux totalement dépendant de sa vie de famille, s’attachant de façon maladive à sa femme (dès les 10 premières minutes du film, après son départ précipité dans un hôtel, la rupture avec sa femme prononcée, il gesticule en gémissant sur son lit), et ayant un besoin impératif de comprendre son fonctionnement, sa logique. Alors que cette dernière n’en a apparemment pas. Elle semble d’abord tenir à son amant, mais elle revient à l’appartement familial (où vit Mark et leur fils), où elle laisse parler Mark sans jamais lui fournir les réponses attendues. Pour ainsi dire, elle va d'une chose à son contraire en acquiesçant à chaque question de son mari, sans donner de détail ni développer sa pensée (elle laisse clairement Mark penser ce qu'il veut).
N’y tenant plus, Mark rend alors visite à l’amant d’Anna, Heinrich, dans l’espoir de comprendre, et de pouvoir faire face à la situation. La découverte de ce nouveau sommet du triangle amoureux se fait dans une ambiance des plus étranges, ce nouveau personnage tentant carrément de séduire Mark (il lui tourne autour, presse ses mains sur son torse, lui caresse le visage…) avant que l’entrevue ne se solde par une bagarre plutôt brutale. Jusqu’ici, nous ne vivions qu’un drame amoureux assez tendu au niveau de l’interprétation, les acteurs jouant tous à fleur de peau. Mais le récit prend véritablement une tournure de thriller quand on découvre qu’Anna ne passe en fait son temps ni avec Mark, ni avec Heinrich. Vu qu'Anna disparaîssait pendant des journées entières, négligeant de s'occuper de son gosse, on commence à se poser de sérieuses questions. Le film entre dans une espèce de jeu qui rappelle le VERTIGO d’Hitchcock, avec des sentiments exacerbés pour les personnages dépeints toujours avec une véritable logique comportementale. Et sans crier gare, on bascule dans un fantastique Cronenbergien au contenu passionnant, au sens métaphorique terrassant (on est vraiment bouche bée devant le ton que prend le récit, il tourne dans une sorte de dépendance amoureuse monstrueuse, déviante, maladive quand on voit la violence qui s'empare des personnages).

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POSSESSION mixe alors deux registres différents, utilisant d’un côté un fantastique incarné dans une créature que ne renierait pas Cronenberg (ici entièrement tournée vers l'amour charnel), et une structure dramatique concernant Isabelle Adjani qui évoque en droite ligne HELLRAISER 1 (la frustration de Julia), qui bien qu’étant moins gore, pousse son propos et ses fantasmes plus loin que ne l’avait fait Clive Barker. Il faut voir ce plan séquence incroyable, où Isabelle Adjani, marchant dans le métro, passe en 5 minutes de l’état d’une passante lambda à celui d’une furie possédée, terrifiante en face de nous, achevant sa scène dans un délire gore incompréhensible mais profondément angoissant. Pour peu que le spectateur se soit plongé dans le film, il vivra un moment d'angoisse qu'il ne sera pas prêt d'oublier. Une vraie performance d'actrice, folle, impressionnante. Sur le plan de la simple performance d’acteur, tous les artistes de ce film sont admirables. Leur jeu est poussé à l'extrême, leurs émotions sont parfaitement logiques malgré les dérapages fréquents dans le fantastique, qui fascinent du début à la fin, nous offrant des moments de pure tension, de folie ultra crédible (Sam Neill se mutile au couteau électrique, Isabelle est la tarée la plus impressionnante vue à l'écran (des interprétations aussi jusqu'auboutistes se comptent sur les doigts d'une main)…) et de métaphore fantastique (le face à face final dans la cage d’escalier maculée de sang sur toute sa longueur est une séquence d'une intensité rare). POSSESSION, c’est la force des images et d’une histoire intimiste, profondément dérangeante et faisant ressurgir des peurs terrifiantes (touchant à l'une des principales angoisses de l'homme : l'amour), portés par des personnages psychologiquement perturbés et perturbants, dont les performances d’acteurs ahurissantes devraient marquer à vie les spectateurs qui s’y confronteraient. Qui pensait qu’un chef d’œuvre définitif était sorti en 1981 ?...

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Si vous avez aimé ce film, vous aimerez...

  • L'IMPORTANT, C'EST D'AIMER d'Andrzej Zulawski.
  • HELLRAISER de Clive Barker.
  • Le segment I LOVE YOU du film THE THEATRE BIZARRE.

-JAMESLUCTOR-

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21 novembre 2010

HEAT

HEAT__un_film_de_l_gende

Un chef d'oeuvre absolu réalisé par Michael Mann en 1995.
Avec Al Pacino, Robert De Niro, Val Kilmer et Tom Sizemore.

Neil McCauley est le meneur d'une bande de braqueurs professionnels. Lorsque Waingro, le petit nouveau de la bande, fait virer le braquage d'un fourgon blindé au massacre, McCauley croise la route de Vincent Hanna, flic obsédé par son travail et qui fera tout pour le faire tomber.

Al_Pacino__HEAT_ Robert_De_Niro__HEAT_
Cliquez sur les images pour les agrandir.

Heat est un de ces films relativement récents mais pourtant déja entré dans la légende. Ceci s'explique notamment par la gueule de son casting : Robert De Niro et Al Pacino, deux des meilleurs acteurs au monde, si ce n'est les meilleurs, à l'écran avec d'autres très bons acteurs tels que Val Kilmer, Tom Sizemore, William Fichtner et bien d'autres, tous dirigés à la perfection par Michael Mann, réalisateur de Collateral (il a aussi réalisé Le dernier des mohicans et plus récemment Public Enemies mais n'ayant jamais eu l'occasion de les voir, je ne peux me prononcer sur ces derniers). Heat est un duel déja d'anthologie, entre deux personnages ni tous blancs ni tous noirs, professionnels, qui sont leur radical opposé mais qui ont à la fois tout en commun. Ne négligeant aucun acteur, aussi secondaire soit-il, Michael Mann réalise un film muni d'un scénario parfait rédigé par ses soins, sans aucune incohérence et gardant le spectateur en haleine pendant 2h40 d'une intensité plus qu'incroyable. Qu'est-ce que tout cela donne? Un chef d'oeuvre absolu, un classique du polar et un des meilleurs films jamais faits à mes yeux. Explications.

Robert_De_Niro_et_Al_Pacino

Heat est un film réputé pour avoir inspiré de nombreux autres films et jeux vidéos, deux exemples respectifs serait 36 Quai des orfêvres d'Olivier Marchal et le jeu d'action Kane & Lynch sorti en 2007 par IO Interactive, c'est dire l'influence que le polar de Mann à eu sur ces deux arts (oui je considère le jeu vidéo comme un art). Cela est en grande partie due au perfectionnisme de Mann, qui lorsqu'il réalise un film cherche à le rendre le plus réaliste et le plus fidèle à la réalité possible et surtout à lui conférer une esthétique absolument dingue. Filmant Los Angeles le plus souvent de nuit et cherchant à donner une vision différente de la ville a ses spectateurs, Michael Mann livre des fusillades d'une intensité rare et inégalée à ce jour. La photographie du film est magnifique et les effets de lumière sont génialement pensés, bref, esthétiquement ça dépote seulement cela n'est qu'une petite partie de Heat, ainsi si on compte des passages d'anthologies comme cette scène de braquage de banque ou le duel final entre Al Pacino et Robert De Niro, mais cela est loin d'être assez pour faire un bon film, Mann en est conscient et exploite son scénario avec génie, prouve qu'il est capable de véritables prouesses techniques et choisit avec un soin méticuleux ses acteurs, et vu le travail qui à été fait à leur sujet, il serait temps d'en parler.

Robert_De_Niro_avec_un_fusil_plus_gros_que_lui

Ainsi si Al Pacino et Robert De Niro livrent clairement les meilleures prestations du film, celui-ci ne tient pas sur les épaules, notamment grâce à un paquet d'acteurs secondaires qui ne sont jamais négligés & donnent toujours le meilleur d'eux-même, même les plus petits rôles comme celui de Natalie Portman ou Danny Trejo, par ailleurs, chaque personnage fait avancer le scénario à sa manière, bien plus complexe et étoffé qu'il ne puisse y paraitre en premier lieu, au fur et à mesure que le film avance, le scénario s'étoffe de nouvelles sous-intrigues toutes menées à terme sans exception : aucune scène n'est inutile, le film passe d'un point A à B sans aucun temps mort et ce pendant 2h40, faisant du scénario de Heat un scénario parfait. Véritable merveille d'écriture, les dialogues sont souvent courts mais vont au but de manière radicale sans jamais dévier une seule fois de son sujet, Mann ne perd pas de temps à présenter ses personnages en début de film, en effet, cela se fait au fur et à mesure et on se rend vite compte que les personnages, tout comme le scénario, sont bien plus étoffés et profonds qu'il n'y parait. Ainsi Al Pacino joue Vincent Hanna avec génie, un policier travaillant à la Criminelle, qui va prendre en chasse McCauley, joué de manière toute aussi géniale par Robert De Niro. Toutefois, tout le but du film, au-déla d'être carrément magnifique esthétiquement, d'avoir des scènes d'action carrément jouïssives, d'être prenant de bout en bout et donc d'être un monument en terme de divertissement, est de fournir un véritable travail sur ces deux personnages pour montrer qu'ils sont à la fois complètement opposés mais qu'ils ont aussi tout en commun, à commencer par ceci : ils sont tous les deux des professionnels et font ce qu'ils savent faire de mieux, Vincent pourchasse McCauley, qui fait des coups pour s'enrichir et partir très loin avec Eady, jouée par Amy Brenneman, sa compagne. Par ailleurs, le parallèle entre leurs deux vies amoureuses est intéréssant puisque pendant que Neil McCauley connait l'amour, cette chose qu'il n'a jamais connue, Vincent Hanna détruit petit à petit son troisième mariage en lui courant après pour l'arrêter, mettant ainsi en place la phrase culte du film "N'aie pas d'attaches dans la vie dont tu ne puisses pas te séparer en moins de 30 secondes si tu sens la chaleur au coin de la rue", résumant clairement leur vie à tous deux : si McCauley doit échapper à Hanna et si Hanna doit perpétuellement courir après McCauley, comment peuvent-ils faire tenir un mariage? SPOILER Malgré tout, Vincent et Neil seront bien obligés de s'affronter directement à un moment ou un autre, après que la grande partie de l'équipe de McCauley soit morte, celui-ci finira par mourir tué par Vincent après qu'il ait du abandonner Eady pour fuir, mettant ainsi en évidence la réplique citée plus haut... FIN DES SPOILERS

Robert_De_Niro__la_classe

Voila, Heat, c'est ça, un véritable de duel titans que la simple idée de s'affronter rebute, parce qu'ils sont leur opposé mais qu'ils ont tout en commun, et cela constitue la principale force du film, par ailleurs, on ne voit que deux fois Robert De Niro et Al Pacino tous les deux à l'écran, une fois dans un dialogue mythique et l'autre à la fin dans les derniers plans, pour la symbolique. En effet, Michael Mann à bien compris que le film aurait perdu cette force si les deux acteurs étaient trop souvent réunis à l'écran, ainsi, il parvient à préserver toute la force et l'impact de Heat, en plus de cela, il parvient à livrer des scènes d'action dantesque et d'une violence maîtrisée mais crue, à diriger toute une bagatelle d'acteurs aux personnages tous aussi variés les uns que les autres tout en livrant une des histoires les mieux écrites à mes yeux à ce jour, le tout servi par la musique originale mais géniale d'Elliot GoldenthalMichael Mann livre de manière magistrale ce qui est désormais devenu un classique du polar auquel il est quasi impossible de trouver des défauts... Et si vous êtes toujours en train de lire cette critique, je vais expliciter le message caché : COURREZ L'ACHETER.

-Ze Ring-

Un_des_braqueurs__me_demandez_pas_lequel

9 janvier 2011

1900

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Un film réalisé par Bernardo Bertolucci en 1976.
Ecrit par Bernardo Bertolucci, Giuseppe Bertolucci et Franco Arcalli.
Avec Robert De Niro, Gérard Depardieu, Donald Sutherland, Dominique Sanda et Laura Betti.
Musique composée par Ennio Morricone.

Sous le sapin à Noël en raison de ma curiosité poussée, 1900 à du attendre deux semaines pour que je le voie. En effet, le film ne fait ni plus ni moins de 5h, et malgré mon envie de le voir, cela m'a toujours repoussé, aujourd'hui j'ai vu le film et je ne peux que regretter de ne pas l'avoir fait avant. Il est clair que la durée à des influences positives comme négatives sur le film, notamment un ou deux passages qui peuvent s'avérer plus ou moins chiants selon le spectateur, mais la richesse, la qualité et la beauté du scénario rattrape les menus défauts du film, qui impose une vision des 45 premières années du XXème siècle de manière assez pessimiste en suivant les vies d'Alfredo Berlinghieri (Robert De Niro), Olmo Dalco (Gérard Depardieu) et Attila Mellanchini (Donald Sutherland) ainsi que la montée du fascisme en Italie. Traitant son sujet avec minutie, Bernardo Bertolucci signe un film possédant tous les atouts d'un chef d'oeuvre, servi par un casting malheureusement inégal mais dont les acteurs principaux dégomment tout. 1900 à par ailleurs été l'occasion pour moi de découvrir Donald Sutherland, ce qui à été une véritable révélation, cet acteur étant absolument génial sur tous les points. 1900 est donc en bien des points un véritable chef d'oeuvre, un film intimiste et personnel mais malheureusement victimes de lacunes relativement importantes.

Novecento2

1900 est un film assez lent, servi par une réalisation absolument excellente. Il n'y a pas un seul plan qui ne soit pas magnifiquement cadré et composé, Bernardo Bertolucci utilise son décor de manière magistrale et signe un film à l'ambiance gaie et joyeuse qui vire de manière assez radicale à une ambiance plus sombre, pourtant chaque instant de 1900 est bercé dans une merde totale, car 1900 qui aurait pu être un film relativement gentillet est assez choquant sur les bords, alors on sera sans doute surpris de voir Donald Sutherland participer à des scènes de violence brèves mais intenses voire choquantes pour les plus sensibles, et quiconque parle de ce film peut s'attendre à se faire blinder par les bien pensants qui pensent que tuer les chatons à coups de boules et tuer les gamins en leur écrasant la tête contre un mur, c'est pas bien, même dans les films. Donnant une vision extrêmement négative du fascisme (ce qui n'est pas surprenant, Bernardo Bertolucci à longtemps travaillé avec Pier Paolo Pasolini, qui à réalisé Salo... Il a été assassiné juste après, alors même en ayant pas vu le film je pense que c'était un crevard.), des propriétaires terriens, Bertolucci n'est pas non plus forcément très sympa avec les communistes, bref, il s'attaque à plus ou moins tout le monde sans faire de concessions dans un film dantesque ou il vous promènera pendant 5 heures dans un ride au pays des films comme on en fera plus jamais. Subversif sur bien des points, 1900 est en plus de ça interprêté merveilleusement, dédicace spéciale à Gérard Depardieu qui signe une prestation absolument énorme bien que son accent anglais fasse un peu de la peine, malgré tout le flambeau revient de toute évidence au maestro des maestros Robert De Niro et à son collègue Donald Sutherland, un bad mother fucker qui à droit aux scènes les plus crasses du film et qui restera certainement longtemps ancré dans les mémoires. Malheureusement, si les acteurs principaux sont géniaux, ce n'est pas franchement le cas des acteurs secondaires, notamment Dominique Sanda qui est ici assez mauvaise (mais bon d'un côté elle on s'en fout étant donné que y a pas une scène avec elle sans De Niro), lacune importante qui est toutefois rattrapé par un scénario à bien des égards parfait, intense et émouvant mais qui ne manque pas d'un ou deux moments chiants, mais comme faire un film de 5h sans me semble être reservé aux véritables maîtres, on se contentera de se faire chier 10 minutes sur 300 et on ne dira rien, car en soit, 1900, même en étant subversif et intimiste parvient à être un excellent divertissement soutenu par une musique composée par Ennio Morricone qui prouve encore une fois qu'il est un véritable maître et donne a la dernière partie du film un ton terriblement émouvant et pessimiste.

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1900 est donc un grand film, servi par une réalisation, un scénario et une composition musicale quasi-irréprochable, dont le réal à l'air de franchement prendre plaisir à cracher à la gueule de tout le monde et de ne pas brosser tout le monde dans le sens du poil, malheureusement comme je le disais c'est aussi un film qui passe à côté du rang de véritable chef d'oeuvre dans le premier sens du terme en raison de nombreuses lacunes, à commencer par la direction d'acteurs et les passages à vide comme je l'ai précisé mais aussi par quelques décisions quelques peu douteuses, comme celles d'avoir placé la première partie de la fin au début, cela n'apporte rien au récit, certains adhèreront et d'autres n'adhèreront pas à cette décision, pour autant la ou les montages non-chronologiques ont tendance à provoquer la confusion chez le spectateur, 1900 est, comme dirait l'autre, clair comme de l'eau de roche, pas une seule incohérence dans les 5 heures du film, la qualité d'écriture est de plus clairement la et donc cela force le respect et donc, même si en termes de direction d'acteur le film aurait gagné à être dirigé par quelqu'un d'autre, on sent une véritable passion derrière la caméra et puis de toutes façons, Bernardo Bertolucci montre clairement qu'il n'est pas un manche en servant une réalisation énormissime, notamment concernant l'ambiance qui est assez soignée et livre un film lent et intéréssant qui tourne au drame humain bouleversant petit à petit le tout en alternance avec les scènes de violence du couple psychopathe Donald Sutherland et Laura Betti. Alors voila, clairement si 1900 n'est pas dépourvu de défauts, c'est un film à voir et ce malgré sa longueur, véritablement bouleversant... Personnellement c'est un des plus beaux films que j'ai vu ces derniers temps, vraiment surpuissant, je suis resté accroché à mon canapé jusqu'a la fin du générique avant de me rendre compte que c'était fini.

Novecento4

-Ze Ring-

Novecento5

3 mai 2011

DARK WATER

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Réalisé par Hideo Nakata en 2002.
Ecrit par Takashige Ichise, Yoshihiro Nakamura, Ken'ichi Suzuki et Hideo Nakata à partir d'une nouvelle de Kôji Suzuki.
Avec Hitomi Kuroki, Rio Kanno et Mirei Oguchi.
Musique composée par Kenji Kawai et Shikao Suga.

Une femme et sa fille de 6 ans s'installent dans un immeuble délabré en proie à d'étranges inondations...

Je vous l'avais promis... Vous l'avez attendue longtemps... Ca vous à fait chier... Mais finalement la voici, ma critique de Dark Water, qui cloture le cycle Nakata sur ce blog. Certains d'entre vous apprécient sans doute le fait que je m'attarde longuement ces temps-ci sur le cinoche asiatique, d'autres non, à ceux-la, rassurez-vous, après celui-la vous n'entendrez plus parler de fantômes chevelus et de sorcières qui sortent d'écrans de télé pendant un bout de temps et cela dit j'espère que moi non plus, m'enfin Dark Water, que vous aimiez le genre ou non, reste un film à voir, d'une part parce qu'il est bien plus accessible et bien moins glaucque que son confrère Ring, de l'autre parce que Dark Water est tout simplement l'un des évènements cinématographiques les plus terrifiants de ces 10 dernières années, puisqu'il envoie très facilement six pieds sous terre une grande partie des films d'horreurs réalisés ces dernières années, seules les réalisations de sieur Balaguero peuvent se targuer d'égaler le chef d'oeuvre de Nakata en termes d'intensité et de flippe, par ailleurs s'il n'y a qu'un seul film auquel Dark Water peut se comparer c'est bien le Fragile de Jaume Balaguero tant les similarités sont flagrantes, mais je n'en dis pas plus puisque les deux films reposent énormément sur leur scénario et leur effet de surprise... Dark Water, ou le meilleur film d'horreur de la décennie?

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Et oui car chef d'oeuvre est le mot qui correspond le plus à Dark Water, et ce malgré toutes les mauvaises langues qui pourront vous dire le contraire, car que ce soit le clair, sur le net on trouve autant de critiques qui encensent le film que d'autres qui le descendent pour son côté plus accessible : en effet, Dark Water est bien moins glaucque que l'autre chef d'oeuvre d'Hideo Nakata : Ring, toutefois peut-on qualifier d'accessible un film tel que Dark Water? J'en doute, d'une part parce que même si le film est moins glaucque que son prédecesseur, il l'est quand même pas mal, de l'autre parce qu'il compense ce manque très peu pénalisant par des scènes de flippe d'une rare intensité, soyons clair, j'ai rarement autant flippé devant un écran catapultant d'office Dark Water au rang de film culte qui n'a pas à rougir de la comparaison avec Ring, comparaison complètement con au passage d'ailleurs puisque les deux films ont une identité complètement différente, Ring étant en effet un pur film de genre dans la tradition du yurei eiga à l'ambiance crasse alors que Dark Water est bien moins attaché à ce genre puisqu'il se rapproche plus d'un drame familial bercé dans l'horreur, ainsi ceux qui connaissent un petit peu l'oeuvre de Nakata sauront tout de suite de quoi je veux parler puisque l'obsession de Nakata semble clairement être la dislocation de la famille, thème furtivement abordé dans son Ring mais qui est ici le centre du film, donnant lieu à des scènes d'une rare intensité émotionnelle ("émotion" ou le mot à ne pas dire quand on parle de Ring.) en contraste total avec des scènes de flippe carrément traumatisantes. Traumatisant, Dark Water l'est assurément, et si effectivement de ce point de vue le film l'est moins que Ring du à son fantôme beaucoup moins iconique, Dark Water garde un potentiel immense en la matière, chaque scène d'angoisse est à se chier dessus, scènes portées par les bruits toujours aussi flippants de Kenji Kawai mais pourtant la plus grande force du film ne se trouve pas la.

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Qu'on ne s'y trompe pas, si Hideo Nakata est un très grand metteur en scène qui connait ses classiques sur le bout des doigts (Dark Water emprunte beaucoup à Shining.), surtout lorsqu'il agit de foutre les chocottes à son public, la plus grande force de son bébé se trouve davantage dans son scénario que dans ses scènes de flippe, véritablement bouleversant Dark Water est extrêmement intéréssant de par sa construction, en effet, il est entièrement basé sur le divorce et le combat pour la garde de la fille du personnage principal, brillament jouée par ailleurs par Hitomi Kuroki, une actrice méconnue. Tout le film se construit autour de ce personnage, qui vit des rapports tendus avec son ex-mari. Et si le film monte crescendo dans l'horreur et la peur, en dehors d'une volonté évidente de faire un film qui reste imprimé dans les mémoires, cela ne me semble pas être un hasard puisque ce même personnage sombre petit à petit dans un véritable pétage de plombs, plus les évènements insolites arrivent dans cet immeuble désert, insalubre et glauque, plus le personnage principal est tendu, ainsi si cette tension est bien évidemment représentée par les interventions les plus explicites du fantôme dans le monde des vivants, l'intervention de celui-ci est l'élément qui provoque la division d'une famille déja brisée. Et puis, bien évidemment, en dehors du sens à peine caché du film, les nombreux scénaristes font preuve d'un grand talent d'écriture sur ce Dark Water, le film est génialement construit et toujours prenant et tétanisant malgré sa lenteur, les dialogues sont très fins et portés par des prestations d'acteurs au poil et la réalisation d'Hideo Nakata est une pure merveille... Qu'y a t-il donc d'autre à dire? Et bien rien si ce n'est justement que les talents de mise de scène dont Nakata faisait preuve sur Ring étaient déja immenses et que le bonhomme se surpasse complètement ici, distille sans grande peine une tension impressionnante, jouant sur la lenteur de son film pour faire sursauter le spectateur toutes les deux secondes et livrant comme je le disais des scènes de flippe de fou... A ce titre, la scène finale dans l'ascenseur est de loin un des plus grands moments de peur qu'il m'ait été donné de voir devant mon écran, Nakata continuant toujours à jouer sur la suggestion et sur l'imagination de son spectateur, et puis s'il y a un point sur lequel j'ai oublié de m'attarder qui mérite tout de même que j'en parle, c'est le potentiel émotionnel du film, en effet, si le final va transformer votre coeur en turbine, il va aussi le briser en autant de temps qu'il ne faut pour le dire, mais je n'en dis pas plus...

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En conclusion, Dark Water est un pur chef d'oeuvre, un film parfait en la matière et certainement un des meilleurs films d'horreur que l'on ait vu ces dernières années, voire le meilleur, Dark Water est un film majeur de cette décennie et une chose est sure, si vous ne l'avez pas vu, vous n'avez rien vu! Et si vous avez été traumatisé comme je l'ai été par Ring... N'attendez pas 10 ans pour voir Dark Water car ce sont deux films sensiblement différents et si c'est l'ambiance de Ring qui vous a rebuté alors vous pouvez vous diriger sans crainte vers ce Dark Water qui est bien plus agréable à mater!! Voila, vous m'excuserez pour le contenu un peu plus faible qu'habituellement mais n'ayant pas le film en DVD et ayant à tout prix voulu le chroniquer, je travaille de mémoire la et c'est un peu plus compliqué que de travailler après vision (ou revision)!! J'espère que vous aimez la gueule du blog et j'espère que vous aimerez ce chef d'oeuvre du cinéma asiatique si vous suivez mon conseil et que vous le voyez le plus vite possible. :)

-ZE RING-

27 août 2011

VIOLENT COP

VC JAQ

RÉALISÉ PAR | TAKESHI KITANO.
SCRIPT ORIGINAL ÉCRIT PAR | HISASHI NOZAWA ET RÉ-ÉCRIT PAR | TAKESHI KITANO.
PRODUIT PAR | SHOZO ICHIYAMA, AKINORI KURODA, TOSHIO NABESHIMA, KAZUYOSHI OKUYAMA ET TAKIO YOSHIDA.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | DAISAKU KUME.

TAKESHI KITANO | Azuma.
HAKURYU | Kiyohiro.
MAIKO KAWAKAMI | Akari.
MAKOTO ASHIKAWA | Kikuchi.

Azuma, un policier violent (Takeshi Kitano) est aux prises à la fois avec sa hiérarchie et un gang dirigé par le truand Kiyohiro (Hakuryu).

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Premier film de Takeshi Kitano en tant que réalisateur, qui s'était déja illustré par des performances d'acteurs incroyables dans des films tels que MERRY CHRISTMAS, MR. LAWRENCE (plus connu sous le nom de FURYO en France.) de Nagisa Oshima, VIOLENT COP est une oeuvre importante dans le sens ou, avec le TETSUO de Shinya Tsukamoto, elle a permis a un nouveau cinéma japonais de s'imposer en 1989, époque à laquelle, je le rappelle, le cinéma japonais était sur le déclin, les grands maitres qui en avaient fait la gloire ne tournant plus autant qu'avant voire plus du tout... Un de ces grands maitres, Kinji Fukasaku, qui s'était illustré dans les années 70 en réalisant bon nombre de yakuza eiga et qui à notamment influencé Quentin Tarantino et John Woo, était le premier réalisateur destiné à faire ce VIOLENT COP, polar classique dans lequel Takeshi Kitano devait prendre le premier rôle, seulement voila Fukasaku tombe malade avant le tournage et c'est Takeshi Kitano qui doit réaliser le film à sa place, il reprend le script original de Hisashi Nozawa et fournit un travail important de ré-écriture. D'une histoire policière classique, VIOLENT COP devient un polar sur un flic taciturne, solitaire et à contre-courant mais surtout VIOLENT COP devient le reflet des nombreuses obsessions de Beat Takeshi. VIOLENT COP, A.K.A le premier film d'un des plus grands réalisateurs que le cinéma ait connu.

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Seulement voila, même si VIOLENT COP est un film important dans la filmographie de Takeshi Kitano dans le sens ou toutes ses obsessions y sont abordées, la plupart sont à peine survolées. L'enfance, élément central de la plupart des films du maitre, est ici à peine effleurée, à l'opposé, la violence sèche et froide qui à fait en partie le succès de l'oeuvre de Kitano atteint ici un paroxysme incroyable, à ce titre VIOLENT COP est avec ANIKI, MON FRERE et ZATOICHI le film le plus hardcore du cinéaste, se permettant des excès de violence absolument incroyables, VIOLENT COP est le film le plus brutal de Takeshi Kitano, en effet, si les deux autres films du bonhomme cités précédémment sont aussi violents visuellement, ils sont plus faciles à digérer dans le sens ou on n'y trouve beaucoup d'humour et d'émotion, dans VIOLENT COP, il n'y a rien de la sorte, c'est d'ailleurs sans doute un des défauts du film, celui d'être assez impersonnel dans la mesure ou l'émotion et l'humour propre à l'oeuvre de Kitano sont ici absents, à l'exception d'une scène à pisser de rire ou Kitano, qui joue ici un gros crevard, colle un coup de savate intergalactique à un type qui dévale ensuite les escaliers comme un abruti... En dehors de cette scène, la violence du film prend le pas sur le reste, des fois pour le mieux (la fusillade de fin dans l'entrepot, monument de mise en scène et de violence), d'autres fois pour le pire (cette scène ou Kitano baffe un type pendant dix minutes, long, et il faut l'avouer, chiant, en plus de ne pas tellement servir le scénario.). Vous l'aurez compris, VIOLENT COP n'est pas le meilleur film de Kitano, au contraire c'est très certainement son moins bon film en plus d'être certainement le plus vide (même GETTING ANY? qui est pourtant assez pourri peut au moins se targuer de faire mourir de rire.), qui plus est, il est assez inégal, la faute peut-être a la surprise que Kitano à sans doute eu lorsqu'il s'est retrouvé à la caméra, ou la faute peut-être au fait que le scénario contient autant de scènes réécrites par Kitano que d'autres écrites par Nozawa (qui n'a au passage rien fait d'intéréssant à part ce film.), malheureusement, et ça, c'est un peu plus inattendu, cette inégalité se ressent également dans la mise en scène.

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En effet, si certains passages de ce film, comme la fin, sont incroyablement mis en scène, d'autres sont ruinés par une réalisation parfois légèrement mollassonne, comme cette très très très longue poursuite ou il ne se passe rien d'intéréssant, bref, si certains moments du film sont incroyables, d'autres auraient largement gagné à bénéficier d'un meilleur traitement, en effet si l'absence d'émotion et d'humour est regrettable, ce défaut aurait pu être largement compensé par une mise en scène plus en accord avec le film, c'est-a-dire plus sèche, plus violente, mais peut-on réellement regretter le fait que Kitano essaye de faire pour la première fois ce qui fera la grace de son cinéma? En un sens oui, puisque ce VIOLENT COP est un semi-échec, en un sens non, il me semble tout de même qu'en tant que premier film d'un homme qui est également loin d'être un cinéphile (Kitano n'a vu que très peu de films dans sa vie, et avant de faire du cinéma il aspirait à être comédien.) VIOLENT COP s'en tire avec les honneurs, en effet, Kitano, si par moments fait légèrement nimporte quoi, d'autres sont purement incroyables et surtout, on retrouve pour la première fois Kitano dans un rôle qui le convient légèrement... A ce titre, Azuma, son personnage, est un véritable crevard, qui tape et qui tire sur tout le monde et qui d'ailleurs n'est pas sans évoquer L'INSPECTEUR HARRY, bref, c'est un badass mother fucker comme on les aime, et Kitano livre une interprétation de qualité. Comme toujours quasi-muet, en retrait, il explose lors de scènes de violence incroyables, et interprète à la perfection cette première esquisse de son personnage fétiche, personnage emblématique que l'on retrouvera dans la majorité de ses autres films...

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Seulement voila, si dans HANA-BI ou dans ANIKI, MON FRERE, certains éléments permettaient de s'attacher à ce personnage taciturne et violent, ici ce n'est pas le cas, ainsi lorsque, fidèle à ses habitudes, Kitano s'en va niquer tout le monde, tiraillé entre l'envie de mourir et l'envie de tuer, on ne lache pas la larme qu'on est habitués à lacher devant les films du bonhomme, la faute également à une froideur trop exacerbée et à une lenteur qui nuit gravement au rythme du film, en effet, VIOLENT COP ne commence réellement qu'au bout de 45 minutes et beaucoup, dont moi, auront largement décroché avant cela, le film est beaucoup trop lent pour être divertissant et l'inégalité dans la mise en scène empêche le tout d'être captivant malgré tout, pourtant si le film ne pète pas très haut il n'en est pas pour autant entièrement pénible, on y trouve en effet des merveilles en termes d'écriture et d'interprétation. Kitano, comme d'habitude, brille, et le monolithique Hakuryu (le porte-flingue dans HANA-BI) remplit largement son contrat, à ce titre son personnage est carrément inquiétant. Tueur sans émotion, sans pitié et sans remords, il ne montre aucune émotion et se contente de faire son travail avec la brutalité qui va avec, au même titre que le personnage d'Azuma à vrai dire... Et c'est la que VIOLENT COP fait réellement penser à L'INSPECTEUR HARRY, c'est qu'il s'agit en réalité d'une oeuvre sur l'incompétence et la corruption de la police, tous étant soit incapables de faire le boulot (en témoigne cette scène ou toute une équipe de flics se fait défoncer à coups de savate par un pauvre type.) soit corrompus (en témoigne la toute dernière scène...). Parmi eux, se dresse Azuma, flic violent qui utilise les même moyens violents que les criminels qu'il affronte, un enfoiré en somme, mais qui est sans doute le meilleur de tous... Un portrait inquiétant de la police qui aurait pu être encore plus intéréssant si Fukasaku avait réalisé le film, en effet le message sous-jacent du film est loin d'être la préoccupation centrale de Kitano qui se concentre davantage sur les thèmes qui l'intéressent : l'enfance et l'amour, bien que survolés, la violence de son cinéma et les yakuzas.

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Malheureusement, en tentant de faire un film sur les yakuzas, Kitano se perd dans une enquête policière loin d'être intéréssante et perd le rythme de son film... Ainsi lorsque le film commence vraiment, on se surprend à ne toujours pas accrocher à ce VIOLENT COP, enchainement de tueries toutes plus violentes les unes que les autres mais qui n'apportent rien de très intéréssant, à ce titre le rythme du film est tellement monotone que la fin, explosion de violence inattendue, semble sortir de nulle part, la faute à une construction dramatique absente, heureusement, parmi ces erreurs de construction, on retrouve des dialogues finement écrits et une bande-son intéréssante même si ça ne vaut clairement pas Joe Hisaishi... Et comme je le disais avant de partir sur autre chose, des acteurs intéréssants, on retrouve entre autres dans le rôle de Nito le bad guy de ZATOICHI et Makoto Ashikawa, acteur secondaire certes mais qui livre chaque fois des performances intéréssantes, malgré tout on est quand même loin du trio de choc Kitano - Osugi - Terajima et VIOLENT COP décevra donc encore une fois les fans de Kitano...

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En somme, VIOLENT COP est un film inégal et légèrement ennuyeux... Malgré tout impossible de tout jeter dans ce film tant on y ouvre des scènes intéréssantes mais également une première esquisse des obsessions de Kitano. Dans VIOLENT COP, même si tout est loin d'être parfait, il y a tout ce qui fera la gloire du cinéma de Kitano, ainsi, même si le film est loin d'être un chef d'oeuvre, VIOLENT COP est une oeuvre indispensable pour tout fan de Kitano... Personnellement, j'ai vu le film deux fois et je suis assez mitigé mais certains moments sont pour moi un pur bonheur, et je sais que rien pour ces moments la je suis prêt à revoir le film une troisième fois. A voir donc, de toutes façons, si vous ne comprenez pas l'anglais ou le japonais, la seule possibilité pour vous de voir ce film est d'acheter le très rare et très cher coffret VIOLENT COP / KIDS RETURN (une tuerie) puisque le film n'existe pas en édition solo.

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Si vous aimez ce film, vous aimerez aussi...

  • HANA-BI, de Takeshi Kitano.
  • ANIKI, MON FRERE de Takeshi Kitano.
  • SONATINE, deTakeshi Kitano.
  • JUGATSU, deTakeshi Kitano.

-ZE RING-

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13 avril 2011

HANA-BI

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Un des plus grands films de l'histoire du cinéma, réalisé par Takeshi Kitano en 1997.
Ecrit par Takeshi Kitano.
Avec Takeshi Kitano, Kayako Kishimoto, Ren Ôsugi et Susumu Terajima.
Musique composée par Joe Hisaishi.

Nishi (Takeshi Kitano) est un flic taciturne. Lorsqu'il apprend que sa femme Miyuki (Kayako Kishimito) est sur le point de mourir et que son ami et partenaire Horibe (Ren Ôsugi) perd l'usage de ses jambes après une fusillade, il quitte la police et décide de commettre un hold-up pour apaiser les misères de ceux qui l'entourent.

PUTAIN. Voila ma réaction après revision de ce chef d'oeuvre, film que j'avais largement sous-estimé (puisque je l'avais vraiment pas aimé quand j'étais tout jeune), puisqu'il s'agit en réalité d'un des 5 meilleurs films qu'il m'ait été donné de voir dans ma vie. Hana-Bi, considéré quasi-unanimement comme le chef d'oeuvre de Takeshi Kitano, -et c'est certainement pas moi qu'irait contredire la majorité pour une fois-, est également son film le plus personnel. J'y reviendrai plus tard, il y a beaucoup de choses à dire la-dessus et l'envie ne me vient pas maintenant, ce qu'il faut savoir d'entrée de jeu c'est qu'Hana-Bi est le reflet parfait de la filmographie de Takeshi Kitano : visuellement magnifique, musicalement porté par la partition d'une beauté inégalable de Joe Hisaishi et qui s'achève comme tous ses films sur un brise-coeur comme lui seul sait les faire. Mais bien évidemment je compte bien développer tous ces points, et quelques autres, d'ailleurs, dans la suite de cet article, que j'espère que vous apprécierez. :)

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Hana-Bi est construit comme à peu près tous les films de Takeshi Kitano : il installe tout d'abord sa situation initiale, et il prend son temps pour le faire. Après cela, il y a une période de détente, on est spectateur de beaucoup moins de violences, période de détente qui mène lentement mais surement au dénouement final, qui brisera le coeur même aux plus insensibles, Hana-Bi, comme je le disais ne fait pas exception à cette règle, au contraire, puisqu'il la magnifie en rendant ce schéma scénaristique encore plus efficace qu'il ne l'était déja à la base, et puis d'ailleurs Kitano ne change pas ses habitudes non plus quand au rôle qu'il joue : il interprète une fois de plus un personnage brisé par la vie, violent, taciturne, mais derrière cette façade impénétrable se trouve un homme plein d'amour, ici Kitano pousse cette règle d'or jusqu'au bout, le détective Nishi étant presque toujours plongé dans un mutisme insondable, frappant des mecs toutes les deux secondes dans des élans de violence d'une rare intensité, mais Nishi est un homme brisé par la maladie de sa femme et qui culpabilise en raison de la tragédie qui à frappé Horibe, joué avec brio par Ren Ôsugi, un des acteurs secondaires favoris de Kitano avec le génial Susumu Terajima puisqu'ils ont un rôle dans presque tous ses films. Le personnage d'Horibe à lui seul mérite quelques lignes, d'une part parce que bon nombre de scènes d'une intensité émotionnelle extrêmement rare lui sont consacrées mais surtout parce qu'il permet à Kitano d'aborder un sujet qui lui est très personnel : le suicide. En effet, je le rappelle et je l'apprends à ceux qui ne le sauraient pas déja que Takeshi Kitano à subi en 1994 un accident de moto, qu'il à a demi-mot avoué être une tentative de suicide. A la suite de cet accident, Takeshi Kitano à subi une paralysie partielle et se remit à la peinture. Le personnage d'Horibe se trouve dans la même situation : dans l'incapacité de bouger autrement que sur une chaise roulante, il passe son temps à peindre et essaye à un moment donné de se suicider... Par ailleurs, ce n'est pas un hasard si les peintures crées par Horibe sont en réalité celles que Kitano à peint après son accident, ce n'est qu'un indice de plus qui permet d'affirmer que Kitano s'identifie dans son film au travers du personnage d'Horibe, d'ailleurs les séquences sous l'effigie de ce dernier sont assez nombreuses et toutes sont particulièrement soignées, certaines extrêmement émouvantes, émotionnellement surpuissantes, et laissez-moi vous dire que si vous n'avez pas un caillou à la place du coeur vous allez vous en rappeler longtemps, impossible d'oublier la tornade de sentiments puissants que Kitano nous balance à la gueule dans son chef d'oeuvre Hana-Bi.

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Ensuite Hana-Bi marque définitivement l'évolution du style de Takeshi Kitano. En effet, dans tous ses films avant celui-ci (exception faite pour A Scene at the sea) la violence visuelle froide et sèche qu'on lui connait prenait le pas sur l'émotion et empêchait ses films, pourtant déja géniaux au passage, d'être vraiment émotionnellement puissants, ici Kitano trouve l'équilibre parfait et livre un film dans le même temps ultra-violent visuellement mais aussi moralement dans le sens ou il nous envoie des baffes à la Rocky Balboa, mais, contrairement à Violent Cop et Jugatsu, non pas avec ses poings mais avec les émotions qu'il prend son temps pour créer, alors si on retiendra les passages mettant en scène Ren Ôsugi, au niveau émotionnel, rien ne peut surpasser la fin du film, véritable monument d'émotion qui peut largement se targuer de concurrencer (voire de surpasser!!) la bouleversante scène finale d'A Scene at the sea, autre chef d'oeuvre de Kitano qui trouvera d'ailleurs bientôt son chemin vers le site, en effet la fin d'Hana-Bi est un véritable brise-coeur, ceux qui connaissent un peu l'univers de Kitano la devineront dès le début du film mais peu importe, car Kitano on ne le connait pas pour son originalité mais bien pour sa capacité à nous véhiculer des émotions fortes, capacité qu'il à acquis grâce à trois choses : ses talents de mise en scène, la beauté visuelle de ses films et la musique de son pote Joe Hisaishi. EXPLICATIONS.

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Takeshi Kitano à toujours fait preuve de grands talents de mise en scène. Dans Violent Cop, son premier film et son moins bon avec sa comédie scato dispensable Getting Any?, le bonhomme faisait déja preuve de talents de mise en scène considérable. Plus il à fait de films, plus il s'est approché de l'univers esthétique qu'on lui connait maintenant, mais il à surtout fait une rencontre déterminante : celle de Joe Hisaishi, compositeur de tous ses films de A Scene at the Sea a Dolls (exception faite pour Getting Any? qui est de toutes façons une grosse tache sur la filmo de Beat Takeshi...), véritable double musical de Takeshi Kitano, la partition de ce qui est à mon sens le meilleur compositeur de tous les temps aide grandement à donner leur intensité aux scènes brillament mises en scènes d'Hana-Bi (et des autres films de Kitano d'ailleurs). Absolument grandiose, la bande-son d'Hana-Bi est l'une des plus fines compositions d'Hisaishi et fait une bonne partie du travail, mais comme je le disais, Kitano et Hisaishi ne font qu'un et c'est pour ça que l'un n'est rien sans l'autre (il n'y a qu'a voir Violent Cop et Jugatsu, l'absence d'Hisaishi s'en ressent pas mal même si les films demeurent excellents!) mais heureusement Kitano remplit sa part du contrat et livre un film à l'esthétique à mourir... Disposant d'une des plus belles photographies qu'il m'ait été donné de voir, Hana-Bi est visuellement absolument magnifique, Kitano livre des plans à tomber par terre, des plans qui vous feraient pleurer tellement c'est beau, heureusement dans ses élans contemplatifs Takeshi Kitano n'oublie pas de faire un film et livre un scénario solide, génialement construit même s'il ne prend aucun risque dans sa construction, disposant de dialogues rares mais aussi très bien écrits, d'ailleurs le film aussi lent soit-il n'est pas chiant une seconde, bien au contraire, immersif à mort et prenant de bout en bout, Hana-Bi est clairement le genre de films qu'on a pas envie de finir... Parce que c'est trop mortel!

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En termes de prestations d'acteurs, Hana-Bi est également un prodige. On ne dira rien sur Takeshi Kitano et Kayako Kishimoto qui ouvrent la bouche genre deux fois dans le film mais Kitano affiche un charisme monumental, comme à son habitude, malgré tout c'est plus du côté des rôles secondaires qu'il faut se tourner pour trouver des prestations exceptionnelles, on retient donc le génial Susumu Terajima (Alias Mr. Acteur secondaire Nippon) mais surtout Ren Ôsugi dans un de ses meilleurs rôles, absolument bouleversant le bonhomme livre la meilleure prestation de tout le film, particulièrement touchante à certains moments. Et puis pour finir, on retrouve dans Hana-Bi l'obsession de Takeshi Kitano : l'enfance. Voila, je pense que ce sera tout... Alors maintenant je sais pas si ça vous à donné envie mais si c'est pas le cas c'est soit que j'ai pas fait mon boulot correctement soit que vous avez un problème intellectuel... Dans tous les cas voici l'occasion d'expliciter le message pas si caché de cet article fait direct après avoir vu le chef d'oeuvre qu'est Hana-Bi : courrez l'acheter, volez-le même si vous avez besoin, mais voyez-le, car non seulement c'est un classique mais c'est aussi un film comme on en voit pas deux.

TAKESHI KITANO IS GOD!

-ZE RING-

1 septembre 2012

THE GREY

Jaquette
RÉALISÉ PAR
|
JOE CARNAHAN
.
ÉCRIT PAR | JOE CARNAHAN ET IAN MacKENZIE JEFFERS.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR | MARC STREITENFELD.

LIAM NEESON | Ottway.
FRANK GRILLO | Diaz.
DERMOT MULRONEY | Talget.
DALLAS ROBERTS | Hendrick.
JOE ANDERSON | Flannery.
NONSO ANOZIE | Burke.

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Me revoila, chers lecteurs, après un mois d'absence sur la blogosphère! En même temps j'étais bien occupé pendant mes vacances à regarder plein de petites perles cinématographiques... Ca tombe bien, on va parler de l'une d'elles a l'instant : je pense bien évidemment a THE GREY! Le but de ce blog est de faire découvrir des oeuvres méconnues, et je doute que je vous fasse découvrir quoi que ce soit avec cet article, mais il faut rendre justice à ce monument chef d'oeuvresque qu'est THE GREY, qui n'a clairement pas reçu l'acceuil critique qu'il mérite. Pourtant, on tient avec THE GREY l'un des meilleurs films de l'année, et si je n'irai pas jusqu'a le proclamer meilleur film de l'année a cause de l'arrivée prochaine du HOBBIT dans les salles de cinoche, soyons clair : THE GREY est magnifique, et avec, Joe Carnahan se taille définitivement sa place au panthéon! Quelques explications...

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Avec les tueries qu'étaient NARC, SMOKIN' ACES ainsi que le potnawakesque mais génial THE A-TEAM, Carnahan s'était déja taillé un nom dans l'industrie ciné mais il prend ici une direction clairement inattendue. Après l'actionner bourrin qu'était THE A-TEAM, il était attendu de lui a ce qu'ils récidive, au lieu de ça, Carnahan va la ou personne ne l'attend et avec THE GREY, il livre une oeuvre dramatique, profonde, poétique, lyrique et émouvante. Survival viscéral et émotionnel, THE GREY, non content d'être un tour de force sur tous les domaines, s'impose également comme une oeuvre majeure dans le sens ou elle détourne sans concessions les codes du genre qu'elle exploite. Très vite, on se rend compte que le survival auquel on s'attendait prend vite des augures de voyage vers la mort. Carnahan prend a contre pied l'aspect survie inhérent au genre en plaçant ses protagonistes dans une situation et dans un milieu desquels ils ne peuvent s'échapper... Ceci est rendu très clair dès le départ par l'incapacité de tous les protagonistes à réagir efficacement face aux menaces qui les entoure, ainsi que par la scène d'introduction. Par conséquent, dès le départ, THE GREY s'impose comme une oeuvre puissamment émotionnelle et qui risque de vous infliger un méchant KO, de la première à la dernière minute... Carnahan emporte complètement le spectateur dans le rythme de son film et l'entraine de surprise en surprise vers des scènes toutes plus bouleversantes les unes que les autres. Ceci, Carnahan le fait grâce à une maitrise évidente et impressionnante de ses personnages. Tous, brillament écrits et interprétés (j'y reviendrai plus tard, promis!), sont attachants à un moment ou un autre et ce sans exception : du gros relou à l'iconique personnage principal, tous vous feront lâcher votre petite larme à un moment donné.

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Ceci reflète une maitrise formelle indéniable et ce sur tous les plans : THE GREY est une oeuvre brillamment écrite, dans lequel Carnahan a versé absolument tout son génie, mais c'est également une très franche réussite sur le plan visuel... Que dis-je, c'est une véritable bombe, la mise en scène et la photographie sont ici tout bonnement éblouissantes. D'une fluidité et d'un panache incroyables, elles donnent dynamisme, force et émotion au récit... Non content de cela, Carnahan utilise son décor pour faire avancer la narration et en fait un personnage au coeur même du récit... Car le titre THE GREY désigne bien moins les loups qui sont au coeur du film que le décor enneigé et froid dans lesquels les personnages sont livrés à leur propre sort. C'est ici le coeur de l'intrigue, la clé de voute du film, bien plus que les loups fantastiques et fantomatiques : le décor devient un enjeu, un mécanisme de l'intrigue, un lieu dans lesquels les personnages peuvent évoluer et revenir à leur état le plus pur. Ce n'est en effet pas un hasard si tous les personnages sont "des ex-prisonniers, des fugitifs" ("Men unfit for mankind")... THE GREY et la situation qu'il présente au spectateur est pour ses protagonistes l'occasion pour l'homme de revenir à l'homme tel qu'il devrait être... Très vite, le film devient un standoff entre deux forces de la nature : les prédateurs que sont les loups et les loups que sont les hommes, et si effectivement THE GREY détourne par la les codes du genre qu'il exploite, difficile de ne pas y voir l'influence d'un autre pionnier du genre : je pense bien évidemment au mythique PREDATOR de John McTiernan, dont l'influence sur les cinéastes tient désormais presque de l'incoscient collectif.

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Enfin, c'est bien technique tout ça et à vrai dire la grande force du film est bien plus facilement résumée : vous allez pleurer comme des fillettes... Toutefois, on aurait tort de donner tout le mérite inhérent à cet exploit a la force et l'intelligence du scénario ou a la beauté des visuels de Carnahan, car THE GREY repose avant tout sur des acteurs plein de mérites. En effet, en termes d'interprétation, THE GREY se range dans ce qui s'est fait de mieux depuis un bout de temps... Passer sur la performance de Liam Neeson serait d'ailleurs une grave erreur : sans doute son meilleur rôle et sa meilleure prestation depuis LA LISTE DE SCHINDLER, le bonhomme fait preuve d'un charisme animal, comme à son habitude, mais à également une présence physique exceptionnelle... Sa performance, pleine de panache et de subtilité, fait de lui la grande vedette (attendue) de THE GREY, toutefois il est entouré de seconds couteaux dont les performances sont absolument exceptionnelles, on retiendra notamment et surtout Frank Grillo qui parvient à livrer une performance au moins aussi bonne que celle de Sire Neeson ainsi que Dermot Mulroney, excellent dans son rôle (et qu'on espère, comme Grillo d'ailleurs, revoir dans des films importants par la suite)... Ils donnent vie avec brio a des personnages pas si évidents que ça à interpréter, et une grande partie de la force émotionnelle du film repose sur sa troupe d'acteurs irréprochable.

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Vous l'aurez compris : à mon sens, Joe Carnahan a signé avec THE GREY un chef d'oeuvre définitif, une belle claque dans la gueule digne des plus beaux films du genre... Carnahan fait ici montre de toute l'étendue de son talent : sa maitrise visuelle et narrative, sa direction d'acteurs, et sa capacité à refiler de superbes émotions trouvent ici des sommets... Qui plus est, Carnahan innove et surprend avec un traitement de l'histoire quelque peu inattendu... Jouant perpétuellement avec les attentes du spectateur, THE GREY est un des films les plus importants de ces dernières années... Une grande réussite, et d'un point de vue purement personnel, ça vient se glisser dans mes 20 films favoris. Une véritable perle, à voir et à revoir, tant c'est de plus en plus puissant au fil des visions... Après un tel choc, on ne peut qu'avoir hâte de voir comment Carnahan va nous surprendre avec son remake de DEATH WISH. I can't wait!

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SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ AUSSI...

  • SMOKIN'ACES de Joe Carnahan.
  • PREDATOR de John McTiernan.
  • DÉLIVRANCE de John Boorman.
  • SOUTHERN COMFORT de Walter Hill.

-ZE RING-

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20 novembre 2010

UNSTOPPABLE

UNSTOPPABLE

Un film de Tony Scott réalisé en 2010.
Avec Denzel Washington, Chris Pine (prononcez païne) et Rosario Dawson.

Ralala elle est loin l'époque ou j'adulais Tony Scott pour des tueries comme True Romance, Le dernier samaritain, Domino ou Man On Fire. En effet, les échos que j'ai eu de ses deux derniers films, Déja-Vu et L'attaque du métro 123 étant la plupart du temps négatifs, c'est assez sceptique et mettant mon admiration pour le bonhomme de côté que je suis allé voir ce Unstoppable, et finalement, même si c'est loin d'être le meilleur de tonton Scotty, autant le dire, ça dégomme bien et ça fait plaisir!! Toujours accompagné de Denzel Washington qui joue le rôle du vieux briscard qui remballe tout le monde pour la 30ème fois et Harry-Gregson Williams qui continue de se répéter dans ses compositions qui sont quand même géniales à entendre, il y autant de bonnes choses que de choses agaçantes ou peu nécessaires dans ce Unstoppable, et c'est regrettable. Toutefois, loin de moi l'idée de vous dissuader d'aller le voir, le film étant certainement le seul film à l'affiche intéréssant en ce mois de novembre 2010, Buried n'étant déja plus à l'affiche après deux semaines (en fait au départ je devais aller voir celui-la mais voila fini, donc va falloir attendre le DVD) donc bon on se console comme on peut en attendant Machete et Unstoppable est vraiment un très bon divertissement malgré des défauts pesants, explications.

Denzel_Washington_et_Chris_Pine

Première chose : aller voir Unstoppable en se rappelant des tueries autrefois réalisées par Tony Scott ne résulterait qu'en une amère déception, ce qui serait dommage tant le film est, à défaut d'être bon scénaristiquement (j'y reviendrai), bien foutu techniquement, tant sa réalisation est sympathique et tant certaines scènes sont jouissives. Ainsi, on retrouve le style graphique du bonhomme, avec ces images saccadées propres à Man On Fire et Domino, tout semble aller vite malgré une histoire lente à se mettre en place. Mais une fois l'histoire lancée, tout s'accélère et enfin on à droit à des scènes qui dépotent. A défaut d'être spectaculaire, le film tente de jouer sur le suspense, ce qui est agréable, on regrettera toutefois que certaines scènes qui semblent évidemment jouer la-dessus s'arrêtent au moment ou la tension se fait sentir (le passage avec le train des gamins notamment). Ainsi, si certaines scènes peuvent deçevoir, la fin rattrape la majorité du film en proposant une longue scène d'action ou Denzel Washington passe de wagon en wagon pour arrêter le train 777, ici l'antagoniste majeur du film, après que Chris Pine se soit mangé un wagon de maïs, bref, si le début est long, ce n'est pas le cas du reste du film, ou Tony Scott enchaine sans se gêner en séquence de suspense bien que souvent trop courtes et grosses séquences d'action malheureusement trop saccadées par de courtes scènes toutefois trop nombreuses s'attardant sur les états d'ames de la famille de nos deux héros.

Chris_Pine_dans_la_mouise

Par ailleurs, nos deux héros, parlons-en. S'il est clair que la VF bien naze ne retranscrit pas le jeu d'acteur du génial Denzel Washington et du très bon Chris Pine (qui est dans une bonne période ces temps-ci visiblement, Smokin' Aces, Star Trek puis ce film, serait-il un grand acteur en devenir?), ils constituent à la fois un avantage et un défaut un film. En effet, si les personnages respectifs de Frank Barnes et de Will Colson sont très charismatiques, leur histoire et ce qui les à mené à la dislocation de leur famille est d'une rare niaiserie, ce qui est une tare énorme au scénario à mon sens, en partie parce que leurs familles sont agaçantes, et cette putain de version française n'arrange pas les choses. Par ailleurs, puisqu'on parle du scénario, il y a quelques scènes peu nécessaires ici et là qui constituent des temps morts vraiment regrettables. Malgré cela, le film est un petit bonheur à regarder grâce à ses scènes d'action même si on a déja pu voir mieux. Il est aussi intéréssant de voir qu'Unstoppable prend le train 777 comme un antagoniste, un peu comme le camion dans Duel de Steven Spielberg.

Denzel_Washington_et_Chris_Pine_sur_un_train

Alors oui, on regrettera qu'Unstoppable dépende trop de ses scènes d'action et que pas mal de choses dans son scénario peuvent agacer, mais bon sang, on ne regarde pas un film comme Unstoppable pour son scénario et comme je vois déja venir les pseudo-cinéphiles qui ne pensent qu'en termes d'intelligence de l'histoire, faites-moi plaisir, sortez-vous ce balai du fion et laissez-nous tranquilles, car nombreux sont les bourrins dans l'âme comme moi qui sauront apprécier ce film à sa juste valeur, c'est-à-dire un film moyen, mais un film d'action  qui fait bien plaisir et qui compense son scénario lacunier par des scènes d'action bourrines et bien foutues. Bref, Unstoppable est franchement bien torché et je pense que cette impression se renforcera lorsque j'aurai droit à la voix de Denzel Washington et pas une voix française toute pourrie. Et sans les deux connards qui étaient mes voisins de siège et qui hurlaient des blagues pendant la séance. Aucun respect. Enfin, bref, voila, Unstoppable, ça vaut bien 5€ pour une place de cinoche ou qu'on attende six mois pour le choper 2€ sur amazon, c'est bien sympa et ça défoule, et fondamentalement c'est exactement ce que j'attend de ce genre de film.

-Ze Ring-

Denzel_Washington_entre_deux_citernes

10 janvier 2011

[●REC]

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Un film réalisé par Jaume Balaguero et Paco Plaza en 2007.
Ecrit par Jaume Balaguero, Luis Berdejo et Paco Plaza.
Avec Manuela Velasco, Ferran Terraza, et Jorge-Yamman Serrano.

Angela est une jeune journaliste qui mène un reportage chez les pompiers locaux. Ceux-ci répondent à l'appel des voisins d'une femme coincée dans son appartemment et criant horriblement. Lorsqu'ils arrivent sur les lieux, ils se retrouvent mis en quarantaine sans comprendre pourquoi ni comment.

[●REC] est un film d'horreur, un vrai. Une vraie putain de tuerie qui va vous faire flipper et faire de votre coeur un véritable coeur d'athlète, soutenue par une réalisation que l'on peut à bien des égards qualifier de parfaite. Jaume Balaguero nous avait déja livré en 2005 l'ultra-flippant Fragile, en 2007, il nous livre, aidé de Paco Plaza, ce [●REC] qui s'avère clairement être le film le plus flippant qui ait été vu sur un écran depuis des années, enterrant facile nimporte quel film d'horreur sorti ces dernières années, que ce soit le génial Frontières de Xavier Gens, l'excellent La colline à des yeux d'Alexandre Aja... Le film d'horreur qui semblait pourtant mort et enterré à, durant cette décennie, petit à petit ressuscité, resurrection parfait illustrée par [●REC], film à petit budget qui eut un tel succès que ces abrutis d'américains en ont fait un remake, certainement bien pourri, l'année juste après la sortie de l'original : En quarantaine. Quoi qu'il en soit, contre toute attente, [●REC] semble plus se plaire à jouer sur une tension nerveuse constante et équilibrée que sur une vraie peur carrément tétanisante, tension que Balaguero et Plaza font monter petit à petit grâce à un scénario qui s'avère être une véritable merveille d'écriture. [●REC] est bref et concis, mais efficace. Explications.

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Avant toute chose, il faut savoir que [●REC] est tourné entièrement en plans-séquences caméra à l'épaule, de la même manière qu'un documentaire (un peu comme dans Projet Blair Witch ou Cloverfield, deux films dont je n'ai pu voir que des extraits et que je ne risque pas de voir avant un bout de temps d'ailleurs.), en conséquence, le film est immersif à souhait, les 1h15 bénéficient d'un rythme et d'une immersion littéralement incassables, impossible de sortir du film pour autant qu'on se prenne suffisamment au jeu pour se mettre à fond dedans, ainsi [●REC] est tétanisant de bout en bout mais pas de la manière que d'autres films d'horreur réputés, tel que Ring de Hideo Nakata qui lui, joue plus sur la suggestion ou encore La colline à des yeux d'Alexandre Aja qui lui joue sur la peur et seulement celle-ci, en effet, [●REC] joue davantage sur un suspense constant que sur la peur permanente, ce qui est impossible, Balaguero et Plaza en sont conscients et consacrent une majorité de leur film à installer un suspense et des scènes de surprise avant de servir un final qui est clairement l'une des scènes de flippe les plus intenses jamais vues sur un écran, ainsi ceux qui ont vu Fragile se rappellent très certainement du film pour être un film particulièrement flippant, ce n'est absolument rien à côté de [●REC], dont le suspense est soutenu par des acteurs certes pas exceptionnels mais suffisamment crédibles pour qu'on flippe pour eux, par ailleurs, Balaguero prend la caméra et le caméraman comme deux personnages à part entière bien qu'on ne les voie jamais. On ne voit en effet qu'au travers, le but de Balaguero étant très certainement que le spectateur s'identifie au caméraman qui ne parle presque jamais. L'effet est particulièrement réussi et je peux vous assurer que certaines scènes vous feront bizarre,  [●REC] bénéficie d'un scénario sans aucun temps mort et extrêmement rythmé ainsi que d'une réalisation parfaite toutefois ses qualités ne s'arrêtent pas la.

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Ainsi [●REC] est un spectacle de flippe comme on n'en a rarement vu, seulement il repose davantage sur son scénario qui mérite clairement quelques lignes tant un scénario d'une telle qualité est rare : autant le dire clairement, le scénario est une merveille d'écriture, et en ces termes il est parfait, alors si beaucoup iront reprocher le fait que [●REC] soit un croisement entre 28 Jours plus tard et les films d'horreur plus récents et qu'en soit le postulat de base soit vu et revu, qui s'en soucie? L'interêt de [●REC] se situe davantage dans son rythme incassable et la peur, et le film est un coup de maître car il réussit à atteindre son but tout en donnant une vision originale et novatrice d'un scénario vu un million de fois, d'autant plus, ce qui aurait pu être le principal souci du film n'en est pas un, tout est clair, il n'y a aucune confusion entre les personnages et ce grâce à un passage intelligemment introduit ou Manuela Velasco interviewe chacun des habitants dans l'immeuble dans lequel elle est coincée, de sorte à bien les présenter chacun leur tour et ainsi éviter de les confondre par la suite et ce sans casser le rythme, un tour de force donc mené avec brio par deux réalisateurs clairement talentueux : Jaume Balaguero et Paco Plaza, qui risquent de faire parler d'eux à l'avenir (Balaguero c'est déja fait, voyons voir ce qu'il en est de Plaza maintenant). Ainsi le script de [●REC] va d'un point A à un point B sans aucune interruption, sans aucun passage inutile et en maintenant son rythme, et donc par la même, l'angoisse, le suspence et la peur pour finalement se terminer sur un final de dingue, dont je ne dirai rien si ce n'est VOUS ALLEZ VOUS CHIER DESSUS. [●REC] est clairement un film à voir, ne serait-ce pour le spectacle de flippe extrême qu'il apporte...

-Ze Ring-

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30 janvier 2011

DEAD MAN'S SHOES

Dead_Man_s_Shoes

Réalisé par Shane Meadows en 2004.
Ecrit par Paddy Considine et Shane Meadows.
Avec Paddy Considine, Toby Kebbell et Gary Stretch.
Musique composée par Aphew Twin

GOD WILL FORGIVE THEM. HE'LL FORGIVE THEM AND ALLOW THEM INTO HEAVEN. I CAN'T LIVE WITH THAT.

Vigilante movie violent mais intelligent, Dead Man's Shoes est une belle grosse baffe dans la gueule réalisé par un crevard de la caméra et soutenu par des prestations d'acteurs étonnantes... D'ores-et-déja un classique grâce à sa violence gratuite et percutante et surtout à son twist de taré, Dead Man's Shoes est un de ces films qui fait plaisir à voir, réalisé par un type presque inconnu et qui s'avère être une excellente surprise en cela qu'il à le privilège plus ou moins rare d'être dénué d'un quelconque défaut, ainsi, quiconque cherche du film qui tache et jouissivement irrévérencieux se doit de le voir, ainsi si le vigilante movie est un genre qui n'a pas toujours été très bien exploité (The Punisher...), Dead Man's Shoes, lui est un souffle d'air frais dans le domaine tant il excelle sur tous les points, rendant grandement hommage à Taxi Driver, Shane Meadows et Paddy Considine signent ici une baffe intergalactique dont les dernières scènes finiront par vous trouer le cul, explications car Dead Man's Shoes les mérite mille fois.

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Dôté d'une ambiance et d'une bande-son assez étrange, Dead Man's Shoes étonne dès le début par ses plans le plus souvent fixes, parfois même à la limite du documentaire, faisant du film une oeuvre assez comtemplative, toutefois si le début est assez gentil en termes d'images, cela ne dure pas longtemps et rapidement Dead Man's Shoes s'avère être une oeuvre trash et éminemment gratuite dans sa violence, extrêmement percutante mais jamais justifiée scénaristiquement avant le grand final, ainsi je ne dirai rien de peur de gâcher la surprise mais sachez simplement que le twist de cette bombe vous laissera sur le cul, expliquant 1h30 de bobine en 3 petites minutes, tous les rôles s'inversent en l'espace d'une seconde faisant de ce Dead Man's Shoes un prodige en termes de scénario, qui, aussi particulier soit-il dans son ambiance et sa violence la ne semblait être qu'un banal vigilante movie complètement barré de plus. Ce n'est clairement pas le cas, et à bien des égards Dead Man's Shoes est un tour de force, adoptant un montage assez particulier et traitant d'une histoire pas forcément simple à traiter mais parvenant toujours à garder sa puissance visuelle, morale et sa cohérence. Le côté décalé du film lui permet encore plus d'aller dans l'irrévérencieux et l'injustifié, il faut voir Gary Stretch buter son pote au sniper puis crier à l'accident pour le croire, mais jamais Dead Man's Shoes ne devient lourd ni ne sombre dans un humour noir pourri, bien au contraire, le film est carrément délirant, délire soutenu par des prestations d'acteurs incroyables.

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Inutile de tourner autour du pot : Paddy Considine éclate à lui tout seul tout le casting du film. Il signe une prestation tellement géniale qu'on à du mal à croire que sa carrière se soit plus ou moins résumée à de beaux nanars, pourtant si la majorité des acteurs du film ne font pas le poids à côté de lui, Gary Stretch et Toby Kebbell sont également particulièrement excellents, on notera aussi Stuart Wolfenden, qui signe une très bonne prestation et parvient même à être toucher à un moment donné du film mais je n'en dis pas plus... Soutenu par des acteurs terribles donc, et une maitrise de la caméra dont il est impossible de douter, le film de Shane Meadows est un film intelligent et très divertissant, grâce à ce côté décalé dont j'ai parlé plus haut et surtout à un scénario allant d'un point A à B sans aucun temps mort, permettant au film d'être à la fois jouissif et visuellement terriblement méchant, sacrifiant ses personnages à un rythme absolument infernal, Shane Meadows et Paddy Considine signent un vigilante movie d'une qualité rare, sans doute un des meilleurs depuis un bout de temps qu'il vous faut voir absolument...

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Enfin voila, Dead Man's Shoes c'est ça, une tuerie absolue qui à clairement l'aura d'un chef d'oeuvre, un film irrévérencieux, jouissif et scénaristiquement énorme qu'il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie... D'ailleurs si vous êtes encore la à lire ces dernières lignes, c'est que vous n'avez rien compris à ce que je dis depuis dix bonnes minutes : courrez au bureau de tabac ou sur amazon et achetez-le d'urgence!

-Ze Ring-

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13 février 2011

ENTER THE VOID

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Réalisé et écrit par Gaspar Noé en 2009.
Avec Nathaniel Brown, Paz de la Huerta, Cyril Roy et Olly Alexander.
Musique composée par Thomas Bangalter.

LA BANDE-ANNONCE DU FILM


Inutile de perdre du temps à tourner autour du pot : Enter The Void est un chef d'oeuvre. Dernier film de Gaspar Noé à ce jour, celui-ci aborde ici un sujet que seuls Peter Jackson avec son génial Lovely Bones et Clint Eastwood avec son moyen Au-dela ont exploré : celui de la vie après la mort, toutefois Gaspar Noé est bien connu pour son côté trash et provocateur et il prouve une fois de plus avec son Enter The Void que personne peut sortir un spectateur de sa zone de confort aussi bien que lui et surtout que jamais le sujet ne sera aussi bien traité. Signant un des plus beaux films que j'ai pu voir de ma vie, aussi bien visuellement, et ce malgré l'agressivité visuelle du film, que moralement, tout en réussissant à garder son côté crade, malsain, violent mais toujours plein d'espoir, Gaspar Noé signe un chef d'oeuvre visuel, bien mené et osé mais également très évident, peu propice à l'analyse et pas subversif une seule seconde. Peut-on considérer cela comme un défaut? Oui et non. Oui si l'on part du principe que c'est tout de même Noé à la réalisation et que son IRRƎVƎRSIBLƎ et son Seul contre tous sont des monuments de subversion, et non, car à ce moment-là une majorité de films partent avec une tare, et puis de toutes façons à la limite on s'en fout partant du principe que la plupart des mecs qui matent un film de Noé retiennent les images agressives, l'ultra-violence et la pornographie mais jamais la beauté ou la profondeur du film, mais bref, je m'égare... Alors pourquoi Enter The Void est-il un tel chef d'oeuvre? Et bien je vais vous le dire.

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Tout simplement parce qu'Enter The Void est l'un des plus beaux films de l'histoire visuellement. Voila c'est dit. Si Noé n'abandonne pas l'aspect psychédélique de l'image présent dans ce qui est à mon sens le film de sa vie, j'ai nommé IRRƎVƎRSIBLƎ, ce n'est que pour mieux l'exploiter, faisant un film à la fois agressif pour les yeux et très peu agréable à voir dans ses moments les plus violents mais aussi très paisible, très cool, livrant un film qui fait vraiment planer, Noé se déchaine sur le visuel de sa bête et pour cela va même jusqu'a emprunter le visuel de la scène de l'infini de son film fétiche, 2001 : L'odyssée de l'espace le temps d'une scène et fait d'ailleurs maintes fois référence à Kubrick, pour autant, bien qu'il réalise un film magnifique à bien des égards, Gaspar Noé n'oublie pas ce qui à fait sa réputation et signe un monument de provoc' et de violence énorme (d'ailleurs, à ce titre si le film est le plus souvent sans surprise on retiendra une scène courte mais particulièrement tétanisante) bien que le film soit assez soft en ces termes si on le compare à ses autres films, celui-ci s'attarde davantage sur le sexe, ce qui n'est pas un hasard en soit puisque le but du film est que le personnage arrive à la renaissance, toutefois est-ce qu'il était vraiment nécessaire pour cela de montrer une scène de cul depuis l'intérieur du sexe de la femme (Ça y avait vraiment que Noé pour oser le faire.)? Bien évidemment non mais les gens qui suivent un peu le boulot de monsieur Noé connaissent sa manie à montrer absolument tout et à pousser son délire visuel jusqu'au bout, à faire chaque fois des films très couillus et surtout qu'il s'amuse à briser toutes les conventions qui régissent le cinéma une par une. Alors ça ne plaira pas à tout le monde, c'est une chose très claire, d'ailleurs y aura toujours des abrutis pour ne retenir que la partouze de fin alors qu'avant y a quand même 2h30 de film très paisibles, et ce malgré des effets stroboscopiques qui interviennent trop souvent et qui constituent malheureusement un défaut pour le film, car Noé, qui base toute son œuvre sur son esthétique va cette fois-ci dans l'excès en utilisant des effets stroboscopiques pour, de temps en temps, passer d'une scène à l'autre, mais cela se répète trop souvent, ça agace et ça explose les yeux et puis bon , bien que le scénario soit super bien traité et parfaitement compréhensible puisqu'un personnage l'explique de manière détaillée en début de film (pas très subtil certes mais ça permet de comprendre l'aventure du personnage principal qui après 20 minutes de film ne dit plus un mot.), le film dure 2h40 alors le film n'est pas dénué de longueurs mais en soit peu importe.

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Peu importe car Enter The Void est une expérience ovniesque, complètement à part, un truc complètement new, jamais vu au cinéma avant, une oeuvre qui est d'ores-et-déja une oeuvre d'anthologie convention-breaker à mort, mais en plus, Noé, et d'ailleurs ça aurait été con qu'il tombe dans ce piège, ne laisse pas l'esthétisme porter son film et dirige ses acteurs plus que correctement, alors oui Nathaniel Brown n'a ni le charisme ni le jeu de Vincent Cassel, Albert Dupontel ou Philippe Nahon, mais lui et tous les autres d'ailleurs livrent des performances plus que correctes, malgré des moments de surjeu (en particulier de la part de Paz de La Huerta) et l'accent franchouillard pas top de Cyril Roy (qui malgré tout se démerde plus que bien!) , d'autant plus l'ambiance toujours noire bien qu'onirique et relax d'Enter The Void est soutenue par la musique complètement folle de Thomas Bangalter (d'ailleurs j'aurai bien foutu son magnifique remix de Bach sur le blog mais pas moyen de le trouver) qui quitte ses compositions angoissantes d'IRRƎVƎRSIBLƎ pour aller vers quelque chose de bourrin mais moins désagréable (j'ai dis moins hein, ça l'est quand même de temps en temps). Enter The Void est un ovni dont on ne ressort pas indifférent, on aime ou on aime pas mais dans tous les cas on lache un grand WOW car croyez-moi jamais vous n'avez vu un tel film... Seul Noé pouvait faire un truc comme ça. Alors oui on reprochera les effets stroboscopiques et les longueurs... Mais je le répète : ce film est une expérience à part et on ne peut clairement pas lui reprocher cela. Un chef d'oeuvre absolu.

-Ze Ring-

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20 décembre 2010

SCHINDLER'S LIST

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Un film de Steven Spielberg, réalisé en 1993.
Avec Liam Neeson, Ben Kingsley, Ralph Fiennes et Caroline Goodall.

Inutile de préciser à quel point le génocide des juifs par les nazis touche Steven Spielberg, lui-même juif. Ainsi, lorsqu'en 1993, celui-ci décide de s'attaquer à ce qui est clairement l'un des films les plus ambitieux qu'il ait fait, il s'attaque à un récit particulièrement intimiste et à un de ses meilleurs films, si ce n'est pas le meilleur : si vous voulez mon avis, La liste de Schindler atomise les doigts dans le nez tous les films que papy Spielberg à pu faire dans sa carrière, évidemment ce n'est qu'un avis personnel et pour cette chronique je tenterai d'être un peu plus objectif. La Liste de Schindler conte, à travers un film de plus de 3h, l'histoire d'Oskar Schindler, brillament interpreté par Liam Neeson qui trouve ici un de ses meilleurs rôles, un industriel membre du Parti Nazi qui parvint à sauver 1100 juifs. Intégralement tourné en noir et blanc, à l'exception de la fin du film et le manteau d'un personnage, La liste de Schindler est une oeuvre violente et dérangeante, maintes et maintes fois copié, notamment dans Le pianiste de Roman Polanski qui ne parvient toutefois pas une seule seconde à égaler le génie de Spielberg, dont les scènes finales font partie des moments les plus émouvants jamais vus sur un écran, rien que ça.

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Cliquez sur les images pour les voir en taille réélle, et pas déformées.

La première chose remarquable lorsqu'on regarde La Liste de Schindler, c'est que Steven Spielberg prend tout son temps pour poser les bases de son récit : le dernier personnage principal du film, Amon Goeth, un colonel nazi qui est au passage un véritable enculé, joué par Ralph Fiennes, n'arrive qu'a la fin de la première heure du film, pourtant, malgré ses 3h, La liste de Schindler ne s'essoufle pas une seule seconde, au contraire, la tension dramatique va crescendo, un soin méticuleux est accordé à chaque personnage. Le scénario est complexe et pourtant si simple à comprendre et à saisir dans ses moindres détails, le film glisse tout seul et l'immersion demeure, le tout pendant 3 heures, en partie grâce à des acteurs qui récitent leurs répliques comme si leur vie en dépendait et donnent le meilleur d'eux-mêmes, mention spéciale à Liam Neeson qui livre une géniale prestation, très émouvante et Ben Kingsley que l'on ne reverra plus jamais dans un film intéréssant (il a eu un rôle dans Shutter Island mais ne l'ayant pas encore vu difficile pour moi de me prononcer) qui livre une prestation absolument terrible. D'ailleurs, le scénariste ne tombe pas dans l'erreur facile de faire évoluer son personnage principal de manière radicale : Oskar Schindler, à la base un industriel qui n'en a absolument rien à niquer des juifs et qui ne les engage que pour la main d'oeuvre bon marché devient petit à petit une personne attaché à ces derniers et qui utilise ses relations dans la hiérarchie nazie pour en sauver un maximum. Ainsi, en dehors du fait qu'Oskar Schindler ait vraiment existé et que cette histoire soit vraie, il y a pourtant une symbolique importante derrière ce personnage, en effet, il est dit plusieurs fois par ce dernier que "La guerre font sortir les mauvais côtés de l'homme", pourtant la guerre n'a fait ressortir que ses bons côtés : Oskar Schindler représente la rédemption, Liam Neeson prend possession du rôle de manière magistrale et participe en grande partie à faire de La Liste de Schindler un drame historique d'une intensité extrêmement rare.

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Heureusement, le film ne repose pas sur les épaules de ses acteurs, aussi géniaux soient-ils, en effet, la réussite de La Liste de Schindler est surtout due à la qualité et à la richesse de son screenplay et à la réalisation terrible de Steven Spielberg : celui-ci livre un récit ultra-violent, certes atténuée par l'utilisation du noir et blanc, cependant la violence n'est pas seulement physique mais aussi psychologique. Il montre en effet avec brio l'horreur du génocide, pour cela, Spielberg est le plus crevard possible, je pense notamment à la scène de la liquidation du ghetto ou le réalisateur prend environ 20 minutes pour montrer la chasse des quelques juifs cachés dans le ghetto par les nazis, ou encore à la surprenante scène des douches à Auschwitz... On note aussi quelques trucs franchement dégueulasses, comme ce gamin, qui lors d'un rassemblent dans un camp de concentration, n'a d'autre choix que se planquer dans les chiottes des prisonniers... La Liste de Schindler ne brosse pas dans le sens du poil et peut donc choquer, pour autant si le film est un monument cinématographique c'est surtout en raison de sa fin... Bien que le film en lui-même soit énorme, qu'il tienne en haleine le spectateur pendant 3 heures, c'est surtout lorsque la tension redescend que le film prend toute son ampleur : ainsi, même les plus insensibles d'entre nous se surprendront à lacher des larmes en même temps qu'Oskar Schindler lorsque celui-ci devra fuir et abandonner ses amis juifs et encore pire lorsque les survivants de l'holocauste, sauvés par ce dernier, défileront un par un, accompagné des acteurs qui les ont incarné, pour poser une pierre sur la tombe de leur sauveur... Le tout accompagné par la musique à chialer de John Williams qui donne à ce film une ambiance pessimiste au possible.

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Alors voila moi je vous le dis honnêtement, La liste de Schindler est l'un des rares films ou j'ai du me retenir me pleurer (les trois autres étant 24 heures dans la nuit, Million Dollar Baby et Elephant Man), une oeuvre d'une intensité extrême, servie par des acteurs génialissimes (même si bon ca fait bizarre l'accent british de Ralph Fiennes alors que c'est censé être un gros enfoiré de nazi, on va pas chipoter pour si peu non?)... A voir et à revoir, personnellement je ne m'en lasse pas... Un chef d'oeuvre absolu, un des meilleurs Spielberg... La classe.

-Ze Ring- 

8 mai 2011

A SCENE AT THE SEA

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Un film réalisé par Takeshi Kitano en 1991.
Ecrit par Takeshi Kitano.
Avec Kurôdo Maki, Hiroko Oshima, Sabu Kawahara, Toshizo Fujiwara et Susumu Terajima.
Musique composée par Joe Hisaishi.

Un éboueur sourd muet trouve une planche de surf abimée lors de son travail. Il s'adonne ensuite quotidiennement à ce sport, accompagné par sa petite amie sourde muette également.

Nous sommes en 1991 et cela fait deux ans que Takeshi Kitano fait du cinéma. Il a réalisé l'ultra-stylisé mais très lent Violent Cop et il vient de finir l'hilarant mais également très lent Jugatsu. D'un coup lui vient une idée, celle de faire un film sur un surfeur sourd-muet... Mouais, perso comme ça j'étais pas très convaincu lorsque j'ai reçu mon coffret contenant les 6 premiers films du monsieur... Mais ce qu'il faut se dire c'est qu'A Scene at the sea est le premier chef d'oeuvre sur la longue liste des chefs d'oeuvres de sieur Kitano, en effet A Scene at the sea se range parmi les meilleurs films du bonhomme et envoie six pieds sous terre ses deux premiers films. La raison à cela est simple : son style, Kitano l'a forgé au fur et à mesure qu'il à avancé dans sa carrière, et si jusqu'a Kids Return, la lenteur de ses films était son plus gros problème, ici il utilise cette lenteur à bon escient pour faire un film 100% contemplatif mais sans oublier d'en faire un film et surtout sans oublier de créer des personnages très attachants, dans la pure tradition des films de Kitano puisque tous ses personnages principaux sont quasi-muets (et ce dans presque tous ses films.) et puis il y a également une raison qui pourrait sembler mineure à première vue, ici capitale puisque pour la première fois Kitano donne à ses films une véritable bande-son signée par l'homme qui n'est plus ni moins que le meilleur compositeur au monde : Joe Hisaishi. Vous êtes toujours pas chaud? (Au passage, Seb et Mona, si vous me lisez ce film est fait pour vous.)

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A Scene at the sea
, annonciateur d'un style? Bien évidemment tant tous les codes des films de Kitano sont définis ici, toutes ses obsessions sont installées concrètement ici : l'aspect contemplatif (putain il est impossible à écrire ce mot) de ses films, son obsession autour de l'enfance et de la violence sont regroupées ici pour la première fois faisant d'A Scene at the sea un film majeur dans la filmographie de Beat Takeshi tant il a révolutionné celle-ci, et puis évidemment A Scene at the sea est conceptuel à souhait, d'une part par son scénario cela va sans dire mais aussi par sa réalisation unique en son genre, évidemment par la suite Kitano restera dans la même veine et surpassera à plusieurs reprises ce chef d'oeuvre, reste qu'a l'époque de sa sortie A Scene at the sea était un ovni, par ailleurs, pour ceux qui ne considèrent pas ce film comme un pur Kitano de par l'absence de violence visuelle je dirais simplement qu'il va falloir se réveiller car la violence de ce film se trouve davantage dans son ambiance désenchantée et dans la tornade d'émotions que Kitano nous balance dans la gueule que dans son visuel, par ailleurs visuellement A Scene at the sea touche également à la perfection. Les images qui nous sont montrées ici sont absolument magnifiques, la photographie de toute beauté, A Scene at the sea nous présente une mer tantôt magnifique tantôt polluée et crade (il ne faut pas oublier que les mers les plus polluées au monde se trouvent au Japon.), faisant du film une expérience visuelle très agréable, Kitano est conscient que son film repose sur la force des images puisque celui-ci est contemplatif à 100%, évidemment séparer ces images aussi magnifiques soient-elles de la musique serait complètement con puisque celle-ci fait la moitié du travail et Kitano en est conscient, on est donc suivis pendant 1h30 par la partition sublimissime bien que très kitsch (mais bon du kitsch comme ça moi j'en demande tous les jours.) de Joe Hisaishi, qui signe une des plus belles musiques qu'il m'ait été donné d'écouter (le souci avec Hisaishi c'est qu'on parle souvent de "meilleures" ou de "plus belles" quand on parle de ses oeuvres.)... Encore une fois et pour la première fois, le duo Kitano-Hisaishi signe une perle visuelle et musicale et ce ne sera que la première d'un sacré paquet...

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Mais Kitano c'est aussi un scénariste de génie et pour la première fois il le prouve... Car si Violent Cop et Jugatsu sont, il faut l'avouer, un brin mollassonnes et descendues par une lenteur bien trop exacerbée, ici le monsieur se sert de la lenteur de son long-métrage pour prendre le temps de dresser le portrait de deux personnages muets, Kitano nous montre la routine quotidienne de ces deux personnages, joué par Kurôdo Maki et Hiroko Oshima, un acteur et une actrice qui expriment un nombre incroyable de choses juste par la force du regard, d'un simple coup d'oeil ils nous font comprendre tout ce qu'il y a à comprendre et en l'espace d'un instant, faisant d'A Scene at the sea un film très agréable à suivre, d'une part pour cet aspect du film, de l'autre pour sa légéreté et ses aspects comiques, en effet Kitano dans ses envolées lyriques ne peut s'empêcher d'introduire quelques gags dans son film... A Scene at the sea est donc un film très léger malgré son ambiance désenchantée, le portrait de Shigeru, surfeur sourd muet extrêmement attachant... Kitano prend 1h30 pour rapprocher le spectateur de son personnage jusqu'a un final très surprenant, qui en plus d'être une véritable leçon de montage est un pur moment d'émotion qui fera lacher des larmes même aux plus insensibles, moment d'intensité qui va même jusqu'a égaler le final d'Hana-Bi (qui est mon film préféré, ça en dit long je pense.)... Soyons clair : A Scene at the sea est un des films les plus touchants qu'il m'ait été donné de voir et si vous n'êtes pas touchés par cette magnifique histoire alors vous n'avez pas de coeur! :p

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Que dire d'autre sur ce A Scene at the sea finalement? Je ne parlerai pas des acteurs, ils ont genre deux lignes chacun même si les apparitions furtives de Susumu Terajima sont très très sympas... Tout ce que je dirai de plus c'est qu'A Scene at the sea est le film fondateur de la filmographie de Kitano... L'essence même de sa filmo est ici, A Scene at the sea marque en effet le début de son style, installe des codes a peine abordés dans ses deux premiers films, mais avant tout il s'agit d'un pur plaisir cinéphile, aussi beau visuellement que musicalement qu'émotionnellement... Un film majeur des années 90 à coup sur, un pur chef d'oeuvre, à voir absolument pour quiconque s'intéresse a Beat Takeshi. Pour ma part j'ai vu le film 3 fois et chaque visionnage à été une claque dans la gueule, A Scene at the sea est donc un must absolu que je vous recommande à tous... Et je vais me répéter mais, Seb et Mona, si vous me lisez, ce film est fait pour vous! =P

-ZE RING-


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